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«Une vie» : l’histoire vraie de Sir Nicholas Winton, le «Schindler» britannique, qui a inspiré le film

En 2014, ce héros a reçu l'Ordre du Lion blanc des mains de l’ancien président tchèque Milos Zeman. [© MICHAL CIZEK / AFP]

A l’instar d’Oskar Schindler, Sir Nicholas Winton a sauvé des centaines d’enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Une histoire racontée dans le film «Une vie», avec Anthony Hopkins, qui sort en salles ce mercredi.

S’il a été surnommé le «Schindler» britannique, il n’a jamais voulu être considéré comme un héros. Sir Nicholas Winton est pourtant l’homme grâce à qui 669 enfants tchèques et slovaques, tous pour la plupart juifs, ont été sauvés des camps de concentration nazis. Un exemple de courage, d’humanité et d’altruisme présenté dans le film «Une vie», avec Anthony Hopkins, qui sort en salles ce mercredi 21 février.

L’histoire de cet incroyable sauvetage a commencé quelques mois avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Fin 1938, Nicholas Winton, jeune courtier de la Bourse de Londres né en 1909, a reçu de Prague un appel de son ami Martin Blake, avec lequel il s’apprêtait à partir skier en Suisse. Ce dernier, qui travaillait à l’ambassade britannique, lui a demandé de l’aide, l’informant que des camps de réfugiés - venus entre autres d’Allemagne et d’Autriche - se formaient dans le pays, alors qu’une partie de la Tchécoslovaquie était sous la botte des troupes d’Hitler.

Le Britannique de bientôt 30 ans s’est immédiatement rendu sur place, et a très vite compris que le danger était imminent. Dans sa chambre d’hôtel de la capitale tchèque, transformée en bureau d’appoint, Nicholas Winton a organisé une vaste opération pour évacuer les enfants de cette barbarie et les mettre en lieu sûr. Les demandes des parents ont afflué. Pour parvenir à ses fins, le banquier a fait appel à plusieurs nations qui pouvaient accueillir ces âmes en détresse. Si la Grande-Bretagne et la Suède ont accepté, le président des Etats-Unis, Franklin D. Roosevelt, a refusé catégoriquement.

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De retour à Londres avec une liste de plus de 6.000 noms, Nicholas Winton a travaillé d’arrache-pied pour libérer ces enfants, en trouvant, grâce à des alliés comme Doreen Warriner, des visas, des familles d’accueil mais aussi les fonds nécessaires pour le transport. Huit trains partiront de Prague et transiteront via les Pays-Bas, de mars à août 1939. Et avec 669 bambins devenus orphelins. Un neuvième convoi était prévu le 3 septembre 1939, mais il restera en gare en raison de l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne face à l'Allemagne. Jamais Nicholas Winton ne verra les 250 enfants qui avaient pris place à l’intérieur. Un échec qui l'a hanté pour le reste de sa vie.

Appelé le «Schindler» britannique en référence à l’industriel allemand Oskar Schindler, qui a sauvé 1.200 enfants et fut immortalisé à l’écran par Steven Spielberg, ce héros de l’Holocauste qui refusait les éloges, a caché pendant près d’un demi-siècle cet acte de bravoure à sa famille. C’est sa femme qui a découvert cette histoire en retrouvant une sacoche dans le grenier de leur propriété, qui contenait des lettres et la célèbre liste des enfants secourus. Les médias britanniques se sont rapidement intéressés à ce destin hors du commun, dont la BBC.

En 1988, la chaîne a convié Nicholas Winton à assister à l’émission «That’s Life». Ce dernier ne s’attendait pas du tout à la surprise qu'on lui préparait. Dans le public, des «enfants de Nicky» étaient présents afin de remercier leur sauveur. On estime que plus de 6.000 personnes sont en vie aujourd’hui grâce à l’opération de Prague.

Récompensé à de nombreuses reprises, il a été anobli par la reine Elizabeth II en 2002. «J'ai simplement compris ce qui se passait et j'ai aidé comme j'ai pu. (...) Cela représentait beaucoup de travail, mais ce n'était pas difficile», confiait-il avec modestie, lui qui aurait aimé faire davantage.

Sir Nicholas Winton est décédé le 1er juillet 2015, à l’âge de 106 ans. «Le monde a perdu un grand homme. Nous ne devons jamais oublier l'humanité dont (il) a fait preuve en sauvant tant d'enfants de l'Holocauste», avait déclaré David Cameron, alors Premier ministre britannique.

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