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Polémique de Justine Triet au Festival de Cannes : voici le montant des subventions touchées par la réalisatrice

Les propos de la cinéaste ont suscité de vives réactions. [© GONZALO FUENTES/REUTERS]

Lauréate de la Palme d’or pour «Anatomie d’une chute», Justine Triet a vivement critiqué le gouvernement samedi soir lors de la remise du prix, estimant qu’il était en train de «casser l’exception culturelle française». Mais comment le film de la réalisatrice a-t-il été en partie financé ?

Ses propos ne sont pas passés inaperçus et ont créé une vive polémique. Alors qu’elle venait de recevoir, samedi soir, la Palme d’or pour son film «Anatomie d’une chute» lors de la cérémonie de clôture du 76e Festival de Cannes, Justine Triet en a profité pour dénoncer la politique du gouvernement concernant les retraites, ainsi que la culture.

«Le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement puissante, unanime, de la réforme des retraites, cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante. Ce schéma de pouvoir dominateur, de plus en plus décomplexé, éclate dans plusieurs domaines. (…) Le cinéma n'y échappe pas. La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser l'exception culturelle française. Cette même exception culturelle sans laquelle je ne serais pas là aujourd’hui devant vous», a déclaré la réalisatrice.

Quelques heures après la remise de ce prix très convoité, la cinéaste a enfoncé le clou sur France Inter, expliquant qu’il y a «un glissement lent vers l’idée qu’on doit penser à la rentabilité des films».

Sur Twitter, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, s’est dite «estomaquée par un discours si injuste», ajoutant que «le film n’aurait pas pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma, qui permet une diversité unique au monde». «Ingrate» selon Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie, ou, au contraire, «courageuse» d’après Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, Justine Triet a-t-elle profité des aides publiques pour son long-métrage primé, dont le budget est estimé à près de 6,2 millions d’euros ?

Le CNC et les chaînes de télévision, dont le groupe Canal+

Coproduit par Les Films de Pierre et Les Films Pélléas, «Anatomie d’une chute» a bénéficié d’un fonds de soutien de 270.000 euros versé par la région Auvergne-Rhône-Alpes, laquelle est présidée par Laurent Wauquiez. En effet, de nombreuses collectivités territoriales investissent dans des productions cinématographiques. Même si la part qu’elles représentent sur l’ensemble d’un budget est faible (moins de 3%), le tournage d’un film reste une belle vitrine pour elles.

Justine Triet a également perçu une avance sur recettes d’un montant de 500.000 euros de la part du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC). Comme le souligne Pierre Lescure, ancien président du Festival de Cannes, cet établissement public administratif placé sous la tutelle du ministre chargé de la Culture, est financé grâce à des taxes, notamment celle sur les entrées au cinéma (environ 10% du prix du billet).

«Quoique vous pensiez des propos de Justine Triet, cessez de parler d’argent public et renseignez-vous sur le CNC et son financement (sur son site). Le système date de 1946, financé par les recettes des salles (films US compris)», a-t-il commenté sur les réseaux sociaux.

Les chaînes de télévision restent les plus gros investisseurs. Si France 2 a versé 900.000 euros pour le financement de cette Palme d’or, Canal+ aurait déboursé pas moins d’1,2 million d’euros.

Le groupe Canal+ a affirmé «se (réjouir) d’avoir soutenu en finançant sur scénario la Palme d’or et le Prix de la Mise en Scène du 76e Festival de Cannes, et 10 films récompensés toutes sélections confondues». 

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