En direct
A suivre

Raye : tout savoir sur la chanteuse qui a remporté six Brit Awards

Empêchée de sortir un disque pendant des années par son ancien label, la Britannique est devenue une star en seulement douze mois. [REUTERS/Maja Smiejkowska]

La chanteuse et compositrice Raye a remporté samedi à Londres six récompenses aux Brit Awards, un record. Voici tout ce qu'il faut savoir sur cette artiste qui a longtemps été contrainte de travailler dans l'ombre, avant de réussir à reprendre sa liberté et de se faire un nom.

Raye a, cette année, gagné le plus grand nombre de Brit Awards en une soirée avec six prix, dont celui de la meilleure chanson, du meilleur artiste et du meilleur album. La chanteuse a ainsi devancé Harry Styles, Adele et Blur, qui détenaient jusqu'alors le record précédent avec quatre Brit Awards.

A l'annonce de son nom, l’autrice, compositrice et interprète a fondu en larmes. Elle avait de quoi être émue, en particulier lorsqu'elle a récupéré la statuette du meilleur album pour «My 21st Century Blues», son premier opus. Un disque brillant qui lui avait auparavant déjà valu une nomination pour le prestigieux Mercury Prize.

«Vous ne comprenez tout simplement pas ce que cela signifie pour moi», a-t-elle déclaré, submergée par l’émotion, mesurant l'immense chemin parcouru. Avant samedi, Raye (de son vrai nom Rachel Keen) n'avait jamais remporté de Brit Award… Et pour cause, la chanteuse de 26 ans a pendant de nombreuses années dû se contenter d'écrire pour d’autres artistes comme Beyoncé («Bigger») et Charli XCX («Dreamer»), ou de chanter en guest (avec David Guetta ou Major Lazer), son label l'empêchant de chanter elle-même ses propres compositions.

En 2014, Raye avait pourtant signé chez Polydor avec la promesse de sortir des albums. En juin 2021, lasse, elle a fini par publier un appel. Apparue en larmes sur les réseaux sociaux, elle avait expliqué qu'elle avait fait tout ce que le label lui avait demandé, mais qu’on lui refusait toujours de sortir un album complet sous prétexte qu’elle n’était «pas assez bonne». 

«J'ai des albums qui attendent dans des dossiers qui prennent la poussière. J'ai des chansons que je donne à de gros artistes parce que j'attends la confirmation que je suis assez douée pour sortir un album. (...) J'ai attendu ce jour depuis sept ans et je continue d'attendre», avait-elle révélé sur Twitter.

«J’ai fait tout ce qu’ils m’ont demandé, j’ai changé de genre de musique, j’ai travaillé 7 jours sur 7, demandez à n’importe qui dans cette industrie, ils le savent. J’en ai assez d’être une gentille pop star. Je veux faire mon album maintenant, s’il vous plaît, c’est tout ce que je veux». Un mois plus tard, Polydor l’a libérée de son contrat. Dès lors indépendante, son ascension s'est effectuée au triple galop.

En juin 2022, Raye a d'abord sorti le single «Hard Out Here», dans lequel elle tacle ceux qui l’avaient jusqu'ici muselée : «Mon stylo est un pistolet (...) Tous les hommes blancs PDG, allez-vous faire foutre avec vos privilèges/ Enlevez vos mains roses et potelées de ma bouche», y balance la chanteuse. Ensuite, elle a dévoilé «Black Mascara», puis le tube «Escapism», en featuring avec la rappeuse américaine 070 Shake (et accessoirement la petite amie de Lili-Rose Depp). Un titre percutant rapidement devenu viral sur TikTok, dépassant les 150 millions de streams, qui a atteint la première place au Royaume-Uni, avant de devenir la première chanson de Raye à figurer au Billboard Hot 100 américain.

cocktail détonnant de Soul, jazz et R&B

Née des amours d’une infirmière suisso-ghanéenne et d’un courtier en assurance anglais, Raye, 26 ans, a été élevée à Tooting, et a grandi dans une famille de mélomanes. Son père était d’ailleurs directeur musical dans une église locale où Raye et sa mère chantaient toutes les deux dans une chorale gospel.

La chanteuse a intégré à 14 ans la célèbre Brit School for Performing Arts de Croydon, dont les anciens élèves incluent Adele et Amy Winehouse, mais avait fini par la quitter deux ans plus tard, s’y sentant «confinée». «En tant que Britannique suisso-ghanéenne j'ai grandi avec tellement de cultures différentes. Le gospel, la soul, le jazz et le R&B étaient ce avec quoi je me sentais connectée en tant qu'artiste», avait-elle indiqué dans une interview pour Vogue.

A noter que Raye n’est pas la seule de sa fratrie à s’être lancée dans une carrière musicale - sa soeur Abby Lynn Keen est une autrice-compositrice qui a notamment écrit pour Rihanna, Ariana Grande et Selena Gomez, et son autre sœur Lauren Keen est également musicienne. 

Samedi soir sur la scène des Brit Awards, c'est avec sa grand-mère que Raye a souhaité fouler la scène où elle a par ailleurs donné une des meilleures performances live de la soirée. Un medley qu’elle a entamé au piano avec «Ice Cream Man» (un récit cru et douloureux sur les abus sexuels dans l'industrie musicale).

Entre le rap, le R&B et la soul (elle est fan de la néo-soul Jill Scott), les chansons de Raye abordent dans leurs textes des thèmes difficiles tels que les agressions sexuelles, les problèmes d'image corporelle et la toxicomanie.

Raye a confié avoir été agressée sexuellement par un producteur de musique alors qu'elle avait 17 ans. Un traumatisme qui l'a poussée vers l'alcool et les drogues. Raye a d'ailleurs récemment déclaré à Cosmopolitan qu'elle souffrait toujours de stress post-traumatique et d'attaques de panique. Alors qu'elle se produisait à Glastonbury en 2023, elle avait déclaré : «Cette prochaine chanson parle d'abus sexuels, de viol et de violence sexuelle. Et je sais que c'est lourd, d'accord. Mais je sais aussi qu’un homme et une femme sur quatre connaîtront cela au cours de leur vie. Donc je sais que je ne suis pas seule quand je chante ça aujourd'hui». Un témoignage fort pour toutes les victimes qui participe à lui conférer l'image d'une artiste courageuse.

La récupération de sa voix par Raye démontre que le modèle traditionnel de l'industrie musicale est en train de changer, bousculé par des artistes féminines qui ne s'en laissent plus conter, à l'instar de Taylor Swift qui, aux prises avec Big Machine Records, a fini par reprendre le contrôle sur sa musique en réenregistrant ses premiers albums.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités