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Roland Giraud : "Plus je joue, plus j'ai peur"

Roland Giraud dans Un homme trop facile ?, d'Eric-Emmanuel Schmitt Roland Giraud dans Un homme trop facile ?, d'Eric-Emmanuel Schmitt[Bernard Richebe]

Dans Un homme trop facile? d’Eric-Emmanuel Schmitt, Roland Giraud débat avec le misanthrope de Molière. Une mise en abyme du théâtre qui dévoile les petits rituels du métier et s’interroge avec humour sur la conception du monde, de la vie, de l’homme.

Avec cette pièce, Eric-Emmanuel Schmitt se réapproprie-t-il Le Misanthrope de Molière ?

Le sujet du Misanthrope est un sujet éternel et humaniste sur la conception, bonne ou mauvaise, que l’on a de la vie. Eric-Emmanuel Schmitt a apporté à ce débat une notion de comédie. Comme chez Molière, Alceste dit à tous, détester l’humanité. Philinte, lui, soutient  qu’il y a des choses qui valent la peine dans la vie, qu’Alceste n’est au final qu’un emmerdeur.  

Eric-Emmanuel Schmitt offre une belle mise en abyme du théâtre. Un comédien qui parle à un personnage …

L’originalité, vient du fait qu’un acteur voit apparaitre dans le miroir de sa loge, Alceste à l’époque de Molière. Ce dernier lui interdit de jouer la pièce. Un débat s’ouvre entre les deux hommes, entremêlé d’histoires d’aujourd’hui. La fille de l’acteur que je joue vient, par exemple, voir son père le soir de la première.

Que dit la pièce du rapport entre le comédien et son rôle ?

Il y a des comédiens qui jouent des rôles dans lesquels ils se retrouvent et d’autres pas. C’est tout le problème du comédien que j’interprète dans la pièce. Est-ce qu’il va au rôle ou est-ce que le rôle va a lui ? Est-ce qu’il se retrouve dans ce rôle ou pas ? Est-il a contre emploi ?

Que devient cet Alceste sous la plume d Eric-Emmanuel Schmitt ?

Il  devient un personnage qui fait de la peine, tout le temps en colère et donc absolument insupportable. Il le justifie parce qu’il dit n’aimer que le bien. Dans le font, il le fait de telle manière qu’il enquiquine tout le monde.

La pièce fait-elle finalement découvrir les coulisses du théâtre ?

Le public assiste à ce qu’il ne voit jamais. Il découvre ce qui se passe dans la loge de l’acteur.  

Habituellement, il ne voit pas les angoisses de l’acteur, les révisions du texte au dernier moment, la lutte contre le trac. C’est une façon de rentrer dans le domaine privé de l’acteur. 

Votre personnage s’apprête à jouer la première. Que dit la pièce de cette épreuve du feu ?

Le personnage que je joue a le trac. A la première, on remet tout en question. D’ailleurs, plus je joue, plus j’ai peur. D’abord, parce qu’en vieillissant, on s’interroge sur ses moyens neurologiques, et puis surtout, parce qu’on a plus grand-chose à gagner.  

Vous avez rarement eu à faire à Molière dans votre carrière. Pourquoi ?

J’ai joué Tartuffe puis Don Juan de Molière pour le 300e anniversaire de sa mort en 1973. J’avais des rôles de jeunes premiers à l’époque. Depuis, je ne me suis plus frotté aux  classiques. Jouer une pièce interprétée 15 000 fois m’a toujours fait un peu peur. Du coup, je n’ai jamais fait que des créations. Cette pièce en est une.  

Vous laisserez-vous, un jour, tenter par un grand classique ?  

Avec cette pièce, je me dis, qu’un jour, peut être, j’aurai le courage de jouer un grand classique mais ponctuellement, pour une centaine de représentations. Dans ce cas, pourquoi pas le Misanthrope. Pour Don Juan, c’est un peu tard. Quoiqu’au théâtre, ce n’est pas l’âge qui compte, mais l’âge que l’acteur a l’air d’avoir.

Vous verra-t-on à nouveau sur les planches en septembre prochain ?

A la rentrée prochaine, je jouerai avec ma femme, dans un théâtre parisien, l’histoire du couple Madoff. La pièce se passe 24 heures avant que Bernard Madoff n’entre en prison pour y passer 154 ans.  

 

> Un Homme trop facile? à la Gaîté Montparnasse, 26 rue de la Gaîté, Paris 14e (01 43 22 16 18).

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