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Pollution de l'eau : l'Anses bannit largement le S-métolachlore, un désherbant agricole très courant

Le S-métolachlore est considéré comme une «substance cancérigène suspectée» par l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) depuis juin dernier. [Unsplash / jimbob63]

Les principaux usages du S-métolachlore, un puissant herbicide, vont être interdits en France, selon des décisions publiées jeudi 20 avril par l'Agence de sécurité sanitaire (Anses). La raison ? Des dérivés de ce pesticide ont été détectés au-delà des limites autorisées dans des eaux souterraines.

Une décision qui va à l'encontre de l'avis du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau. Jeudi, l'Anses a scellé le sort du S-métolachlore, dont le syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, réclamait le maintien «faute d'alternative».

Après plusieurs semaines de débat sur les pesticides, l’Anses a finalement signé hier le retrait des autorisations de mise sur le marché de cet herbicide, très utilisé pour le maïs, soja et tournesol.

Toutefois, un délai de grâce de dix-huit mois lui a été accordé et les stocks de ces produits, largement employés sur le maïs, le tournesol et le soja, pourront être utilisés jusqu'au 20 octobre 2024.

«Comme prévu par la loi»

Fin mars, Marc Fesneau avait demandé à l'Anses «une réévaluation de sa décision», qui priverait les agriculteurs français de ce désherbant avant que l'interdiction ne soit généralisée dans l'ensemble de l'Union européenne. «L'Anses a pris une décision en responsabilité comme prévu par la loi», a salué le député socialiste Dominique Potier, estimant qu'il n'y avait «aucun avenir pour l'agriculture dans une alimentation décorrélée de la santé publique».

L'Anses avait en effet annoncé le 15 février dernier vouloir interdire les principaux usages du S-métolachlore. Car après usage dans les champs, cette substance se dégrade en des dérivés chimiques, des «métabolites», qui se retrouvent dans les sols, les eaux de surface et eaux souterraines - et donc potentiellement dans l'eau potable.

Une substance cancérigène suspectée

Lors de «contrôles des eaux destinées à la consommation humaine, trois métabolites du S-métolachlore ont été fréquemment détectés à des concentrations dépassant les normes de qualité» fixées par la législation européenne, avait-elle indiqué, engageant en conséquence une procédure de retrait.

«Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d'une agence», avait réagi Marc Fesneau devant les agriculteurs et représentants de la FNSEA réunis en congrès.

Une charge qui avait fait réagir de nombreuses ONG environnementales et des élus, qui y voyaient une atteinte à l'indépendance de l'Anses et rappelaient que le S-métolachlore était considéré comme une «substance cancérigène suspectée» par l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) depuis juin dernier.

Pour le cas du S-métolachore, l'Anses avait été saisie en mai 2021 par le gouvernement pour réexaminer les AMM sur cet herbicide «sans attendre les décisions qui seront prises au niveau européen». Constatant une présence importante des métabolites de la substance dans les eaux, l'agence sanitaire avait dans un premier temps réduit les doses d'emploi autorisées.

Mais cela n'avait pas suffi, les produits ne respectant toujours pas les valeurs limites définies par la législation européenne. Ce constat a donc finalement conduit l'Anses à publier ses décisions de retrait.

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