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Climat : les principaux points du «résumé aux décideurs» rendu ce lundi par le Giec

Parmi les conséquences délétères du changement climatique le Giec identifie, entre autres, les sécheresses, canicules et pénuries d'eau, mais aussi la prolifération des moustiques, vecteurs de maladies. [REUTERS/Sarah Meyssonnier]

Ce lundi 20 mars, les experts du Giec rendent la synthèse finale de leur 6e cycle d'évaluation. Elle doit servir de guide aux décideurs politiques dans la lutte contre le changement climatique.

Résumer 10.000 pages de rapports et recommandations sur la lutte contre le réchauffement climatique, le tout en une semaine : telle était la lourde tâche des membres du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), du 13 au 17 mars. Réunis à Interlaken (Suisse) dans cette optique, ils ont rédigé leur «résumé aux décideurs», qui doit être rendu public ce lundi 20 mars.

Cette synthèse vient conclure des années de travail et boucle le sixième cycle d'évaluation des experts climats des Nations unies, entamé en 2015. Ce «résumé aux décideurs» est censé reprendre les principales conclusions des six rapports du Giec publiés depuis 2018 et dresse la feuille de route à suivre pour contenir le changement climatique.

L'accord de Paris insuffisant

En matière de réchauffement climatique, le Giec a prévenu dès 2018 que l'objectif fixé en 2015 dans le cadre de l'accord de Paris était insuffisant. Alors que ce dernier prévoit de limiter la hausse globale des températures à 2°C par rapport à la fin du XIXe siècle, les experts climat ont assuré que seul l'objectif plus ambitieux de +1,5°C peut préserver le monde d'une grave crise climatique.

Pour y parvenir, les émissions de gaz à effet de serre doivent diminuer de 43% par rapport aux niveaux de 2019 d'ici à 2030, et même de 84% à l'horizon 2050. Un défi qui implique des «changements sans précédent et sur tous les aspects de la société».

Surtout lorsque l'on sait que, depuis, les émissions ont continué à augmenter, rendant le dépassement des 1,5°C très probable, même temporairement. Or, alerte le Giec, +1,5°C c'est 14% des espèces terrestres menacées d'extinction. Au-delà, à +2°C, 99% des récifs coraliens des eaux chaudes, qui abritent un quart de la vie marine, périront. Les récoltes des cultures vivrières, elles, déclineront.

Un réchauffement compris entre ces deux seuils risque de faire dégeler le pergélisol, cette partie du sol en théorie gelée en permanence et située dans les régions alpines, arctiques et antarctiques. Son dégel entraînerait la libération de quantités importantes de méthane. Les calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique de l'Ouest pourraient subir le même sort et causer une hausse du niveau des océans d'une douzaine de mètres.

Au sujet du réchauffement climatique, le Giec insiste sur la nécessité de le limiter au maximum et le plus tôt possible afin d'éviter les «points de basculement». Il s'agit de seuils de température qui, une fois franchis, pourraient entraîner des conséquences irréversibles.

Plus de 3 milliards de personnes «très vulnérables»

Les principaux défis auxquels l'humanité va être confrontée en raison du dérèglement climatique ont été listés par le Giec dans son rapport de 2022. Décrit par Antonio Guterres, le chef de l'ONU, comme un «atlas de la souffrance humaine», ce document montre notamment que toutes les populations ne sont pas exposées aux mêmes risques.

Selon les experts climat des Nations unies, entre 3,3 et 3,6 milliards d'individus sont «très vulnérables» aux effets du changement climatique. Il est question de canicules, de sécheresse, de pénuries d'eau mais aussi de la prolifération des moustiques, vecteurs de maladies.

D'ici à 2050, de nombreuses mégapoles côtières et des petits Etats insulaires, exposés aux submersions, connaîtront chaque année des catastrophes d'une ampleur auparavant centennale. Le rapport de 2022 prédit que tout retard dans la réduction des émissions et dans l'adaptation aux effets du réchauffement «nous fera rater l'étroite fenêtre de tir pour assurer un avenir vivable et durable pour tous».

Des ressources naturelles surexploitées

Les émissions de gaz à effet de serre liées à l'activité humaine épuisent les écosystèmes. Plus d'un tiers d'entre elles sont absorbées par les forêts, les plantes et les sols, mais la surexploitation de ces ressources relâche du CO2, du méthane et du protoxyde d'azote, qui réchauffent la planète. En parallèle, 70% des réserves d'eau douce disponible sont consommées pour l'agriculture.

Les océans absorbent eux-aussi le CO2 produit par l'homme, à hauteur d'un quart, ainsi que plus de 90% de l'excès de chaleur provoqué par les gaz à effet de serre.

Cela a conduit à une acidification des mers, qui compromet leur capacité future d'adaptation. Le réchauffement de l'eau en surface a en outre augmenté la force et la portée des tempêtes tropicales.

La fin des énergies fossiles

Quand il s'agit de réfléchir aux mesures à mettre en place pour contenir la crise climatique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre est toujours le point crucial. Selon le Giec, elle doit être «rapide, profonde» et s'opérer «dans la plupart des cas» de manière «immédiate». Cela concerne «tous les secteurs» : industrie, transports, agriculture, énergie...

Plus concrètement, les experts insistent sur la nécessité de voir les centrales au charbon qui ne sont pas équipées d'une technologie de captage du CO2 réduire leurs émissions de 70 à 90% dans les huit années à venir. L'objectif est que le monde soit neutre en carbone d'ici à 2050, ce qui impliquera d'absorber les émissions résiduelles dans l'atmosphère.

Face à ces enjeux colossaux et impératifs, le Giec note quand même un point positif : le prix des alternatives aux hydrocarbures a nettement baissé. D'après les experts, les coûts unitaires de l'énergie solaire ont notamment chuté de 85% entre 2010 et 2019, et ceux de l'éolien de 55%.

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