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Les pingouins de Humboldt menacés d'extinction

Un pingouin de Humboldt, dans le zoo de Santiago, le 3 avril 2013 [Martin Bernetti / AFP] Un pingouin de Humboldt, dans le zoo de Santiago, le 3 avril 2013 [Martin Bernetti / AFP]

Des dizaines de pingouins de Humboldt, une espèce menacée qui niche seulement au Chili et au Pérou, prennent le soleil sur l'îlot du Petit Oiseau, sur la côte centrale chilienne: auparavant, ils étaient des milliers mais l'activité humaine, les courants marins et les rats mettent leur survie en danger.

De tous les pingouins du Chili, ceux de Humboldt vivent le plus au nord du pays. Au Pérou, où ils constituent la seule espèce de pingouins recensée, ils se trouvent sur les îles de Callao et dans la réserve nationale de Paracas.

Mais ils sont de moins en moins nombreux.

Sur l'îlot du Petit Oiseau, dans la station balnéaire de Algarrobo, à 120 km à l'ouest de Santiago, on en a vu jusqu'à 20.000. Ils ne sont que 500 aujourd'hui.

"Avant, c'était rempli de pingouins et d'oiseaux, mais avec le temps, ils ont commencé à diminuer", raconte à l'AFP Ruben Rojas, un pêcheur, en désignant un îlot ovoïde de 200 mètres de diamètre et de 40 m de haut.

Des pingouins de Humboldt dans le zoo de Santiago, le 3 avril 2013 [Martin Bernetti / AFP]
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Des pingouins de Humboldt dans le zoo de Santiago, le 3 avril 2013
 

Petit Oiseau a été déclaré sanctuaire de la nature en 1978, lorsqu'il a été relié au continent par une digue de ciment de 150 mètres pour permettre la construction de la Confrérie nautique du Pacifique austral, un yacht club select.

Pour les habitants, cette digue a marqué le déclin progressif de la faune et de la flore de l'îlot.

Ces derniers mois (durant l'été austral), les craintes de la population se sont vues confirmées après la diffusion d'une vidéo montrant des employés du yacht club détruire des oeufs de pingouins pour éviter leur prolifération, ce que dément le club. Une enquête est en cours.

"S'ils les exterminent tous, on en finit avec les déjections qui font que l'île sent mauvais", présume Ruben Rojas, pour tenter d'expliquer leur geste.

Assurance vie

Au Chili, les pingouins de Humboldt sont considérés comme "vulnérables", alors qu'au Pérou, ils sont déjà "en voie d'extinction".

Un pingouin de Humboldt dans le zoo de Santiago, le 3 avril 2013 [Martin Bernetti / AFP]
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Un pingouin de Humboldt dans le zoo de Santiago, le 3 avril 2013
 

"Une multitude de facteurs menacent une espèce qui a déjà beaucoup diminué", affirme Alejandro Simeone, directeur du département d'Ecologie et de Biodiversité de l'Université Andres Bello.

A l'heure actuelle, on ne dénombre plus que 50.000 pingouins de Humboldt dans les deux pays.

Le phénomène climatique El Niño (caractérisé par des températures anormalement élevées), la pêche au filet (où ces oiseaux se font piéger) et les rats sont les principales menaces pour l'espèce.

Le courant de Humboldt, d'où ces animaux tiennent leur nom, un courant froid chargé d'aliments, est de plus en plus souvent contré par des eaux chaudes d'El Niño, qui altèrent et éloignent la nourriture des pingouins, principalement des anchois.

Si ce phénomène se produit en période de reproduction, beaucoup d'oeufs et de petits meurent de froid ou de faim, leurs parents s'éloignant plus longtemps pour parvenir à se nourrir, revenant même parfois bredouilles.

"Mais les oiseaux sont habitués à ce type de choc. L'année suivante, l'espèce se remet. Ce qui se passe aujourd'hui c'est que la pêche prélève une partie importante des poissons et ils ne parviennent pas à s'adapter. Les facteurs s'additionnent", poursuit Alejandro Simeone.

Et si les oeufs ne meurent pas faute de soins, ce sont les rats qui les mangent.

 
 

Un programme de reproduction artificielle initié en 2009 par le parc zoologique national à Santiago a donné lieu à la naissance de six petits en captivité, un espoir pour cette espèce.

"Le programme consiste à récupérer des oeufs abandonnés à l'état sauvage (...) Ils sont ensuite placés dans des incubateurs", explique Guillermo Cubillos, responsable du bien-être animal au zoo.

"L'important est que le zoo acquière une technique très précieuse de conservation +ex situ+. Si ces oiseaux disparaissent, ils vont reproduire l'espèce en captivité. C'est comme une assurance vie", veut croire Alejandro Simeone.

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