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Grand Froid : -24°C à Paris, 28 cm de glace sur la Garonne... Quels ont été les pires hivers de l'histoire en France ?

En 1954 puis 1956, la France a battu des records historiques avec des allures de Grand Nord. [photo d'archive / AFP]

Le thermomètre a chuté en France depuis quelques jours. Toutefois, nos ancêtres ont connu des conditions bien plus difficiles, ayant survécu aux pires vagues de froid jamais enregistrées sur le territoire.

Les registres paroissiaux en ont témoigné. La France a connu des vagues de froid spectaculaires, bien loin de ce que nous expérimentons actuellement. Pour raviver les mémoires, voici une liste des hivers les plus difficiles de France, qui ont marqué les époques. 

1709 : Un petit âge glaciaire

Cette année-là, toute l'Europe occidentale a été recouverte par un flux d'air polaire. Début janvier, les températures affichaient constamment des degrés inférieurs à -10°C jusqu'à la fin du mois et descendaient même jusqu'à -20,5°C à Paris. 

Dans le port de Marseille et à différents points du Rhône et de la Garonne, la glace supportait le poids des charrettes, ce qui situe son épaisseur autour de 28 cm. Dans les églises, les cloches se fendaient au lieu de résonner et le vin gelait dans les bouteilles.

«Le grand hyver» est aussi appelé le tueur de moissons à cause du sol qui a gelé en profondeur. Les animaux, dont les bétails, n’ont presque pas résisté. Le froid a figé l'eau des puits, des étangs, des rivières, et des bords de mer. Le transport fluvial est devenu impossible, coupant villes de tout approvisionnement. Paris enneigé n'a pas reçu de ravitaillement entre janvier et avril. 

1789 : UNE RIGUEUR EXTRÊME

La chute des températures a été brutale et vertigineuse. Début septembre, il s'est mis à geler à Deauville puis en Vendée et en octobre, a neigé. À partir du 23 novembre, une véritable chape de glace s'est abattue sur l'Europe et tous les fleuves se sont figés. Jusqu'au 14 janvier, l'Oise a gelé entièrement et on pouvait circuler sans risque en carriole de Beaumont à Conflans, l'épaisseur de la glace atteignait alors 60 cm,.

Le froid a causé la mort de 600.000 personnes. À Paris, il faisait en moyenne -6,8°C et pendant la nuit, le thermomètre oscillait entre -15°C et -20°C. Fin novembre, la Seine s'est immobilisée pendant de longues semaines, gelée jusqu'au Havre. Il a fallu attendre le 20 janvier pour pouvoir, à nouveau, naviguer sur le fleuve.

1880 : quand sortir dehors tuait

En décembre 1879, les températures sont descendues en dessous de -10°C pendant pratiquement un mois allant jusqu’à -23,9°C à Paris Montsouris. Il s'est mis à neiger avant la Toussaint, sans fin. On comptait jusqu’à 90 cm de neige au sol à Chaumont, fin décembre.

À Paris, il était interdit d’utiliser le gaz au risque d’explosion. Le taux chômage a amplifié car il était impossible de se rendre au travail. Les habitants risquaient de mourir d’asphyxie, chez soi et dans la rue. Certains ont subi de graves blessures mortelles aux membres. Dehors, «quiconque se repose et s’endort de ne se réveille plus !», répétaient, à cette époque, les médecins. 

1954 : un hiver solidaire 

À partir de décembre, la première vague de froid s’est abattue dans le Nord de la France. Cet hiver-là, on a relevé -16°C à Strasbourg, -18°C à Nancy, et même -30°C à Wissembourg. À Dunkerque, la plage s’est transformée en banquise. Puis une deuxième vague a recouvert le pays entier. En deux jours, 85 cm de neige sont tombés à Perpignan, 40 cm à Carcassonne et 30 cm à Montpellier.

C’est cette rigueur extrême de l’hiver qui a amené l’abbé Pierre a sonné l’alarme dans un discours mémorable prononcé à la radio. «Une femme vient de mourir, gelée, cette nuit, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée.»

S’il n’égale pas les épisodes particulièrement extrêmes de 1956, 1963, 1997 et 1985, «l’hiver 54» est resté célèbre en raison de cet élan de solidarité qui s’en est ensuivi.  

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