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Natalie Portman, princesse du 7e Art

Natalie Portman en 2011. Elle vient de recevoir l'Oscar de la meilleure actrice pour Black Swan[DR]

En vingt années de carrière, la comédienne a déjà joué dans plus de trente films et a obtenu, en 2010, l’oscar de la meilleure actrice dans Black Swan de Darren Aronofsky. Agée d’à peine trente ans, elle a déjà joué chez Luc Besson, Michael Mann, Tim Burton comme Milos Forman, Wes anderson, Terrence Malick ou encore Wong Far-wai et George Lucas.

 

Archive – Article publié le 1er avril 2008

 

Si son histoire sur grand écran débute avec Luc Besson et Léon en 1994, son histoire personnelle commence le 9 juin 1981 à Jérusalem : trois semaines avant la formation d’un nouveau gouvernement par Menahem Begin dans lequel Ariel Sharon prend le porte-feuille de la Défense; trois mois avant l’assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate, qui avait signé en 1978 les prometteurs accords de Camp David avec le même Menahem Begin, sous la bienveillante houlette de Jimmy Carter.

Ce contexte n’est pas anodin car il marquera durablement Natalie Portman. « Israël est l’endroit où certains de mes amis de 18 ans passent leurs nuits à dormir dans des bunkers avec leurs casques. C’est l’endroit que mes entrailles refusent d’abandonner », racontait la jeune femme à l’écrivain Alan Dershowitz, dans un livre consacré aux 60 ans d’Israël. Née Natalie Hershlag, fille unique, elle quitte l’Etat hébreu avec ses parents pour s’installer aux Etats-Unis en 1984. Son père est médecin et sa mère artiste. Ils s’installent sur la côte Est. Natalie y grandit, va à l’école, fait ses études à l’université d’Harvard, qu’elle intègre en 1999 et où elle obtient un diplôme de psychologie en 2003.

 

Vidéo : Audition de Natalie Portman pour Léon

 

 

Enfant prodige

Un parcours riche, et finalement assez classique, sauf qu’entre-temps, Natalie Portman est devenue une actrice célèbre dans le monde entier, alors qu’elle a à peine 18 ans. Un succès qui lui permettra de tourner avec les plus grands, non sans lui laisser quelques regrets. « Je sens que j’ai perdu une partie de mon enfance. J’étais le genre d’enfant qui voulait toujours être plus vieux », confiait-elle au magazine FemaleFirst en 2007. C’est effectivement à l’âge où l’on joue encore à la poupée et où l’on emprunte en douce le rouge à lèvres de sa mère pour faire ses premiers essais de maquillage, que Natalie Portman est projetée sous les lumières des plateaux.

 

Vidéo : Natalie Portman dans Léon (Luc Besson, 1994)

 

 

Nous sommes en 1994. Luc Besson triomphe avec Léon, film dans lequel Jean Reno joue le rôle-titre. Natalie Portman, 13 ans, y incarne Mathilda, une enfant devenue orpheline lors d’un règlement de comptes et qui parvient à bouleverser un tueur qui l’avait prise sous sa coupe. Ce film, tourné en anglais et aux Etats-Unis, est le premier essai de Luc Besson outre-Atlantique. Interdit aux moins de douze ans à sa sortie, ce film est l’occasion pour l’enfant qu’est encore Natalie Portman de donner un premier aperçu de son talent naissant. Elle déploie efficacement trois sentiments : la séduction, la gravité et l’enjouement, qui donne à ce long métrage une tonalité et une ambiguïté qui ne sont pas sans rappeler la Lolita de Kubrick d’après Nabokov. Les qualités qu’elle manifeste alors seront confirmées par la suite de sa carrière. Et c’est un succès. Le cinéaste, comme Jean Reno, en récolte encore les fruits, tout comme Natalie Portman, qui ne s’était alors jamais soumise aux objectifs, sauf à ceux des photographes à l’occasion d’une campagne publicitaire pour la marque Revlon en 1991 (c’est alors qu’elle prend le nom de Portman, que portait sa grand-mère).

 

Parcours fulgurant

Contrairement à la mythique Shirley Temple, qui demeure à jamais la charmante petite fille du cinéma américain des années 1930, Natalie Portman, sans doute habilement coachée par son entourage (sa mère a supervisé de près sa carrière), sut dépasser ce rôle de jeune fille et faire évoluer sa carrière en fonction de son âge, à la manière de son contemporain Elijah Wood (Le seigneur des anneaux), ou bien sûr de Scarlett Johansson, avec qui elle partage l’affiche de Deux sœurs pour un roi en 2008 et qui commença sa carrière à 14 ans au côté de Robert Redford et de Kristin Scott Thomas dans L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux. Moins de deux ans après sa première apparition sur le grand écran, la jeune fille a déjà tourné avec Michael Mann (dans Heat en 1995 aux côtés d’Al Pacino et de Robert De Niro), de Woody Allen (Tout le monde dit I love you, 1996) et de Tim Burton (Mars Attacks, 1996).

 

Vidéo : Bande-annonce de Mars Attacks ! (Tim Burton, 1996)

 

 

Le sacre

Entre 1996 et 1999, Natalie Portman apparaît peu dans les salles obscures, sans doute pour se consacrer à ses études et obtenir son ticket d’entrée à Harvard. Grâce à ces derniers rôles, elle a pourtant su impressionner durablement les réalisateurs d’Hollywood, si bien qu’elle est castée et choisie par George Lucas lorsqu’il décide de ressusciter la mythique saga de La guerre des étoiles. Le pari est risqué, l’expérience montrant que les suites passent souvent à côté de leurs objectifs, en ne parvenant pas à renouer avec l’esprit du succès initial. Surtout 22 ans après le premier épisode. Si George Lucas a la réputation d’être un magicien du 7e art, il prouve encore qu’il est aussi un «pro» incomparable.

 

Vidéo : Natalie Portman dans Star Wars épisode 1 La Menace fantôme (George Lucas, 1999)

 

 

En misant sur Natalie Portman pour jouer la princesse Padmé Amidala, il a fait preuve d’une excellente intuition. Et si Harrison Ford demeure le visage de la première trilogie, Natalie Portman incarne la seconde. Et au prix de quel acharnement ! Toujours étudiante lors de la sortie du deuxième épisode (L’attaque des clones), elle fait preuve d’une persévérance dans le travail qui force l’admiration. « Je suis à l’école durant l’année scolaire, je fais des films l’été, ensuite je fais les promos les week-ends », expliquait-elle alors avec l’aplomb de quelqu’un qui peut déjà se targuer d’une longue expérience. Une fois son diplôme obtenu, en 2003, elle peut intensifier son activité artistique.

                                                    

Vidéo : Natalie Portman dans Closer (Mike Nichols, 2004)

 

 

Vidéo : Natalie Portman dans V Pour Vendetta (2005)

 

 

Stakhanovisme

Quatre films en 2004, trois en 2005, deux en 2006, cinq en 2007, la machine Portman semble ne plus pouvoir s’arrêter, et on pourrait supposer que cette productivité s’accompagne d’une dégradation de qualité. Il n’en est rien. Même si quelques fours figurent à la filmographie de ces quatre années – quel acteur peut se vanter de n’en point avoir? – l’actrice figure à l’affiche de quelques œuvres de très bonne facture, comme l’épisode III de La guerre des étoiles (La revanche des Sith), mais aussi de films plus audacieux comme Free Zone du réalisateur israélien Amos Gitaï, Les fantômes de Goya de Milos Forman, ou My Blueberry Nights de Wong Kar-wai, qui fut un des événements cinématographiques de 2007. Dans ce film de Wong Kar-waï, Natalie Portman partage l’affiche avec Norah Jones et Jude Law (qu’elle avait déjà côtoyé sur le plateau de Closer, entre adultes consentants). My Blueberry Nights avait fait l’ouverture du festival de Cannes. Natalie Portman, blonde pour l’occasion, y joue le rôle d’une serveuse de bar à qui Norah Jones vient se confier au cours d’une longue errance.

 

Vidéo : Natalie Portman dans My Blueberry nights (Wong Kar-wai, 2007)

 

 

A 24 ans, elle obtient son premier Golden Globe : celui du meilleur second rôle pour son interprétation d’une troublante strip-teaseuse dans Closer, entre adultes consentants de Mike Nichols. Et l’année dernière, elle reçoit le Saturn Award (prix décerné par l’Académie des films de science-fiction) de la meilleure actrice pour V comme Vendetta. 2008 s’annonce aussi comme une année faste pour Natalie Portman, puisqu’outre Deux sœurs pour un roi, on peut aussi la voir dans A bord du Darjeeling Limited et Hotel Chevalier, tous les deux réalisés par Wes Anderson, et dans Le mystérieux magasin de Mr. Magorium, aux côtés de Dustin Hoffman.

 

Vidéo : Natalie Portman dans Hotel Chevalier (Wes Anderson, 2007)

 

 

A bientôt 27 ans, Natalie Portman semble dessinée pour les rôles de princesses. Après avoir incarné l’évanescente Padmé Amidala dans la deuxième trilogie de La guerre des étoiles de George Lucas, elle revêt en 2008 les atours d’une des femmes les plus célèbres de l’histoire de la couronne britannique, Anne Boleyn, dans le premier film de Justin Chadwick, Deux sœurs pour un roi. Elle partage l’affiche avec Scarlett Johansson et Eric Bana

 

Vidéo : Natalie Portman dans Deux sœurs pour un roi (Justin Chadwick, 2008)

 

 

En 2010, Natalie Portman joue dans Black Swan de Darren Aronofsky, le réalisateur de Requiem for a dream. Pour le rôle de Nina, une danseuse professionnelle qui vient d’obtenir le rôle principal du Lac des Cygnes et se laisse progressivement envahir par la folie, elle reçoit l’oscar de la meilleure actrice. Une consécration pour la comédienne qui a commencé la comédie à l’âge de 13 ans.

 

Autres talents

Il ne faut pas croire pour autant que Natalie Portman est une boulimique des plateaux, uniquement soucieuse d’ajouter des noms de réalisateurs et de partenaires prestigieux à sa filmographie et devenir à terme une simple actrice «ultrabankable» capable d’assurer le succès d’un film par sa seule présence au générique. Elle est certes devenue une garantie de succès et compte d’innombrables fans qui se ruent à ses avant-premières. Mais l’actrice est soucieuse de se réserver des marges de manœuvre, au-delà d’un star-system qu’elle ne renie pas pour autant.

 

Vidéo : Natalie Portman dans Black Swan (Darren Aronofsky, 2010)

 

Black Swan - Extrait "Swan Lake" [VO-HQ] par Eklecty-City

 

En témoigne, par exemple, son incursion très précoce au théâtre, comme à Broadway, en 1998, lorsqu’elle se lance dans l’interprétation du Journal d’Anne Frank. Natalie Portman n’a pas fait le tour du métier : son potentiel est important et attend encore le grand premier rôle qu’elle n’a toujours pas eu. Cependant, la comédienne envisagerait déjà de passer de l’autre côté de la caméra, puisqu’elle projetterait de tourner un film retraçant la vie de l’écrivain israélien Amos Oz, basé sur son autobiographie : Une histoire d’amour et de ténèbres. A 26 ans, elle vient ainsi de monter sa propre maison de production, Handsome Charlie. Natalie Portman est, in fine, une des actrices les plus paradoxales du cinéma contemporain. Aussi expérimentée que fraîche, aussi novice que professionnelle, aussi gourmande que parfois blasée. Autant de contradictions qui font d’elle l’une des comédiennes les plus intéressantes du 7e Art.

 

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