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L'humoriste Camille Chamoux prend «Le temps de vivre» avec succès sur scène

Camille Chamoux présente son nouveau solo « Le temps de vivre » au Théâtre du Petit Saint-Martin. [© Christophe RAYNAUD DE LAGE ]

Après « Camille attaque », « Née sous Giscard » et « L’esprit de contradiction », Camille Chamoux est de retour avec « Le temps de vivre ». Un quatrième seul en scène à l’écriture ciselée, qui réconcilie en riant avec ce monde où « tout est minuté ». Une réussite.

Camille Chamoux s’est donnée 70 minutes, et pas une de plus, la faute à un régisseur pressé par le temps et un chien à sortir, pour explorer notre rapport au temps justement, qu'elle dissèque de son humour intelligent. Sur scène, elle cite Proust et « À la recherche du temps perdu », roman avec lequel elle ouvre le spectacle, et décode ses habitudes comme celles de ses concitoyens. Waze qui a transformé nos vies en décompte. Uber qui pousse à se poser des questions existentielles : faut-il réserver 5 minutes avant d’être prêt ou au dernier moment au risque de devoir se précipiter ? Les Boomers, cette génération qui ne lâche rien et nie le temps qui passe. La copine dépressive pour qui il est toujours trop tard. « Je suis fascinée par l’observation de mes contemporains. Je passe ma vie en observation. La fourmilière urbaine, c’est ma passion, c'est pourquoi, contrairement à 70 % de la population, je ne vais pas aller vivre à la campagne, malgré le fait que mes enfants respirent des pots d’échappement», s'amuse la comédienne. 

Un spectacle dont l’idée a germé en janvier 2019. La source de cette inspiration : son fils qui l’a poussé « à changer profondément son rapport au temps ». Comment ? En obligeant cette adepte de l’organisation de dernière minute à anticiper. A l’époque, Camille Chamoux note sur un coin de page un titre « Eloge du minuteur : de la nécessité d’anticiper ». « J’avais fait une petite note là-dessus. Je fonctionne comme ça. Soudain il y a une idée et une espèce de formule. Je sais que, quand il y a une première graine comme ça, et bien après je défriche, je laboure, je m’enregistre, je note des situations », explique la comédienne. « A partir de cette étincelle, cela m’a emmené dans des sphères hyper lointaines. Il y a eu un effet domino et le confinement est tombé comme une grosse pierre géante, là-dedans. La réflexion s’est encore étoffée et puis je pense que pour une femme actrice, quand on arrive à 40 ans, la question du temps, elle vous est tout le temps renvoyée de manière presque systématique », explique la quadra.

«Il n'est jamais trop tard», selon Camille Chamoux  

De là, celle qui s'est fait remarquer au cinéma («Faut Pas Lui Dire», «Premières vacances»,...) déroule le fil et tisse une série de situations plus efficaces les unes que les autres : les groupes WhatsApp, les trajets en voiture, le temps d’avant pour lequel elle n’éprouve aucune nostalgie, ses parents, la vie de famille, les commande Uber eats, le confinement. « Il a mis un grand coup de pied ironique dans nos réflexes avec le temps. Il a gelé un moment de vie où tout le monde courait sans savoir où il allait », explique-t-elle.

Mise en scène par l'excellent Vincent Dedienne, dans ce quatrième seul en scène écrit avec la complicité de son amie Camille Cottin, Camille Chamoux donne au fil de ses réflexions envie de prendre le temps de vivre et de défier la montre. « Il n’est jamais trop tard », explique-t-elle. Un sentiment qui l’anime depuis toujours. « C’est la clef de ma vie.  Moi, partout où je suis arrivée, on m’a dit : " pardon, je pense qu’il est trop tard pour faire du one-man show. Il y a déjà unetelle et unetelle ". Au cinéma on m’a dit : " Oh là là, mais tu commences le cinéma à 35 ans. C’est un peu tard ". Et bien apparemment pas. Je pense que nous créons notre espace-temps », poursuit-elle. Pour partager le sien, il n’y a pas une minute à perdre. La comédienne joue depuis le 10 septembre au théâtre du petit Saint-Martin, un spectacle qui fait du bien et qu’elle interprète évidemment devant un public masqué. Une situation qui ne gâche en rien le plaisir de remonter sur scène :  « Ça change beaucoup, parce qu’on ne voit pas les visages qui sourient mais en revanche le plaisir d’avoir des gens à moins de trois mètres, c’est inouï. Tout le monde joue le jeu, cela montre que c’est vraiment possible, que l’on y arrive et cela permet de rouvrir les théâtres, donc je me moque de l’aspect un peu étrange que ça peut avoir », note la comédienne, qui vit cette situation comme une expérience. 

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