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COP27 : «Les pays riches doivent montrer de la bonne volonté», exhorte Oxfam France

Pour Oxfam France, il est essentiel que les pays riches respectent leurs promesses en matière de financements climat. [ANDY BUCHANAN / AFP]

Le coup d'envoi de la COP27 est donné ce dimanche 6 novembre depuis Charm el-Cheikh, en Egypte. Pour Guillaume Compain, chargé de campagne climat pour l'ONG Oxfam France, cette grande conférence environnementale est l’occasion de réaliser des «avancées concrètes» pour réellement faire bouger les lignes.

Un rendez-vous capital. Ce dimanche démarre la COP27 depuis Charm el-Cheikh, en Egypte. Si les enjeux de cette conférence pour le climat sont nombreux, celui de l'aide aux pays en voie de développement, afin d'amplifier la lutte contre le réchauffement climatique, s'avère primordial.

C’est ce qu'estime notamment l’ONG Oxfam, acteur de premier plan dans l'aide au développement.

Quelles sont les attentes d’Oxfam pour cette COP27 ?

Cette COP27 est présentée comme celle de la «mise en œuvre». On en attend donc des avancées concrètes plutôt que des annonces vagues. Par ailleurs, elle se situe en Afrique, un continent durement touché par le changement climatique, à l’image de la sécheresse mortelle qui frappe actuellement la Corne de l’Afrique, et disposant de faibles moyens techniques et financiers pour y faire face.

Lors de cette COP, il est donc essentiel que les pays riches s’engagent à augmenter significativement leurs financements à destination des pays en développement, comme ils s’y sont engagés depuis des années. Les 100 milliards de dollars annuels promis ne sont toujours pas atteints, et surtout, les besoins réels sont largement plus importants : l’ONU estime que d’ici à 2030, les pays en développement auront besoin d’entre 150 et 350 milliards de dollars annuels juste pour leur adaptation. 

Quelles sont les dispositions qui doivent être prises pour financer les pertes et dommages climatiques ?

Les pertes et dommages, à savoir les catastrophes climatiques qui n’ont pas pu être évitées, augmentent chaque année à mesure que le changement climatique s’amplifie et que le nécessaire n’est pas fait pour le réduire. Il est donc impératif qu’un mécanisme financier soit créé pour flécher des financements importants vers les pays pauvres ravagés par ces catastrophes.

L’idéal serait un fond dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui garantirait une transparence, des standards et une équité entre pays pour ces financements. Car même si les pays du G7 avancent une bribe de réponse sous la forme du Bouclier Global, celui-ci n’est pas très clair et ouvre la porte à des mécanismes assurantiels qui risquent de reporter le prix à payer sur les pays pauvres.

Pouvez-vous parler des «faux-semblants des financements climats» ?

En 2009, les pays riches avaient consenti à fournir d’ici à 2020 un minimum de 100 milliards de dollars annuels aux pays en développement pour les soutenir dans leur lutte contre le changement climatique, au nom d’une responsabilité historique différente dans les émissions de gaz à effet de serre.

Pourtant, non seulement ces 100 milliards n’ont toujours pas été atteints (l’OCDE recense, pour 2020, 83 milliards de dollars déclarés) mais en plus ils ne sont pas tous fournis sous forme de dons, bien au contraire. Une analyse d’Oxfam, sortie en octobre, montre que si l’on comptabilise la part de financements climat réellement fournis sous forme de dons, on atteint plutôt entre 20 et 25 milliards de dollars en 2020.

Quels sont les blocages des pays riches que vous dénoncez ?

Treize ans après leur engagement, les pays riches n’ont toujours pas rempli leurs promesses en matière de financements climat pour les pays du Sud. Ils ne peuvent pas dire qu’ils n’ont pas eu le temps de s’y préparer. En matière de pertes et dommages, c’est encore pire. Cela fait depuis 1991 que des États insulaires comme le Vanuatu, qui risque de disparaître à cause de la montée des eaux, demandent une aide financière aux grands pays polluants pour faire face aux pertes et dommages subis.

Durant trente ans, les pays riches ont rivalisé d’excuses pour ne pas verser le moindre centime, prétextant tantôt un manque de certitudes scientifiques, tantôt que ce serait déjà couvert par d’autres dispositifs. C’est fallacieux et immoral. A la COP27, ils doivent enfin s’engager à des financements dédiés pour les pertes et dommages.

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