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Paysan Breton veut se diversifier

Des pots de crème fraîche Paysan Breton à l'usine Laïta d'Yffiniac le 24 avril 2013 [Fred Tanneau / AFP] Des pots de crème fraîche Paysan Breton à l'usine Laïta d'Yffiniac le 24 avril 2013 [Fred Tanneau / AFP]

En pleine crise du lait, la marque de produits alimentaires Paysan Breton, numéro deux français du beurre, cherche à se diversifier vers des productions à plus forte valeur ajoutée, dans l'espoir de s'affranchir de la dictature des cours mondiaux et de garantir le revenu de ses producteurs.

La coopérative laitière Laïta, qui exploite la marque, vient d'investir 100.000 euros dans une ligne de production de crème fraîche dans son usine d'Yffiniac, près de Saint-Brieuc. Les premiers pots blanc et rouge ont commencé à sortir en mars à la cadence de 3.600 à l'heure.

La coopérative, numéro trois du lait en France après Lactalis et Sodiaal, entend profiter ainsi d'un marché en hausse, qui a progressé de 5,2% en 2012 grâce à la vogue du "fait maison", explique Marie-Paule Pouliguen, directrice du marketing et du développement chez Laïta.

En comparaison, "le beurre est un marché atone", reconnaît Mme Pouliguen, alors que Paysan Breton est la deuxième marque nationale de beurre derrière Président. Le marché du beurre a régressé de 4,4% au cours des cinq dernières années.

Du côté du lait, le secteur est étranglé par la flambée des cours des matières premières nécessaires à l'alimentation du bétail et une grande distribution qui pousse les prix à la baisse. Distributeurs et industriels de l'agroalimentaire ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la hausse de 25 euros pour 1.000 litres proposée au début du mois avec l'appui du gouvernement.

Témoin des difficultés du secteur, le chiffre d'affaires de la coopérative (tous produits confondus) a stagné l'an dernier à 1,159 milliard d'euros, alors qu'il avait progressé de 12% en 2011.

Des vaches dans un rayon de 50 km

"Avec le lait en poudre, on dépend des cours mondiaux. On ne maîtrise rien et les producteurs de lait subissent l'effet conjoncturel mondial", remarque Mme Pouliguen à l'occasion d'une visite de la nouvelle installation.

En conséquence, "il faut que nous développions des produits à forte valeur ajoutée pour être moins sensibles aux aléas mondiaux et pouvoir honorer des paiements décents à nos 3.500 éleveurs", explique-t-elle.

Pour l'heure, le secteur de la crème fraîche est largement dominé par les marques de distributeur (65% du total), loin devant Yoplait (Sodiaal), qui détient 21% du marché, Elle-et-Vire (2,5%) et Président (2%). Paysan Breton, qui vise une part de marché de 3% d'ici deux à trois ans, est décidé à se positionner sur le haut de gamme, avec un pot de 45 cl vendu au prix conseillé de 1,80 euro, très au-dessus des prix des marques de distributeur, qui évoluent aux alentours de 1,25 euro.

"On ne veut pas se bagarrer sur les prix", assure Mme Pouliguen. "Il faut qu'on puisse payer le litre de lait à nos agriculteurs". Ces derniers n'en ont pas moins manifesté mi-avril devant la coopérative pour exiger une hausse du prix qui leur est versé.

Laïta, issue en 2009 de la fusion des coopératives Triskalia, Terrena et Even, s'est déjà diversifiée dans les fromages, les crêpes et les pâtes à tartiner. Paysan Breton, sa marque phare à côté de ses autres marques Régilait et Mamie Nova, espère fidéliser le consommateur avec une image proche du terroir, sans colorant ni arômes artificiels ni conservateurs. Elle assure par exemple que son lait transformé en crème fraîche est collecté dans des fermes jamais distantes de plus de 50 km du lieu de transformation.

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