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Cinéma : avant «Barbie» et «Oppenheimer», le chemin de croix des blockbusters hollywoodiens au box-office

Disney et Warner vont perdre gros sur les sorties d'«Élémentaire», «Indiana Jones» et «The Flash». [DisneyPixar. All Rights Reserved / Lucasfilm Ltd. & TM. All Rights Reserved / Warner Bros. Ent. All Rights Reserved. TM & © DC]

Alors que la sortie conjointe de «Barbie» et d'«Oppenheimer» crée des émules dans les salles obscures, le bilan des blockbusters estivaux est chaotique. Beaucoup accusent des chiffres catastrophiques, avec des pertes parfois estimées à plus de 100 millions de dollars par film.

Barbenheimer pour sauver l'été d'Hollywood ? C'est en tout cas ce que vont espérer les grands studios américains, après plusieurs mois très compliqués au box-office. «Donjons & Dragons», «The Flash», «Indiana Jones» sont autant d'échecs très lourds pour les majors, qui ont perdu plusieurs centaines de millions de dollars sur certains de leurs gros divertissements de l'été.

Seuls quelques succès ont subsisté, à l'image de la troisième aventure des «Gardiens de la Galaxie», le carton planétaire de «Super Mario Bros» et, dans une certaine mesure, «Spider-Man : Accross the Spider-Verse». De multiples facteurs, des réminiscences de la pandémie à une offre trop dense, en passant par la qualité desdits films.

Trop de films, tue les films

Le mois de juin 2023 devait pourtant signer le retour de l'été hollywoodien. Selon son bilan de la fréquentation des salles obscures de ce mois, le Centre national de la cinématographie (CNC) détaille que «dix films américains et dix-huit films français sont sortis en salles, contre respectivement cinq et vingt-neuf films en juin 2022». Une offre hollywoodienne renouvelée, à l'image de l'année 2019. Mais cette année, la formule n'a pas pris.

«Il y a un trop-plein, tout court ! En 2022, sur la période mai-juillet, on dénombre deux blockbusters par mois : hormis 'Buzz l'Éclair', tous ont atteint le million d'entrées en première semaine en France. Sur les huit blockbusters sortis en mai-juin 2023, seuls deux s'en tirent vraiment avec les honneurs : 'Gardiens de la Galaxie 3' et un mois avant cela, un certain 'Super Mario' était bien seul», explique Davy Dourret, fondateur du site internet spécialisé dans le box-office Ciné Directors.

Et parmi ces nombreux échecs, certains ont été de véritables désastres. «The Flash», nouvelle production estampillée DC Comics, misait sur un super-héros peu vu sur grand écran et accompagné par deux Batman sous les traits de Ben Affleck et Michael Keaton. Or, les retours désastreux des avants-premières et les scandales provoqués par son acteur principal Ezra Miller ont tué le film dans l'œuf. Résultat, le film finira sa carrière autour des 275 millions de dollars, pour un budget de 200 millions de dollars en production et 150 en marketing. La perte estimée pour le studio Warner Bros est ainsi estimée à près de 200 millions de dollars.

L'un de ses principaux concurrents, Disney, a fait encore pire, avec deux échecs successifs. Avec sa promotion laconique, «Élémentaire», malgré la renommée de Pixar et un beau bouche-à-oreille, a été un véritable échec : le film dépassera tout juste les 350 millions de dollars de recettes pour un budget similaire à «The Flash». Pire encore, le déficit que va créer «Indiana Jones et le Cadran de la destinée». Selon les estimations, le budget de production seul s'est établi à 329 millions de dollars, en faisant l'un des films les plus chers depuis la création du cinéma. Problème, avec 308 millions de dollars un mois après sa sortie, le long-métrage de James Mangold est ni plus ni moins qu'un des plus grands fours de l'histoire.

«Il y a sans doute deux paramètres pour expliquer ses bides : le premier est suggestif et il s'agit de la qualité des films proposés. L'autre, une vraie lassitude du public. Lassitude des suites (on nous propose un 5ème, 6ème voir 10ème épisode !) et face à des produits qui ne sont plus, depuis plusieurs années, que des suites, reboots et autres», soutient Davy Dourret.

Le même gâteau pour plus de parts

Il est à rappeler que les studios n'empochent pas le chiffre d'affaires complet du box-office. Cette somme est divisée environ par deux pour signifier la part des exploitants de salles, puis s'ajoute de nombreuses taxes et impositions. Ainsi, «Indiana Jones 5» pourrait faire perdre plus de 250 millions de dollars à Disney sur sa sortie.

Cette donnée permet de ne pas occulter la déception relative de «Fast X» (705 millions de dollars de recettes pour 349 millions de budget) et de «la Petite Sirène» (555 millions de dollars, dont un gros chiffre aux États-Unis pour 250 millions).

Tout cela se fait d'ailleurs sans qu'une réelle baisse de la fréquentation n'ait été observée. Sur les six premiers mois de l'année, les cinémas français ont vendu 91,87 milllions de tickets contre 104,56 en moyenne sur la période 2017-2019 pré-Covid, soit une baisse de 12,1%. Le mois de juin a suivi cette tendance avec une chute de 12,8%.

Effectivement, les spectateurs sont de retour en France. Mais en 2019, juste avant le Covid, sur une période tout autant chargée en sorties, les succès sont parfois relatifs : les scores de «Detective Pikachu» sont bons, mais cependant pas à la hauteur de son budget. «John Wick 3», en France, ne fait pas des scores comparables à ceux outre-Atlantique. De même «Godzilla 2 : roi des monstres», «X-Men : Dark phoenix» ou encore «Men in Black International» furent des échecs. Ainsi, lorsqu'Hollywood se complait dans une offre surchargée, le public se dilue et les échecs s'accumulent.

«Barbie» et «Oppenheimer» en sauveur ?

C'est le feuilleton cinématographique de l'été. Le 19 juillet dernier, les films «Barbie» de Greta Gerwig et «Oppenheimer» de Christopher Nolan sont sortis le même jour en salles. Amusés par la tonalité complètement différente de ces deux propositions, les spectateurs avaient nommé ce duel «Barbenheimer» sur les réseaux sociaux.

Résultat, au lieu de s'annihiler entre eux, les deux longs-métrages, qui ont également eu de très bons retours de la presse et des spectateurs, sont partis pour être des cartons. Avec plus de 155 millions de dollars (selon Box Office Mojo), «Barbie» réalise le plus gros démarrage pour un long-métrage réalisé par une femme et le meilleur de la Warner depuis «Batman v Superman» en 2016. De son côté, «Oppenheimer» est allé au-delà des prévisions, avec plus de 80 millions de billets verts sur le sol américain. De même, les films vont tous les deux probablement dépasser le million d'entrées sur leur première semaine d'exploitation en France.

Ces deux cartons simultanés ont même éclipsé la sortie du dernier «Mission Impossible : Dead Reckoning partie 1», avec l'éternel Tom Cruise. Les résultats sont d'ores et déjà en deçà des attentes pour la Paramount, malgré la confirmation de la seconde partie, qui pourrait être la conclusion du personnage d'Ethan Hunt.

Pour le reste, l'été hollywoodien s'annonce difficile. Le syndicat des acteurs SAG-AFTRA ayant rejoint la grève des scénaristes contre les studios, aucune promotion ne pourra être assurée par ces derniers. «Le Manoir hanté» de Disney, «En eaux très troubles» avec Jason Statham, ou encore «Blue Beetle» de l'écurie superhéroïque DC, se retrouveront sans tapis rouge. Pour l'heure, rien ne dit que cela aura un impact sur les chiffres d'affaires des films.

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