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Tallinn teste les transports publics gratuits

Un bus des transports publics dans une rue de Tallinn, le 9 janvier 2013 Un bus des transports publics dans une rue de Tallinn, le 9 janvier 2013 [Raigo Pajula / AFP]

Des autobus gratuits pour décourager la circulation automobile? Tallinn est la première capitale européenne à instaurer la gratuité des transports publics pour tous ses habitants, afin de réduire les embouteillages et la pollution.

Depuis le début de l'année, les Tallinnois doivent valider une nouvelle carte verte en montant dans les bus, tramways et trolleybus, mais le trajet en lui-même est gratuit.

"C'est encore tellement nouveau, j'oublie régulièrement de le faire", dit à l'AFP Pavel Ilmjarv, 19 ans, en montant dans le bus no 5 dans le centre de la capitale estonienne.

"Avant, j'avais une carte mensuelle et je n'avais pas besoin de la valider à chaque fois. Mais je ne vais pas me plaindre: la gratuité des transports, c'est super pratique, j'adore", ajoute-t-il.

La gratuité est réservée aux quelque 420.000 habitants de Tallinn. Seule la carte magnétique personnelle, attestant de leur qualité de résident de la ville, est payante (2 euros).

"On a eu cette idée il y a juste un an et on a constaté que dès les premières semaines le nombre de gens utilisant les transports publics avait augmenté, donc nous avons déjà décidé d'augmenter le nombre de bus en service", explique à l'AFP le maire adjoint de Tallinn, Taavi Aas. La moitié des habitants de Tallinn ont déjà utilisé le nouveau système, selon la mairie.

Mais pour la municipalité, la gratuité a un coût. "Cette année nous ne bénéficierons pas des 12,4 millions d'euros provenant de la vente de titres de transport, somme qui couvrait environ 23% de la totalité des coûts du transport public à Tallinn", précise Toomas Pirn, porte-parole de la municipalité.

"Une partie de cette somme est compensée par l'augmentation du volume des taxes correspondant à l'arrivée de nouveaux habitants - l'année dernière la population de Tallinn a augmenté de 3.686 personnes et elle continue d'augmenter", dit-il.

De nombreux Tallinnois qui déclaraient jusqu'alors leur chalet d'été comme résidence principale, se sont enregistrés à Tallinn pour bénéficier de la gratuité des transports publics, augmentant avec leurs impôts locaux les recettes de la municipalité.

Le but de l'opération est de lutter contre les embouteillages et la pollution.

"Nous espérons limiter le nombre de voitures en circulation en ville et réduire ainsi la pollution de l'air. Des études ont montré que ce sont les voitures qui polluent le plus à Tallinn", assure M. Pirn.

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Des passagers dans un bus des transports publics à Tallinn, le 9 janvier 2013
 

Il est cependant encore trop tôt pour en mesurer l'impact.

"Jusqu'alors, environ la moitié des habitants utilisaient les transports publics. Cela prendra du temps pour évaluer le nombre de voitures qui vont rester au parking en raison de la gratuité des transports publics", estime-t-il.

Pour une famille de deux adultes et deux enfants, la gratuité devrait permettre d'économiser environ 600 euros par an. Ce qui n'est pas négligeable dans un pays où le salaire mensuel moyen est de 900 euros.

Mais dans ce petit pays de 1,3 million d'habitants, les non-résidents protestent. "Je suis étudiant à Parnu (est) et pour moi les transports publics ne sont pas gratuits. Cette mesure est très injuste pour ceux qui n'habitent pas à Tallinn. Dans les campagnes, les gens gagnent en général moins d'argent que dans la capitale", dit à l'AFP Eve, une étudiante de 26 ans. Un ticket à l'unité est vendu 1,60 euro.

Le système de gratuité étant réservé aux seuls résidents, les contrôles ont été maintenus et les fraudeurs encourent une amende pouvant aller jusqu'à 60 euros, équivalent à une allocation chômage mensuelle. Le taux de chômage est de 10% dans l'ex-Etat soviétique, devenu membre de l'UE en 2004 et de la zone euro en 2011.

Tallinn espère obtenir le titre de Capitale verte de l'Europe, attribué cette année par la Commission européenne à Nantes, en France.

"Nous espérons avoir ce titre en 2018. Le fait d'être la première capitale européenne à instaurer la gratuité des transports en commun pour tous ses habitants va nous aider à le remporter", dit le maire adjoint Taavi Aas.

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