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Israel Galvan danse pour les Roms de Ris-Orangis

Le danseur de flamenco Israel Galvan, le 15 février 2013 à Ris-Orangis [Mehdi Fedouach / AFP] Le danseur de flamenco Israel Galvan, le 15 février 2013 à Ris-Orangis [Mehdi Fedouach / AFP]

Au milieu d'un campement de Roms à Ris-Orangis, la nouvelle étoile du flamenco Israel Galvan frappe des talons avec passion. Habitué des grandes salles prestigieuses en Europe, il est venu ici "se confronter au réel".

Les Roms du campement, véritable bidonville à 20 kilomètres au sud-est de Paris, ont terminé la construction de la scène vendredi matin afin d'accueillir le danseur, actuellement à l'affiche du Théâtre de la Ville à Paris.

En début de soirée, la silhouette longiligne d'Israel Galvan, pantalon orange et doudoune marron, apparaît dans le camp, attendue par environ 70 personnes, habitants du bidonville et membres d'associations de soutien. Les enfants, tout juste sortis de l'école ou du gymnase où certains sont scolarisés, s'impatientent au milieu de la boue et des cabanes, construites en bordure de la N7.

Torse bombé, accompagné de deux cantaores (chanteurs de flamenco), il exécute quelques pas de danse pendant quelques minutes, frappant le sol de façon rude et virile, à la manière d'un torero athlétique.

Mais il est surtout heureux d'inviter les Roms à danser au milieu de la petite scène, faite de planches de bois et entourée de guirlandes qui donnent à l'endroit des airs de fête foraine.

Une femme, dont la jupe noire frôle le plancher, hésite, puis finalement se lance dans le cercle sous le regard bienveillant d'Israel Galvan.

Le danseur de flamenco Israel Galvan, le 15 février 2013 à Ris-Orangis [Mehdi Fedouach / AFP]
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Le danseur de flamenco Israel Galvan, le 15 février 2013 à Ris-Orangis
 

En soirée, les Roms sortent leurs propres instruments: violons, accordéons et tambours frappés à l'aide de bouteilles en plastique.

"C'est bien pour les enfants, pour nous, pour la musique", dit Jorge, qui habite le campement depuis huit mois. "Ca amène de la joie!"

"Autre type d'énergie"

Fils d'une gitane, Israel Galvan ressent ici une familiarité avec ce qu'il connaît.

"Quand je regarde les gens, je vois certains visages qui pourraient être celui de ma grand-mère", dit-il, souriant, à l'AFP.

"Ce qui me frappe c'est que malgré les difficultés de ces populations, il ressort une grande joie dans leur façon de vivre", ajoute-t-il.

Dans son spectacle, baptisé "Le réel", il évoque sans concession le sort tragique --et largement occulté-- réservé aux Tziganes pendant la Seconde Guerre mondiale, persécutés et exterminés par les Nazis.

 
 

"Pour créer mon spectacle, je me suis inspiré de livres et de photos anciennes de tziganes. Mais venir ici, c'est la situation la plus réelle à laquelle je me suis confronté", explique celui qui au fil des ans s'est taillé une réputation de danseur profondément avant-gardiste et novateur.

"Je n'ai jamais dansé dans ce genre d'endroits avant mais c'est important pour un danseur de venir respirer un autre type d'énergie que celle des théâtres", estime-t-il.

La rencontre, à l'initiative de la revue culturelle "Mouvement" et de l'association "Perou" qui vient en aide aux Roms, ne s'arrête pas là. Pendant quatre soirs, Israel Galvan invite douze habitants du bidonville à venir assister à son spectacle au Théâtre de la Ville, qui court jusqu'au 20 février.

"C'est important qu'ils viennent voir le spectacle, car il parle de leur histoire", dit-il.

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