En direct
A suivre

Keith Haring énergise Paris

Le directeur du CentQuatre à Paris, José-Manuel Gonçalvès, pose devant une oeuvre de Keith Haring, le 17 avril 2013 [Francois Guillot / AFP] Le directeur du CentQuatre à Paris, José-Manuel Gonçalvès, pose devant une oeuvre de Keith Haring, le 17 avril 2013 [Francois Guillot / AFP]

L'Américain Keith Haring aimait particulièrement Paris. La capitale lui offre 23 ans après sa mort une grande exposition sur deux lieux, en insistant sur le message politique et social de l'artiste, icône du pop art, qui rêvait de transformer le monde.

Toujours en alerte, Keith Haring n'a cessé d'utiliser son art pour lancer des mises en garde contre le racisme, l'extrémisme religieux, la machine étatique, le capitalisme. Ou encore les dangers de l'arme atomique, de la drogue et pour finir du sida dont il est mort en 1990 à l'âge de 31 ans.

Pour la première fois, le Musée d'Art moderne de la Ville de Paris et le CentQuatre, jeune institution municipale, ont uni leurs forces pour présenter à partir de vendredi "l'une des plus grandes rétrospectives dédiées à Keith Haring, à la fois par le nombre d'oeuvres et par leur qualité", déclare à l'AFP Fabrice Hergott, directeur du musée.

Un visiteur devant des oeuvres de l'artiste américain Keith Haring au Musée d'Art moderne à Paris, le 17 avril 2013 [Francois Guillot / AFP]
Photo
ci-dessus
Un visiteur devant des oeuvres de l'artiste américain Keith Haring au Musée d'Art moderne à Paris, le 17 avril 2013
 

Né en 1958 en Pennsylvanie, arrivé en 1978 à New York, Keith Haring a produit une oeuvre fulgurante, très abondante, sur un peu plus de dix ans seulement. Il est devenu l'un des artistes contemporains les plus populaires.

Au total près de 250 oeuvres (dessins, peintures, sculptures), réalisées sur toiles, sur bâche ou dans le métro, sont réunies, dont une vingtaine de très grand format sont exposées au CentQuatre. Elles viennent d'un peu partout, notamment des Etats-Unis, du Proche-Orient et de Corée.

Un festival de signes, de personnages victimes ou en lutte, d'oppresseurs à tête de truie ou de crocodiles, de sexe, d'amour, de violence et d'espoir. Dans des couleurs vives, parfois fluorescentes, qui donnent un air de gaieté à des oeuvres aux thèmes parfois terribles.

Intitulée "Keith Haring, The political line", l'exposition, qui se tient jusqu'au 18 août, met en lumière l'importance du "message politique et humaniste" de Keith Haring, qui a été occulté par la profusion d'objets dérivés de ses oeuvres, selon le commissaire Dieter Buchhart.

Plusieurs oeuvres de l'artiste américain Keith Haring exposées à partir du 19 avril 2013 au Musée d'art moderne à Paris [Francois Guillot / AFP]
Photo
ci-dessus
Plusieurs oeuvres de l'artiste américain Keith Haring exposées à partir du 19 avril 2013 au Musée d'art moderne à Paris
 

"Malentendu"

Badges, T-shirts, magnets et même préservatifs ont popularisé les figures du bébé à quatre pattes, du chien aboyant, des bonhommes dynamiques auprès d'un public très large, conformément à ce que souhaitait l'artiste.

En 1986, l'artiste crée une boutique "Pop Shop" à New York pour y vendre des produits dérivés de son art. Deux ans plus tard, il en ouvre une deuxième à Tokyo dans un container, présenté au CentQuatre. Le Pop Shop de New York a fermé ses portes en 2005 et est devenu virtuel (pop-shop.com).

"Tout cela a engendré un malentendu sur son oeuvre car certains critiques y ont vu une démarche purement commerciale, strictement intéressée financièrement, ce qui n'était pas le cas", souligne M. Hergott.

"Avec cette exposition, nous avons voulu montrer que son oeuvre est très profonde et généreuse, qu'elle vise à attirer l'attention des hommes sur les dangers dans lesquels nous vivons et qui sont toujours d'actualité", ajoute-t-il.

 
 

L'exposition montre une série de "subways drawings", fragiles dessins à la craie réalisés par milliers entre 1980 et 1985 dans le métro new yorkais à l'insu des autorités. Haring utilisait comme support le fond noir des emplacements publicitaires en attente de nouvelles affiches. Son ami Tsen Kwong Chi les photographiait. Des amateurs en décollaient ensuite certains, ce qui a permis de les sauver, souligne Odile Burluraux, commissaire de l'exposition.

Homosexuel revendiqué, Haring apprend sa séropositivité en 1988. Il représente le virus comme un énorme spermatozoïde rampant hors d'un oeuf, sur fond noir. Un squelette urine sur des fleurs qui grandissent avec vigueur (1989): l'espoir reste vivace.

Peu avant sa mort, il crée une fondation à son nom pour continuer à servir les causes qui lui étaient chères.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités