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Le choix de BDSphère : une comédie noire post-stalinienne

Extrait de la bande dessinée consacrée à l'URSS intitulée La mort de Staline.[Dargaud]

6 mars 1953. L’annonce de la mort de Staline plonge l’empire soviétique dans la stupeur. Venus des confins de toute la Russie, des millions de personnes convergent vers Moscou pour rendre un dernier hommage au « petit père des peuples ».

Pendant que se préparent des funérailles grandioses, les membres du Politburo se livrent une lutte sans merci à l’abri des murs du Kremlin. Beria, Malenkov, Khrouchtchev, Molotov, Boulganine et les autres se disputent les postes sous le regard sarcastique du maréchal Joukov. 

Foin d’idéologie. Dans un climat délétère où suintent la haine et la trahison, tous n’ont qu’une seule idée en tête, sauver leur peau et prendre la place du chef défunt. A ce jeu où chantages et trahisons sont les clés de la survie et du pouvoir, Beria se montre le plus habile et finit par imposer ses vues, écartant Khrouchtchev, relégué à l’organisation des obsèques. Trois jours plus tard, ces dernières donnent lieu à des scènes d’hystérie collective, entrainant la mort de plusieurs centaines de spectateurs, piétinés et étouffés.
 
Incisif et bien documenté
 
Malgré certains choix fictionnels nécessaires à la fluidité du récit, les auteurs n’ont pas eu beaucoup à se forcer pour retranscrire l’absurdité d’un régime totalitaire emporté par sa folie meurtrière. S’appuyant sur une solide documentation, Fabien Nury compose une comédie noire, où les situations, souvent à la limite du burlesque, ne doivent pas faire oublier que l’on est en présence de criminels dangereux, complices des exactions de Staline.
 
Soutenu par des dialogues incisifs et percutants, le scénario offre de véritables scènes d’anthologie que Thierry Robin excelle à mettre en scène avec son trait semi-réaliste tout en nuances et son découpage nerveux. Les couleurs, volontairement froides, soulignées par des ambiances de clair-obscur très expressionnistes, participent à restituer l’atmosphère glaçante de cette sinistre pantomime. Ce second tome clôt de façon magistrale une diptyque habile, qui navigue habilement entre réalisme froid et ironie jubilatoire.
 
La mort de Staline - Tome 2, Funérailles, Fabien Nury et Thierry Robin, Dargaud, 64 pages, 13,99 euros.
 

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