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Alexandra Lamy : «Le film est plus ou moins tiré d'une histoire vraie»

Alexandra Lamy porte le premier long métrage de Nathalie Marchak, «Par instinct». Alexandra Lamy porte le premier long métrage de Nathalie Marchak, «Par instinct». [Copyright JC Lother / Version Originale / Condor]

Alexandra Lamy est à l'affiche cette semaine du film «Par instinct». Dans ce drame actuel et poignant, elle y campe une femme qui, en voyage d'affaires à Tanger, va tout faire pour protéger un bébé et sa mère réfugiée. 

Comment le projet du film «Par instinct» est-il parvenu jusqu’à vous?

Il y a huit ans, Nathalie Marchak et moi nous sommes rencontrés complètement par hasard durant un stage d’écriture de scénario. Nous étions côte à côte et elle m’a proposé de lire son scénario. Je l’ai trouvé génial. J’ai trouvé que pour un premier film, c’était assez gonflé. Elle a essayé de le monter mais ça a été difficile. Et puis à l’époque, je n’avais pas encore le nom pour monter ce genre de long métrage. Nous avons attendu et au bout de quelques années, elle a entrepris le tournage avec une autre comédienne. Puis l'actrice choisie n'a pas pu faire le film finalement. Alors Nathalie m'a rappelé. Ce qui est incroyable, c'est que c'était moi qui lui avait conseillé de monter le film avec une autre actrice. Mais le jour où je lui ai dis ça, comme une intuition, avant de raccrocher, je lui ai dit «mais tu verras, tu seras obligée de me rappeler, ce sera moi qui le ferai». Je l’ai dit comme ça, pour plaisanter. Et finalement, c'est exactement ce qui s'est passé.

Comment s'est passé le tournage?

Comme cela fait plus de huit ans que Nathalie porte le film, le premier jour de tournage était très émouvant. Nous étions très touchées que ce scénario prenne enfin vie. Le tournage a été difficile parce qu’on n’avait pas beaucoup de moyens. On avait un budget assez serré avec des journées intenses. Le Maroc est un pays que j’adore mais j’ai découvert Tanger et j’ai adoré cette ville. C’est une ville qui est à la fois typique et cosmopolite.

Quelles sont les motivations de Nathalie Marchak pour traiter de ce sujet?

Le film est plus ou moins tiré d'une histoire vraie. Elle est allée au Maroc, auprès de ces femmes. En outre, Nathalie vient d’une famille qui vient des Pays de l'Est qui a connu ce genre d'exil. Et ce genre de sujet la touchait. 

Depuis quelques années, on vous voit volontiers jouer davantage dans des drames.

Oui complètement. Mais les choses se sont faites un peu comme ça. Moi, ce qui m’intéresse, c’est avant tout de raconter des histoires, que ce soit un drame ou une comédie. Depuis François Ozon, Sandrine Bonnaire… D’un coup, parce que j’ai fait du drame, on s’est dit « ah ben tiens c’est une comédienne ». Mais on le sait tous, la comédie c’est le plus difficile à faire pourtant. Mais je ne sais pas pourquoi la comédie n’est pas noble alors que le drame l’est. Je viens du drame en réalité. J’étais au Conservatoire et je n’étais pas du tout connue comme une comédienne de comédie. C’est vraiment «Un gars, une fille» qui m’a amenée à la comédie. C’est grâce à ce programme que j’ai appris la comédie parce que c’est ce qu’il y a de plus difficile. D’ailleurs, j’ai souvent plus de stress avec une comédie qu’avec un drame. La comédie ne pardonne pas. S’il n’y a pas de rythme, si c’est mal écrit, mal réalisé, c’est une catastrophe. La comédie est tellement précise...

Le film parle des réfugiés mais particulièrement du sort et des violences faites aux femmes réfugiées.

Il faut savoir une chose, c’est que le trafic humain rapporte 32 milliards de dollars dans le monde. Je parle des dons d’organe et de toutes ces choses abominables. Il y a quelques années, il y avait eu des jeunes filles nigérianes qui avaient été enlevées et qui se sont retrouvées à servir d’objets sexuels pour les soldats. Des manifestations avaient eu lieu à Paris. Ça, ce sont des choses qui arrivent tout le temps. Et ce qui est terrible, c’est qu’on le sait tous que ça existe. Mais aujourd’hui, avec la cadence des informations, on voit tellement d’horreur que l’horreur dans l’horreur, on ne sait plus… On fait des manifestations, mais on sait que ça ne servira à rien. Et c’est monstrueux de savoir qu’il y a quand même 200 jeunes filles, qui pourraient être les nôtres, et qui servent d’objets sexuels. C’est atroce. Ça me rend folle. Sachant que ça rapporte 32 milliards de dollars, ça va être très très long avant que tout ça ne change malheureusement !...

Quand vous faites un film comme celui-là, c'est en tant que citoyenne engagée, féministe, en tant que mère?...

Je m’engage en tant que mère et féministe. Je suis féministe même si ce mot de féministe me fait toujours un peu peur parce que je ne veux pas que dans ce mot féministe on exclut les hommes. Parce qu’il y a des hommes féministes et parfois ils le sont même plus que nous. Parfois, on peut davantage compter sur les hommes pour prendre des positions pour les femmes. Parfois, en tant que femme, on n’est pas toujours très solidaire. Je suis très féministe. D’ailleurs, ça agace un peu ma sœur et ma fille parce que je suis pour la parité. Pas pour l’égalité parce que personne n’est égaux mais pour la parité. Je trouve qu’on a fait un pas en France mais aujourd’hui j’ai l’impression qu’au contraire, cela recule. Je crois qu’il n’y a que cinq pays réellement démocratiques et laïques dans le monde. C’est très peu parce que la laïcité permet aussi la parité... permet que les femmes existent. Les religions… je ne sais pas ce qu’on leur a fait, mais pour les femmes c’est un enfer. Chez l'une, on est voilé, chez les catholiques on est soit une prostituée, soit une vierge… C’est catastrophique. Ça fait des milliers d’années que la femme est montrée comme le péché. Il faut se battre. On a la chance d’être en France, mais dans d’autres pays, la liberté des femmes recule. C’est effarant. Ça me fait mal de me dire qu’il y a des petites filles qui n’ont pas le droit d’aller à l’école parce qu’elles sont des filles et qu’elles n’ont pas le droit d’être soignées. C’est atroce.

Qui est l’actrice Sonja Wanda, qui joue le rôle de Beauty dans le film? 

Elle est norvégienne. C’est un top model. Nathalie faisait un casting un peu partout parce qu’il fallait une actrice qui parle anglais sans accent français. Elle a donc choisi de faire appel à une anglophone. Sonja avait très envie de faire ce film, elle s’est battue pour rencontrer Nathalie. Elle a fui le Soudan avec sa mère et sa petite sœur. Elle n’a plus jamais revu son père… Cette histoire lui parlait beaucoup. Le tournage a été difficile pour elle parce que Nathalie lui rentrait dedans pour qu'elle soit juste. C’était assez intense. Sonja a accepté ce jeu-là pour dépasser ses limites et elle a été extraordinaire.

Quels sont vos prochains projets cinématographiques?

J’ai fait un film avec Franck Dubosc, sa première réalisation qui s’appelle «Tout le monde debout». Le film sort le 14 mars et c'est avec Elsa Zylberstein, Gérard Darmon, François-Xavier Demaison… C’est une comédie romantique extrêmement drôle et touchante qui raconte l’histoire d'un dragueur invétéré, interprété par Franck Dubosc, et qui pour séduire quelqu’un est capable de mentir sans problème. Un jour, par un concours de circonstances, il se fait passer pour une personne handicapée et tombe amoureux d'une femme qui est aussi en fauteuil roulant. J’étais très touchée que Franck vienne me chercher pour faire ce film parce que c’est quelqu’un de très bosseur. Et parce qu’en plus, je ne le connaissais pas plus que ça.

Sinon, je joue également dans le prochain film de Mathieu Sapin, «Le Poulain», qui est une pantalonnade politique. Pour le coup, ça, c’est une vraie comédie grinçante. A la fois très drôle et très dure. On ne représente personne en particulier parce que Mathieu ne voulait pas qu’on soit de droite ou de gauche... C’est un film sur les Primaires. Finnegan Oldfield est le poulain, ce petit jeune qui débarque dans ce milieu de la politique en pleine primaires avec un personnage qui est le mien qui est députée et attachée de com. Quelqu’un qui change très vite de veste quand ça sent bon ailleurs. Je joue avec Valérie Karsenti, Philippe Katerine et Gilles Cohen. Je me suis beaucoup amusée à faire ce personnage parce que c’est un genre que j’avais moins fait avec mon côté blondinette, souriante… En fait, je suis peste dans ce rôle et c’était la première fois que je faisais un rôle comme ça. 

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