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Full Metal Jacket : voici pourquoi le film de Stanley Kubrick a été un véritable parcours du combattant

Matthew Modine incarne le personnage de Guignol dans le film. [© Warner Bros. Home Entertainment ]

En 1987, «Full Metal Jacket» voyait Stanley Kubrick se pencher sur la guerre du Vietnam et le quotidien des soldats américains engagés dans le conflit. Un film dont le tournage aura été un véritable parcours du combattant pour toutes les personnes impliquées.

Une véritable galère. Le niveau d’exigence maladif de Stanley Kubrick est depuis longtemps entré dans la légende hollywoodienne. Celui-ci fut à l’œuvre dès le lancement de la production de «Full Metal Jacket», un film sur la guerre du Vietnam, né de sa rencontre avec l’auteur et correspondant de guerre Michael Herr, ainsi que de la lecture du livre «The Short-Timers», dans lequel le vétéran Gustav Hasford décrit son expérience en Asie du Sud-est.

L’écriture du scénario représentera la première difficulté, Stanley Kubrick ayant rédigé une première version qu’il enverra ensuite à Michael Herr et Gustav Hasford, exigeant de leur part une relecture minutieuse, accompagnée de notes, en plus d’autres instructions. Connu pour le côté autoritaire de son processus d’écriture, Stanley Kubrick renverra par la suite à plusieurs reprises le scénario modifié par ses soins à ses deux collaborateurs, jusqu’à ce que le document final lui convienne. Un procédé qui sera à l’origine de profonds désaccords sur l’identité finale de l’auteur du scénario.

Un casting éprouvant

Selon la biographie de Stanley Kubrick de Vincent LoBrutto publiée en 1998, le réalisateur aurait visionné plus de 800 vidéos d'auditions afin de sélectionner les comédiens du film. Le personnage principal, surnommé Guignol, devait être confié à Anthony Michael Hall («Toutes folles de lui») avant qu’un désaccord financier ne le pousse à décliner la proposition. Bruce Willis s’est vu proposer le rôle, mais il était déjà engagé sur la série «Clair de lune».

Val Kilmer a passé l’audition, avant d’apprendre que Stanley Kubrick avait personnellement choisi Matthew Modine (qui lui ne l'avait pas passée). Une décision qui a enragé l’acteur de «Willow», qui n’hésitera pas à s’en prendre au réalisateur en le croisant un jour dans un restaurant. C’est grâce à Matthew Modine que Vincent D’Onofrio, un ami à lui qui travaillait alors comme portier dans un Hard Rock Cafe, a rejoint le casting. Engagé sur «Running Man», Arnold Schwarzenegger sera considéré pour le rôle d’Animal Mother, qui sera finalement confié à Adam Baldwin après son refus.

Aussi, «Full Metal Jacket» ne serait pas le même film sans la présence de R. Lee Ermey dans le rôle du Sergent instructeur Hartman. Ancien instructeur de l’armée, il avait été embauché initialement comme consultant sur le tournage. Au départ, Stanley Kubrick avait estimé qu’il n’était pas assez vicieux pour incarner le personnage. Devant l’insistance de R. Lee Ermey, et surtout son charisme et son talent naturel, le réalisateur finira par céder, Kubrick le considérant finalement comme un choix indiscutable pour le rôle.

Des conditions de tournage déplorables

Notoirement connu pour sa phobie de l’avion, Stanley Kubrick a fait le choix de reproduire une zone de guerre se déroulant en Asie du Sud-est… en Angleterre. Plusieurs lieux ont servi de décors, dont une ancienne usine à gaz de Londres où les comédiens seront exposés quotidiennement à des substances cancérigènes et de l’amiante présentes sur le site pollué. Matthew Modine décrira les douches cauchemardesques prises après chaque jour de tournage où la couleur de l’eau virait au bleu en raison des résidus chimiques qui recouvraient leurs corps.

Stanley Kubrick parviendra à récupérer des tanks, des hélicoptères, et toutes sortes d’armes afin de récréer le plus fidèlement possible la guerre à l'écran. Il fera également importer des arbres d’Espagne, ainsi que des modèles de plantes tropicales en plastique fabriqués à Hong Kong pour créer l’illusion d’une végétation typique d’Asie du Sud-est. Les scènes les plus difficiles furent tournées dès le lancement de la production, afin de permettre aux équipes de travailler dans une ambiance plus décontractée par la suite. Ce qui ne fut pas forcément le cas.

Accident et dispute

Au moment de tourner les scènes de la première partie du film, celles concernant la formation des soldats, une catastrophe est survenue. R. Lee Ermey, choisi pour incarner le Sergent instructeur Hartman, s’est retrouvé impliqué dans un accident de la route qui a failli lui coûter la vie. Avec les côtes brisées sur toute une partie du buste, il a été contraint de se mettre à l’arrêt pendant plus de quatre mois, ce qui aurait pu mener à l’annulation du film.

Le plateau de tournage a également été le théâtre d’une dispute d’ampleur entre Matthew Modine et Vincent D’Onofrio. Fidèle à son personnage dans le film, le premier aimait bien titiller ses collègues de travail avec des traits d'humour. Ce qui avait le don d’exaspérer le second. Très investi dans un personnage pour lequel il avait accumulé de nombreux kilos en trop, Vincent D’Onofrio avait rapidement réussi à s'attirer l’inimitié de ses collègues, certains lui reprochant son comportement étrange.

Selon la rumeur, la scène où son personnage est frappé par les apprentis soldats – à coups de savon placé dans leur serviette de bain – s’est révélée un peu trop réelle. Heureusement, Matthew Modine et Vincent D’Onofrio auront vite fait d'enterrer la hache de guerre à la fin du tournage, et sont depuis restés de très bons amis.

Loin d’être considéré comme un des meilleurs films de la carrière de Stanley Kubrick au moment de sa sortie en salle en 1987, «Full Metal Jacket» n’en reste pas moins un long-métrage acclamé pour son commentaire sur la guerre et les dégâts humains – aussi bien physiques que psychologiques – qu’elle inflige. Le film affiche aujourd'hui 90% d’avis favorables sur Rotten Tomatoes.

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