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Mort du petit Timéo après une surdose médicamenteuse au CHRU de Nancy : l’hôpital et les deux médecins condamnés

Le CHRU de Nancy est aussi poursuivi pour la désorganisation de ses services. [JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP]

Le tribunal correctionnel de Nancy a rendu son verdict ce vendredi 5 mai, dans l’affaire de la mort du jeune Timéo, 4 ans, victime d’une erreur de dosage de médicament. Les deux médecins coupables de négligence ainsi que l’hôpital de Nancy ont été condamnés.

«On a été entendu». Ces premiers mots de soulagement ont été prononcés par Elodie Gaire, mère du petit Timéo, 4 ans, décédé en 2015 des suites d’une surdose médicamenteuse.  Le tribunal correctionnel de Nancy a rendu son verdict ce vendredi 5 mai, condamnant les deux médecins responsables de la surdose ainsi que l’hôpital de Nancy.  

La médecin cardiologue a écopé d’un an de prison avec sursis. Le tribunal a estimé qu’elle était une «médecin d’expérience, compétente», qui a «laissé l’interne se débrouiller toute seule» alors que «c’est elle la spécialiste, elle connaît le médicament et savait qu'il n’existait pas de version pédiatrique de celui-ci». Pour son avocat, Maître Frédéric Berna, il s’agit d’une «décision révoltante». Il a également déclaré qu’il ferait appel. 

La cheffe de clinique est quant à elle condamnée à six mois de prison avec sursis.  

De son côté, le CHRU de Nancy devra payer une amende de 225.000 euros assortise d’une obligation d’afficher la décision sur les portes de l’hôpital. En revanche, le tribunal de Nancy a relaxé l’infirmière initialement mise en cause.  

«Notre crainte était que la mort de notre fils soit étouffée, que personne ne soit désigné coupable et ce n’est pas le cas, c’est déjà un petit pas» a confié Julien Thuret, père de l’enfant.  

L'enfant avait reçu 16 fois la quantité requise du médicament

Admis à l’hôpital car il souffrait des jambes après avoir chuté de la moto sur laquelle l’avait fait monter son père, le jeune garçon avait d’abord passé trois semaines en unité infantile, l’équipe médicale ayant des difficultés à déterminer les causes de ses douleurs. Il avait alors été décidé de lui administrer de la colchicine, un anti-inflammatoire.

C’est dans la posologie du traitement (la dose à prendre) que le drame s’est noué. Alors que la cardiologue pédiatre, qui avait fait la prescription de façon orale, a affirmé avoir indiqué 0,5 milligramme par jour, Timéo en a finalement reçu 0,5 milligramme par kilo, soit 16 fois la quantité requise, deux jours d'affilée. Une enquête de l’ARS pointera que cette «erreur médicamenteuse grave avérée» a causé la mort de l’enfant.

Tout le monde se dédouane

Le procès, qui s’est déroulé en novembre 2022, regroupait la cardiologue, la cheffe de clinique du service, accusée de ne pas avoir vérifié la prescription (elle était responsable de l’interne qui avait en charge Timéo, celle-ci ayant été placée sous statut de témoin assisté et n’étant donc pas poursuivie), et l’infirmière qui avait préparé les comprimés à donner au jeune patient, sans se questionner sur leur nombre (huit cachets).

Lors de l'audience, les deux premières avaient cherché à se dédouaner, en tentant de se défausser sur l’interne. La cardiologue avait ainsi expliqué avoir donné les bonnes consignes à celle-ci et la cheffe de clinique avait pointé qu’elle était très peu impliquée dans le suivi de Timéo, réalisé par l’étudiante. L’infirmière avait expliqué avoir simplement suivi les consignes.

«Ce qui est frappant dans ce dossier, c'est que personne n'assume, ni ne regrette ce qui s'est passé et tout le monde se renvoie la balle», avait dénoncé le procureur dans ses réquisitions. Il avait estimé que chacune a eu un «niveau égal de responsabilité».

Un an de prison avec sursis a été requis contre les trois femmes, pour homicide involontaire. Contre le CHRU de Nancy, jugé pour la désorganisation de son service et de sa pharmacie, 50.000 euros d’amende ont été demandés.

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