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Quel est l'avenir du cinéma français alors que les salles restent fermées ?

Le secteur va devoir se réinventer s'il souhaite survivre au confinement. [© Unsplash / Kilyan Sockalingum]

Alors que le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé ce mardi 28 avril que les salles resteraient fermées au moins jusqu'au 2 juin, le secteur du cinéma, durement touché par la crise sanitaire, reporte ses espoirs sur la deuxième partie de l'année. Des scénarii pour l'après confinement sont d'ores et déjà évoqués, même si l'horizon reste incertain.

Une réouverture des salles avant la mi-juillet ?

Suite à la présentation du plan de déconfinement par le Premier ministre ce mardi à l'Assemblée nationale, le souhait du président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) Richard Patry de les voir rouvrir «avant la mi-juillet» reste toujours en suspens.

Cette possibilité serait néanmoins pour lui «une chance pour le cinéma français», la sortie de nombre de films américains ayant été reportée à l'automne. Dans une interview accordée au Parisien, Richard Patry expliquait qu’ils allaient «pouvoir reprendre (les films) qui étaient sortis le 11 mars, juste avant le confinement», à la condition que les moyens alloués «aux exploitants, notamment pour embaucher, afin de mettre en place les nouvelles mesures de protection des spectateurs et pour communiquer et attirer ainsi le public en salles» soient plus importants.

Des salles limitées à 50% de la jauge maximale ?

Interrogé le 23 avril dans l'émission «C à vous» sur France 5, Pierre Lescure, président du Festival de Cannes, avait rappelé que «si le déconfinement commençait à partir du 11 mai, et qu'il n'y avait pas de contre coup ou d'effet boomerang, il y aura une reprise partielle des 2.000 cinémas en France». Mais cela est désormais compromis. Si, en revanche, cette réouverture s'effectuait, comme il le souhaite, le mercredi 1er juillet, «on limiterait l'accueil dans les salles à 50% de jauge, ce qui permettrait de laisser un mètre entre chaque spectateur», a-t-il ajouté. Les personnes qui arriveraient ensemble ne seraient pas séparées. Le masque serait, selon lui, «obligatoire uniquement dans les halls». Et les exploitants pourraient espacer les séances de vingt minutes afin que «l'air soit complètement transformé» dans ces salles qui disposent de système de ventilation. De son côté, la FNCF s'est opposée à cette décision de restreindre la capacité d'accueil. «Surtout pas un nombre maximum de spectateurs par établissement», a-t-elle déclaré.

Une diffusion des nouveautés rééquilibrée ?

S’il a autorisé exceptionnellement des films récents à sortir en vidéo à la demande (VOD), le Centre national du cinéma (CNC) travaille actuellement en étroite collaboration avec le Médiateur du Cinéma sur une recommandation concernant la sortie des films lors de la réouverture des salles. «Il est souhaitable (...) d'aboutir à une répartition équilibrée dans le temps de l'offre de nouveautés en salles» pour la deuxième moitié de l'année, période «traditionnellement dense en offre de films», précise le CNC.

Vers un label «Cannes 2020» ?

Il envisageait un report à fin juin-début juillet du 73e Festival de Cannes, qui devait se tenir initialement du 12 au 23 mai. Mais Thierry Frémaux, délégué général de ce grand rendez-vous du 7e art, a finalement capitulé, expliquant finalement que cette manifestation ne pourrait se tenir «sous sa forme initiale». Il a donc évoqué la création d’un label «Cannes 2020» pour valoriser les films. Une alliance avec la Mostra de Venise - laquelle a annoncé son maintien du 2 au 12 septembre - serait également envisagée.

«Nous voulons être présents à l'automne pour contribuer au vaste chantier de la reconquête du cinéma», expliquait-il au Figaro, tout en ne cachant pas son inquiétude quant à l’avenir du cinéma dans Nice Matin. «De l'exploitant indépendant aux grands groupes comme Pathé ou UGC, plus personne n'a le moindre revenu depuis plus d'un mois et ça va durer encore. Les tournages sont tous stoppés, dans le monde entier. C'est une catastrophe», a-t-il déclaré.   

Une conversion vers des éditions numériques ?   

Le Marché du film, qui accompagne le Festival de Cannes, proposera de son côté une version numérique pour les professionnels du 22 au 26 juin, avec la mise en place de stands et pavillons virtuels, de projections en ligne et de réunions vidéo. Annulé en raison de l’épidémie de coronavirus, à l’instar de nombreuses manifestations du cinéma, le Festival du film d'animation d'Annecy a annoncé qu’il bénéficiera d’une édition numérique qui se tiendra du 15 au 30 juin. Les acteurs du 7e art planchent donc sur diverses alternatives, et rivalisent d’imagination et d'inventivité pour faire renaître le cinéma après cette crise sanitaire.

Le «drive-in», nouvelle salle de cinéma de l'été ?

Plébiscité notamment aux Etats-Unis - où il a connu son âge d'or dans les années 1950-1960 - et dans plusieurs pays comme la Corée du Sud, le Brésil ou l'Allemagne, le «drive-in» (ou «ciné-parc», en français) pourrait être développé dans l'Hexagone, ce qui permettrait de regarder des films confinés dans sa voiture et en toute sécurité, comme pouvaient déjà le faire Olivia Newton-John et John Travolta dans «Grease», alors que l'épidémie de coronavirus n'avait pas encore sévi. Mais cette option nécessite de lourds investissements, et de trouver des espaces suffisamment grands pour accueillir un nombre important de véhicules. L'idée est pourtant évoquée par le Festival du film romantique de Cabourg qui a vu sa 34e édition annulée du 10 au 14 juin. Sa déléguée générale, Suzel Pietri, envisagerait d'organiser des séances en «drive-in» en août. «(Cela) permettrait, à la nuit tombée, au public, en toute sécurité dans son propre véhicule, de visionner durant 5 soirées une dizaine de films riches en émotion» a-t-elle expliqué sur le site officiel Facebook du festival.

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