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A Davos, Macron en équilibriste du libéralisme

Emmanuel Macron à Davos en Suisse, le 24 janvier 2018  [Fabrice COFFRINI / AFP] Emmanuel Macron à Davos en Suisse, le 24 janvier 2018. [Fabrice COFFRINI / AFP]

Il défend en anglais ses réformes libérales pour adapter la France à la mondialisation, puis dénonce en français les excès du dumping fiscal et social de cette même mondialisation : à Davos, Emmanuel Macron a joué les équilibristes.

Devant une salle comble, dans un long discours très attendu par les patrons et dirigeants politiques rassemblés à Davos, le président français a commencé par défendre, en anglais et pendant vingt minutes, ses réformes pour «rendre la France plus compétitive» et «plus flexible».

Parmi elles, sa réforme du code du travail qui donne plus de place aux accords d’entreprises, la réforme de l'accès à l'université ou encore le plan formation qu'il compte déployer.

«En France, nous corrigions les inégalités avec des taxes et des normes, mais sans les empêcher. Cela avait affaibli notre compétitivité», a-t-il plaidé, rappelant aussi son plan sur cinq ans de baisse d'impôts sur les sociétés, sur la fortune, sur les revenus financiers ainsi que sur les ménages. «France is back», «la France est de retour», s'est-il félicité, et «au cœur de l'Europe».

Son discours de promotion de la France auprès des décideurs s'inscrit dans le droit fil du sommet «Choose France» qu'il a organisé lundi à Versailles, en conviant 140 chefs d'entreprises, parmi lesquelles des multinationales telles que Google, pour les convaincre d'investir dans l'Hexagone.

Revenant ensuite au français, Emmanuel Macron a longuement dénoncé une mondialisation «qui traverse une crise majeure» à cause d’États qui jouent sans limite chacun «leur propre approche». Et de réclamer dans tous les domaines des «stratégies coordonnées».

«La France était très décalée par rapport au reste de l'Europe car elle était très au-dessus de la moyenne européenne» en termes de fiscalité. Et si on accroît les impôts «les talents s'en vont», a-t-il fait valoir.

Course vers le bas

Mais actuellement dans le monde, «la dynamique est d'expliquer aux gens que la bonne réponse c'est d'en faire toujours moins, de baisser nos impôts». «Il n'y a pas de limites. Race to the bottom (la course vers le bas). Sur le social, c'est pareil», s'est-il exclamé dans le même élan.

«Quand on regarde le droit social, le fiscal, ces sujets qui fondaient le cœur d'un État, nous avons un affaiblissement continu», a-t-il poursuivi. «Si on recherche un avantage comparatif on est toujours tiré vers le bas».

S'adressant aux entreprises, il leur a aussi demandé de «renoncer à l'optimisation fiscale à tout crin» et appelé les Etats à s'organiser ensemble pour que les géants du numérique «paient des impôts».

Sans coopération internationale sur la fiscalité, «jamais nous ne convaincrons les classes moyennes que la mondialisation est bonne pour elles», a-t-il dénoncé.

«Détricoter»

Il a aussi regretté l'absence d'harmonisation fiscale en Europe où certains États, comme l'Irlande, ont fixé un impôt sur les sociétés extrêmement faible pour attirer les entreprises étrangères.

«Dans mon pays, si je ne redonne pas un sens à cette mondialisation, dans 5, 10, 15 ans, ce seront les nationalistes, les extrêmes qui gagneront, et ce sera vrai dans chaque pays», a-t-il martelé.

"Il faut aussi arrêter la tendance à détricoter le droit social pour s'ajuster à la mondialisation" en demandant à des pays de réduire les filets de sécurité sous le minimum indispensable, a ajouté le chef de l'Etat français.

La France, qui avait l'impôt sur les sociétés le plus élevé d'Europe, devrait revenir à un taux de 25% en 2022, mais la plupart de ses voisins l'ont déjà beaucoup plus réduit. Angela Merkel et son homologue français ont de nouveau appelé vendredi dernier à une harmonisation de cet impôt dans l'Union européenne.

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