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Merkel veut reprendre la main sur la sortie du nucléaire

De g à d: la chancelière allemande Angela Merkel, le président allemand Joachim Gauck, le ministre de l'Environnement sortant Nobert Röttgen et son successeur Peter Altmaier, le 22 mai 2012 à Berlin[AFP]

Un ministre congédié à la hâte, des cafouillages dans le solaire comme dans l'éolien, et la menace diffuse de coupures de courant : l'Allemagne, qui voudrait être un modèle de sortie du nucléaire, voit patiner sa transition énergétique.

La chancelière Angela Merkel réunit mercredi à Berlin les chefs des puissants Etats régionaux pour redonner des couleurs à la "Energiewende", processus pour sortir le pays à grande vitesse du nucléaire, d'ici 2022.

L'enlisement de cette transition énergétique, annoncée peu après la catastrophe de Fukushima et en totale rupture avec la stratégie auparavant "pro-atome" de la chancelière, a déjà fait une victime.

La semaine dernière, Mme Merkel a congédié de manière fort sèche son ministre de l'Environnement Norbert Röttgen, jugé responsable par ailleurs d'une cuisante défaite du camp conservateur lors d'un scrutin régional majeur.

La chancelière, parlant d'une nécessaire "rupture d'ordre personnel", a nommé à sa place l'un de ses principaux bras droits, Peter Altmaier. Commentaire de la presse: la transition énergétique "devient l'affaire de la patronne".

Laquelle, après avoir mis au pas le ministère de l'Environnement, va devoir aussi faire plier les Etats régionaux.

Ceux-ci bloquent au Parlement une réforme censée rendre l'électricité photovoltaïque moins dépendante de l'Etat et moins coûteuse pour les ménages, en baissant le prix de vente garanti à ses producteurs.

Les Länder craignent que cette réforme n'aggrave les difficultés de cette industrie, moribonde pour cause de féroce concurrence chinoise.

Mais le solaire n'est pas le seul secteur à problèmes dans les énergies renouvelables, censées peser d'ici huit ans 35% de la production électrique allemande, contre 20% aujourd'hui, et prendre le relais des neuf réacteurs nucléaires encore en activité.

Berlin compte sur l'installation en masse de parcs éoliens en haute mer mais bute sur de gros retards.

Le géant industriel allemand Siemens subit par exemple des pertes à répétition en raison de son incapacité à raccorder en temps et en heure ces éoliennes marines au réseau terrestre.

Son patron Peter Löscher reconnaît avoir "complètement sous-estimé la complexité de ces projets".

Autre souci pour Mme Merkel: les centrales à gaz, censées se multiplier pour faire contre-poids aux renouvelables les jours de grisaille et d'absence de vent, manquent à l'appel.

"Pour de nombreux opérateurs, il n'est pas rentable de construire de nouvelles centrales à gaz car elles risquent de ne pas fonctionner assez pour être rentabilisées", explique à l'AFP un porte-parole de l'Agence fédérale des réseaux allemands.

Pour hâter la transition énergétique, l'Allemagne a décrété que l'électricité produite par des sources renouvelables était prioritaire sur le réseau, réduisant les centrales conventionnelles à gaz et à charbon au rôle de suppléantes.

Un autre défi de la chancelière mercredi est de convaincre les Etats régionaux de doper la construction de nouvelles lignes électriques, très impopulaires auprès des populations locales.

Selon le gouvernement, il faudrait 1.800 kilomètres de nouvelles lignes en particulier pour relier les industriels du sud du pays aux éoliennes du nord. Jusqu'ici seulement 200 kilomètres ont été construits.

L'état du réseau et les cafouillages de la transition valent à l'Allemagne de vivre avec la crainte diffuse d'un "black out", une coupure de courant généralisée.

Elle y a échappé l'hiver dernier, mais l'Agence des réseaux a reconnu que pendant les quelques jours de grand froid en février la situation avait été "très tendue", rendant nécessaire le recours à des centrales de réserve en Autriche.

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