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Secte internationale de yoga : quel est ce groupe dont 41 responsables ont été interpellés ce mardi ?

26 femmes, dont plusieurs étaient sous emprise, ont été libérées lors de l'opération de police menée ce mardi. [Bertrand GUAY / AFP]

Quelque 175 policiers ont été mobilisés ce mardi 28 novembre dans le cadre du démantèlement d'une secte internationale de yoga tantrique. Au total, 41 personnes ont été interpellées en France.

Sous couvert de pratique du yoga, 41 personnes sont soupçonnées de nombreuses dérives liées à une secte internationale. Elles ont été interpellées ce mardi 28 novembre en France, en région parisienne et dans les Alpes-Maritimes.

L'opération, coordonnée par l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), a mobilisé quelque 175 policiers. Elle a notamment permis l'arrestation de Gregorian Bivolaru, 71 ans, le gourou roumain fondateur du Mouvement pour l'intégration spirituelle vers l'absolu (Misa), devenu fédération de yoga Atman lors de son expansion hors de Roumanie.

D'après les informations de Libération, cet homme a déjà été condamné en Roumanie pour viol sur mineur et est recherché par Interpol pour «traite de femmes». Il fait en outre l'objet d'une information judiciaire en France depuis juillet 2023 pour «traite de personnes, «séquestration en bande organisée», «viol» et «abus de faiblesse en bande organisée par des membres d'une secte».

Il se présente comme le «chef spirituel» de la fédération de yoga Atman, implantée dans une trentaine de pays dont la France, à Paris, Nice et Poitiers notamment. Sous couvert d'enseigner le yoga tantrique, cette secte conditionne les adeptes, des femmes, «à accepter des relations sexuelles via des techniques de manipulation mentale visant à supprimer toute notion de consentement», selon une source judiciaire.

Cette dernière ajoute que les victimes étaient incitées «à accepter des relations sexuelles avec le dirigeant du groupe» et/ou à «s'adonner à des pratiques pornographiques tarifées en France et à l'étranger».

Vingt-six femmes, dont plusieurs étaient sous emprise, ont été libérées lors de l'opération de police menée ce mardi. Gregorian Bivolaru a été arrêté dans une maison d'Ivry-sur-Seine (94) dans laquelle, selon les témoignages, il recevait ses fidèles pour des «initiations sexuelles» de yoga tantrique.

Douze anciennes adeptes avaient déjà saisi la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, la Miviludes, en juillet 2022. Cette saisine avait déclenché l'enquête de l'OCRVP ayant elle-même mené à l'ouverture de l'information judiciaire, basée notamment sur les plaintes de trois victimes.

Des femmes séquestrées pendant des jours

Les informations recueillies par Libération laissent entendre qu'une dizaine de femmes étaient séquestrées pendant des jours, en région parisienne, afin d'être livrées au gourou.

Le parcours de Gregorian Bivolaru a commencé en 1990, en Roumanie, où il a d'abord fondé le Misa. Accusé de traite humaine et d'évasion fiscale dans son pays, il est parti en Suède, où il a obtenu l'asile politique en 2005, ainsi qu'une nouvelle identité. Complotiste, il a toujours assuré que les poursuites à son encontre étaient politiques et que le système judiciaire roumain était contre lui.

Pourtant, dès 2008, son mouvement a été exclu de toutes les fédérations internationales et européennes de yoga en raison de ses activités jugées «pornographiques». En 2016, Gregorian Bivolaru a été condamnée à six ans de prison en Roumanie pour viol sur mineure et extradé depuis la France. Il n'est resté qu'un an en détention et a rejoint la Finlance par la suite.

De nouvelles poursuites ont été engagées à son encontre dans ce pays puisque six femmes, adeptes de la fédération de yoga Atman, ont porté plainte pour «traite de personnes». C'est ce qui a conduit Helsinki à lancer un avis de recherche international par Interpol, en 2017.

La secte a toutefois continué à exister, toujours sous le contrôle de Gregorian Bivolaru, installé en région parisienne. D'anciennes adeptes ont affirmé que l'homme parvenait à financer ses activités en forçant ses victimes à se soumettre à différentes formes de prostitution dans des strip-clubs et des salons de massage, ou en les obligeant à participer à des films pornographiques en Roumanie, en Hongrie et en République tchèque.

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