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Killers of the Flower Moon : on a vu le film de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio, et voici ce qu'on en a pensé

L’actrice Lily Gladstone (2e en partant de la gauche) est saisissante dans le rôle principal. [Apple TV+]

Salué par la critique lors du dernier Festival de Cannes, le film «Killers of the Flower Moon» de Martin Scorcese, avec Leonardo DiCaprio et Robert De Niro, sort ce mercredi 18 octobre dans les salles françaises. EVoici ce qu’on en a pensé.

Respecter la mémoire des disparus. Adaptation du livre éponyme de David Grann publié en 2017, le film «Killers of the Flower Moon» a pris ses distances avec le récit développé dans l’ouvrage – plus centré sur celui de la création du FBI – pour se concentrer sur l’histoire de Mollie Kyle. Et à travers elle, la tragédie vécue par le peuple Osages, au début du XXe siècle aux États-Unis, dans l’État d’Oklahoma.

Après avoir échappé au massacre à la fin du XIXe siècle, cette communauté amérindienne a dû se délocaliser à plusieurs reprises, jusqu’au jour où elle a été priée de s’installer dans un coin aride et rocheux de l’Oklahoma par les autorités américaines. Les Osages obtiendront toutefois des titres officiels de propriété dans l’opération. Au début du XXe siècle, un gigantesque gisement de pétrole est découvert sur leurs terres. La tribu récolte alors les dividendes que sont obligés de lui verser les exploitants, et engrange des millions de dollars.

Cette richesse n’empêche pas le peuple Osage d’être victime d’un racisme systémique, avec notamment l’adoption d’une loi par le Congrès américain, en 1921, contraignant toute personne d’ascendance à moitié Osage ou plus à gérer ses affaires sous la responsabilité d’un curateur blanc, jusqu’à prouver ses propres capacités. Puis, la jalousie, la convoitise, et la cupidité de certains, notamment de William Hale, un éleveur fortuné et influent de la région, va transformer cette situation en tragédie.

Ce dernier va mettre en place un vaste système de corruption et d’assassinats commandités afin de détourner la fortune des membres de la tribu. Publiquement, William Hale se présente comme un soutien indéfectible des Osages. Dans l’ombre, il organise méticuleusement leur spoliation et leur éradication avec l’aide de ses complices. Dont la police locale.

Un hommage appuyé

Dans une interview avec le magazine Time, Martin Scorsese a reconnu s’être détourné du livre de David Grann - qui détaille l'enquête menée par Tom White et les agents du Bureau of Investigation (qui deviendra le FBI) - afin de mettre l’histoire de cette mise à mort d’un peuple au cœur de son film. «À un moment, j’ai réalisé que je faisais un film sur tous ces hommes blancs. Ce qui signifiait que je présentais les choses depuis l’extérieur, ce qui m’a fortement contrarié», explique-t-il. C’est ainsi que le personnage de Mollie Kyle – magnifiquement incarné par l’actrice Lily Gladstone – est devenu le fil conducteur du scénario.

Elle qui a épousé le neveu de William Hale, Ernest Burkhart (joué par Leonardo DiCaprio), avec lequel elle aura deux enfants. Elle qui a assisté à la mort de la quasi-totalité de sa famille – ses trois sœurs et sa mère – pendant cette période. Elle qui a été empoisonnée par son époux dans le cadre du plan machiavélique dicté par son oncle. Elle qui parviendra à survivre au massacre malgré tout.

Si on peut reprocher au film de Martin Scorsese une certaine longueur (3h27), on comprend aisément le souhait du réalisateur de rendre un hommage appuyé à toutes ces personnes assassinées – aucun nombre officiel n'existe, mais certains évoquent de soixante à une centaine de morts – en filmant avec une force incroyable l’intimité des victimes avec leurs bourreaux. Le réalisateur ne travaille pas avec des éléments de fiction, mais avec le réel. Et cela influence très certainement le rythme volontairement lent du récit.

On sent également l’importance pour Martin Scorsese de mettre en avant la culture amérindienne à travers l’histoire du peuple Osage. Et la manière dont ces différentes populations ont été persécutées et quasiment rayées de la carte dans l’indifférence générale. «Cela interroge également qui nous sommes en tant qu’Occidentaux, en tant qu’Européens. Quelles sont les valeurs que nous avons emmenées avec nous dans ce Nouveau Monde ? Et cette histoire touche directement au cœur de cette interrogation», expliquait-il au Time.

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