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COP27 : les émissions mondiales de CO2, dues à la combustion des énergies fossiles, devraient atteindre un record en 2022

Les émissions de CO2 d'origine fossile devraient augmenter de 1 % en 2022, par rapport à 2021. [Frederic J. BROWN / AFP]

Les émissions mondiales de CO2 devraient s’élever en 2022 à 40,6 milliards de tonnes (GtCO2), un record jamais atteint, selon les projections partielles réalisées par les scientifiques du Global Carbon Project et publiées ce vendredi 11 novembre.

Alors que tous les regards sont tournés vers la COP27 qui se tient jusqu'au 18 novembre prochain à Charm el-Cheikh en Egypte, ce nouveau rapport du Global Carbon Project jette un froid. Après l'accalmie suscitée par la pandémie de Covid-19, les émissions de CO2 produites par la consommation d'énergies fossiles - pétrole, gaz et charbon - vont dépasser leur niveau record en 2022. 

Or, l'augmentation du dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère due aux activités humaines est aujourd'hui la principale cause du réchauffement climatique.

Les émissions de CO2 d'origine fossile «devraient augmenter de 1 % par rapport à 2021, pour atteindre 36,6 milliards de tonnes, soit un peu plus que les niveaux de 2019 avant le Covid-19», selon les calculs des scientifiques du Global Carbon Project.

Cette hausse est portée principalement par l'utilisation du pétrole (+2,2 %), avec la reprise du trafic aérien, et du charbon (+1 %). Les émissions dues au charbon, en décroissance depuis 2014, devraient croitre de 1 % et retrouver voire dépasser leur niveau record de cette année là.

L'équipe du GCP, qui rassemble plus de 100 scientifiques de 80 institutions, calcule chaque année les émissions de CO2, ainsi que le «budget carbone» restant, soit la limite supérieure de dioxyde de carbone émis permettant de rester sous une température mondiale donnée.

Une chance sur deux de tenir l'objectif de +1,5°C D'ICI À 2030

Cette température est en effet liée à la concentration de ce puissant gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Concentration qui a «augmenté de 51 % depuis le début de l'ère industrielle, quand nous avons commencé à brûler en grande quantité les énergies fossiles», souligne l'étude.

Les scientifiques peuvent ainsi traduire en durée le «budget» restant pour respecter les objectifs de l'accord de Paris, pierre angulaire de la lutte contre le réchauffement. Mais au rythme actuel, il ne reste qu'une chance sur deux de tenir d'ici à 2030 l'objectif le plus ambitieux, à savoir : contenir le réchauffement à 1,5°C. En effet, les émissions de gaz à effet de serre devraient baisser de 45 % à l'horizon 2030 pour avoir une chance d'y parvenir.

Or, avec près de +1,2°C de réchauffement déjà enregistré, les catastrophes climatiques se multiplient déjà à travers le monde, comme l'a illustré l'année en cours, avec son cortège de canicules, sécheresses, inondations ou méga-feux...

«Nous avons enregistré certains progrès», relève la climatologue Corinne Le Quéré, autre auteure du rapport, qui souligne que l'augmentation tendancielle des émissions issues des énergies fossiles est passée d'environ 3 % par an dans les années 2000 à 0,5 % par an sur la dernière décennie. «Nous avons montré que la politique climatique fonctionne. Mais seule une action concertée du niveau de celle menée face au Covid peut infléchir la courbe», a-t-elle insisté.

2022 ne sera pas une année type

Toutefois, 2022 ne sera pas une année type dont on pourra tirer des enseignements évidents en raison des multiples crises, soulignent les auteurs de ce rapport, qui dressent néanmoins les portraits des plus grands pollueurs dans le monde. 

Parmi eux, c'est en Inde que le rebond des émissions fossiles sera le plus fort en 2022, en augmentation de 6 % en raison principalement de la consommation de charbon sur fond de forte reprise économique. Les Etats-Unis enregistrent +1,5 %. La Chine, qui devrait finir à -0,9 %, a connu une forte baisse en début d'année avec les confinements liés à la politique zéro-Covid et la crise du bâtiment, même si la vague de chaleur de l'été a ensuite causé une baisse de l'hydroélectricité et une remontée du charbon.

L'Union européenne, plongée dans la crise énergétique par l'invasion de l'Ukraine, devrait enregistrer -0,8 %, les émissions liées au gaz s'effondrant de 10 % et celles liées au charbon bondissant de 6,7 %, contre +0,9% pour le pétrole.

Le reste du monde devrait voir une augmentation de 1,7 %, principalement alimentée par la reprise du transport aérien.

Les émissions non liées aux fossiles, environ 10 % du total et principalement dues à la déforestation, sont en légère baisse. Et le réchauffement touche déjà les puits de carbone naturels, qui jouent pourtant un rôle vital pour l'atténuer. L'absorption de CO2 par les puits terrestres a ainsi été réduite d'environ 17 % et celle des océans de 4 % au cours de la décennie 2012-21.

Mais 2022 ne sera pas une année type dont on pourra tirer des enseignements évidents en raison des multiples crises, soulignent toutefois les auteurs. 

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