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«La Ferme des Bertrand» : en pleine gronde agricole, ce film paysan se dévoile au cinéma ce mercredi

Avec «La Ferme des Bertrand» dévoilé en salles ce mercredi, le réalisateur Gilles Perret retrace un demi-siècle dans la vie d'un élevage laitier de montagne, alors que le monde agricole, en colère, manifeste.

«Le but, c'était de casser les clichés, l'image qu'on pouvait avoir des agriculteurs. Redonner de la dignité à des gens qui ont été mal considérés». Telle est la volonté du cinéaste Gilles Perret, auteur du documentaire «La Ferme des Bertrand» qui sort au cinéma ce mercredi 31 janvier et montre l'évolution d'une ferme de Haute-Savoie, entre Chamonix et Genève, à cinquante ans d'écart. Un film d'actualité alors que les agriculteurs se révoltent.

En 1972, trois hommes cassent péniblement des cailloux. Se présentant comme des «ennemis de la médiocrité», ces rejetons d'une fratrie de sept commencent à construire un grand bâtiment pour accueillir leurs vaches, alors qu'il était encore fréquent de les garder dans un coin de la maison.

En 1997, les trois frères passent le relai à un neveu et à son épouse Hélène. En 2022, cette dernière va partir à la retraite. Son fils et son gendre prévoient d'installer un robot de traite pour compenser son absence.

Nichée dans un hameau au cœur des Alpes, l'exploitation produisant du lait pour le reblochon a la particularité d'avoir été immortalisée trois fois. La première pour un reportage de quelques minutes diffusé à la télévision. Puis par le voisin Gilles Perret, qui en fait le sujet de son premier documentaire («Trois frères pour une vie»).

«Une agriculture qui fonctionne bien»

Gilles Perret a depuis montré un patron de la vallée de l'Arve confronté à la délocalisation dans «Ma mondialisation» (2006), le prolétariat montagnard dans «De mémoires d'ouvriers» (2012) ou encore les gilets jaunes dans «J'veux du soleil !» (2019), réalisé avec le député insoumis François Ruffin. Il est plus récemment passé à la fiction avec la comédie sociale «Reprise en main» (2021), écrite avec Marion Richoux, sa compagne, qui a aussi travaillé sur «La Ferme des Bertrand».

«Il y a eu beaucoup de films sur le retour à la terre. On a aussi vu beaucoup de choses sur le suicide des agriculteurs, les horreurs de Monsanto (fabricant de pesticides, racheté par Bayer), l'agriculture industrielle… Mais on a assez peu vu cette agriculture moyenne qui fonctionne bien», a récemment expliqué Gilles Perret dans un entretien accordé à l’AFP.

La vie de la nouvelle génération n'est pas exempte de drames - le mari d'Hélène est décédé brutalement - et de difficultés, mais elle semble plus douce, allégée par des machines qui évitent le port de charges lourdes, distribuent automatiquement des rations aux vaches et bientôt les trairont sans intervention humaine. 

«Mais il faut dire pourquoi ça se passe bien» pour les Bertrand, a précisé Gilles Perret. Ils sont dans l'appellation d'origine protégée (AOP) reblochon qui «fait que le lait est payé deux fois plus cher qu'aux éleveurs de plaine». 

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