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Mathilde Seigner : "C'est une pièce culottée"

Mathilde Seigner sur scène dans Nina, une pièce d'André Roussin jouée au Théâtre Edouard VII[Emmanuel Murat]

Treize ans après "L’éducation de Rita", Mathilde Seigner remonte sur scène, non sans appréhension, dans "Nina". Aux côtés de François Berléand et François Vincentelli, la comédienne endosse le rôle d’une femme de caractère, un personnage coloré qui lui ressemble. 

 

Vous remontez sur les planches, 13 ans après L’éduction de Rita. Quel a été l’élément déclencheur ?

D’abord Bernard Murat. J'avais envie depuis longtemps de jouer dans son théâtre, sous sa direction, mais il fallait trouver la bonne pièce. On a beaucoup cherché. Après "L’éducation de Rita", il fallait une pièce forte. Tout d’un coup, nous sommes tombés sur Nina qui est un très grand rôle de femme, un personnage formidable à plusieurs facettes avec un côté à l’italienne et je me suis dit banco.  

 

Ce personnage vous ressemble-t-il ?

En partie, car elle est  très colorée, directe. Elle me ressemble sur la vision des hommes et de la vie. Elle n’est pas dupe. Elle a ce quelque chose de lucide sur  l’existence et en même temps c’est vraiment un rôle de composition.

 

Que dire de cette pièce et de ces personnages ?

C’est une pièce très culottée, moderne avec en même temps des codes de vaudeville et un personnage de femme qui a une vision de la vie et des hommes pas banal.  C’est une pièce extrêmement bien écrite avec une langue extraordinaire comme pouvait le faire Feydeau, Guitry et évidemment Molière. A l’heure du sms, cela fait du bien.

 

Que dire de vos partenaires :  François Berléand et François Vincentelli ?

Je les adore. François Berléand est  un acteur extraordinaire. Pour moi, il est dans la veine de Louis de Funès et de Michel Serrault. C’est un acteur qui a cette force, comme Michel Serrault, de jouer un salaud et d’être  très drôle en même temps. Il a une palette de jeu incroyable. François Vincentelli est aussi un partenaire délicieux : beau mec, bien dans sa peau,  droit, épatant. Ce sont comme des copines.

 

Comment s’est passé le travail de répétition ?  

J’ai eu des hauts, des bas, des moments de doute. Ce qui fait peur au théâtre c’est le vide, le trou de mémoire, le trac. Et puis, il y a cette appréhension du direct. Le théâtre,  c’est un plan séquence d’1h 50 où l’on n’a pas le droit à l’erreur.  Cela demande beaucoup d’énergie, de concentration alors j'ai beaucoup travaillé.

 

Et-ce que ce travail jusqu’au-boutiste vous ressemble? 

Oui parce que ce n’est pas morcelé et l'on ne peut pas tricher. Contrairement au cinéma, vous n'êtes pas retouché, pas éclairé. Il n’y a pas de rafistolage. Vous êtes à nue et c’est très agréable.

 

Vous avez récemment déclaré avoir envie de moins tourner pour le cinéma. Pourquoi ?

J’aimerais aller vers plus de qualité. Je vais vraiment réfléchir à deux fois avant de dire oui à un projet. Je ne veux pas accepter des projets par facilité. J'aimerais retrouver le cinéma d’auteur que j’ai connu avec Rosine. Je ne veux plus enchaîner les films.  Parce qu’au final on ne fait qu’un film de plus.  Là, je sors du tournage de La liste de mes envies qui est un bestseller. Je retrouverai Christian Carion dans un film de guerre et  Christine Carrière de Rosine. Je serai capable de prendre 6 mois pour moi. Je ne veux plus cette espèce d’essoufflement.

 

Comment avez-vous surmonté l’épreuve des Césars ?

Ça n’a pas été très agréable. Cela dit, il n’y a pas non plus mort d’homme. Il y a des choses plus graves dans la vie (en 2012 alors qu’elle remet une palme à Michel Blanc, elle appelle également sur scène Joey Starr ndlr). Mais cela a été violent et en même temps cela m’a permis de réagir, de me remettre en question, de rebondir,  de réfléchir et de passer à autre chose dans ma carrière. J’ai l’impression que c’est comme si je repartais de zéro. Un an après, j’ai à nouveau de beaux projets et des gens qui m’appellent qui ne m’auraient pas appelé avant. Le mauvais moment étant passé.

 

En ce sens  le théâtre est-il une bouffée d’oxygène ?

Le théâtre est un  voyage et puis il y a quelque chose d’artisanal. Même si le théâtre Edouard VII marche très fort, il n’y a pas cette espèce de profusion d’argent qu’a le cinéma par moment.

 

Nina, actuellement au Théâtre Edouard VII, 10 Pl. Édouard VII, Paris (9e) (01 47 42 59 92). 

 

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