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Benjamin Millepied, l'homme qui rêvait de révolutionner l'Opéra de Paris

Le danseur et chorégraphe de 38 ans avait succédé à Brigitte Lefèvre en 2014. [(C) MARTIN BUREAU / AFP]

Un peu plus d'un an après sa prise de fonction à la tête du ballet de l’Opéra de Paris, Benjamin Millepied tire sa révérence. Un court mandat pendant lequel il aura tenté de réformer et de moderniser le modèle traditionnel de l’institution. En vain.

Intégrer la musique électronique aux créations de l'Opéra

En février 2015, invité sur Europe 1 au micro de Thomas Sotto, le danseur et chorégraphe, formé aux Etats-Unis, évoquait son envie d’intégrer la musique électronique, et plus particulièrement celle de Daft Punk, à des projets de l’Opéra de Paris. «Ce sont des musiciens extrêmement pointus, ils réfléchissent beaucoup sur tous les projets qu'ils font. Ils ne s'aventurent pas n'importe comment sur quoi que ce soit, donc on verra si, à l'avenir, c'est quelque chose qui se fera», avait-il expliqué, à l’époque, lui qui a toujours pensé que «la musique fait avancer la chorégraphie».

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En juillet 2016, la musique électro de James Blake résonnera au Palais Garnier lors de la prochaine création du chorégraphe William Forsythe. Benjamin Millepied gagne en partie son pari.

Valoriser la diversité culturelle

«Je veux amener la diversité. Dans une ville aussi cosmopolite, je ne comprends pas qu'aucun danseur de couleur ne fasse partie de cette grande compagnie. Comment voulez-vous que le public se reconnaisse ?».  Il y a encore quelques mois, Benjamin Millepied confiait au magazine «Têtu» qu’il regrettait, par exemple, l’absence de danseuses noires dans cette prestigieuse maison de la danse. Pour combattre certaines régles plus ou moins établies, il distribue, par exemple, la jeune métisse Letizia Galloni, alors coryphée, dans des rôles de ballets classiques.

L’ancien danseur étoile du New York City Ballet espèrait peut-être, en secret, voir un jour une danseuse noire promue au rang d’étoile à Paris comme c’est le cas, outre-Atlantique, pour la danseuse afro-américaine Misty Copeland à l'American Ballet Theatre à New York.

Préserver la santé des danseurs

La douleur fait partie du quotidien des danseurs. Ils la ressentent, l’apprivoisent puis, parfois, l’oublient. Pour Benjamin Millepied, la santé de ses danseurs doit être préservée au même titre que leur alimentation surveillée. Il a notamment fait changer les parquets des salles de répétition qu'il jugeait «trop durs» pour les articulations des artistes et a fait venir des kinésithérapeutes pour suivre sa troupe au sein même de l'institution. Le mari de l'actrice Natalie Portman a également démandé à Michelle Rodriguez, ex-danseuse reconvertie en physiothérapeute, de venir faire un état des lieux. Ces changements ont été appréciés par de nombreux professionnels dont la danseuse étoile, Dorothée Gilbert.

Supprimer le concours de promotion interne

Dans le documentaire «Relève» diffusé en décembre 2015 sur Canal+, Benjamin Millepied évoquait sans langue de bois l'Opéra de Paris, son fonctionnement «vieillissant» et la rigidité de son enseignement. Selon lui, le concours annuel du corps de ballet de l'Opéra de Paris devrait être supprimé pour redonner le plaisir de danser et oublier un instant cette hiérarchie souvent pesante. «Si le Corps de ballet ne prend plus de plaisir, cela n'a plus aucune vie. Les étoiles donnent l'exemple et inspirent (...) mais cela ne veut pas dire qu'à l'intérieur de ce ballet, il n'y a pas plein d'autres étoiles», expliquait-il. Les grades qui ressemblent à ceux de l'armée déplaisent donc fortement au chorégraphe. Malheureusement, ce n'est pas l'avis de certaines personnes en interne qui restent fières de cette hiérarchie.

Promouvoir la communication

Habitué aux nouvelles technologies, Benjamin Millepied, trentenaire actif et créatif, voulait redynamiser le fonctionnement de l'Opéra de Paris et médiatiser l'image de cette grande maison. Il songe notamment à embaucher des personnes pour s'occuper de la communication sur les réseaux sociaux. Il demande alors de mettre des bandes-annonces et des photos des créations de la saison culturelle sur le site pour donner envie aux professionnels de la danse mais également aux novices de venir assister à l'une des représentations. Mais l'Opéra de Paris est un «gros paquebot» où tout changement demande du temps... et exige de la patience.

 

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