En direct
A suivre

Autopsie d'un massacre, par Pierre Ménès

Pierre Ménès.[A MEUNIER / ICON SPORT / POUR DIRECTMATIN]

Pierre Ménès est une figure du paysage footballistique français. Ancien reporter à L’Equipe, cette intarissable grande gueule officie aujourd’hui en qualité d’expert pour le Canal football club. Tout au long de la Coupe du Monde au Brésil, il tient ses chroniques dans les colonnes de Direct Matin.

 

Nous prendrons le temps demain de reparler de la magnifique prestation de l'Allemagne, lorsque nous connaîtrons son adversaire, entre les Pays-Bas et l'Argentine, pour la finale de dimanche au Maracana de Rio de Janeiro.

Mais avant, prenons quelques minutes pour nous pencher sur le cas du Brésil. Ou plutôt de ce qu'il en reste, c'est-à-dire plus grand-chose, si ce n'est même plus rien, après sa terrible débâcle subie en demi-finale mardi soir à Belo Horizonte (7-1).

Depuis le début de cette Coupe du Monde, le quintuple champion du monde était hors du coup et souvent à la limite, seulement sauvé tour à tour par le génie de Neymar, la ferveur populaire ou un arbitrage d'une complaisance souvent douteuse. Le fait de retrouver la Seleçao en demi-finale n'avait levé aucun des nombreux doutes sur le réel potentiel et niveau d'une équipe tellement éloignée de ses prédécesseurs.

La suspension de Thiago Silva et la blessure de Neymar ont fini par achever une bête bien mal en point. Mais comment expliquer un tel surinvestissement émotionnel avec le joueur du Barça. Durant tout ce Mondial, les Brésiliens ont bien trop tiré sur ce ressort. A tel point qu'il a fini par lâcher à force de pleurer, de sangloter, d'implorer.  En cours de route, une psychologue dénommée Regina Brandao – ça ne s'invente pas _ a été appelée à la rescousse sans être d'une grande efficacité. Soit elle était nulle, soit le mal était déjà fait et vraiment très profond. Mais elle ne peut être jugée comme responsable, comment, en revanche, ne pas pointer du doigt Luiz Felipe Scolari et ses choix douteux, voire incompréhensibles ? Le sélectionneur brésilien a décidément eu tout faux sur toute la ligne. Tout faux avec Fred, transparent en attaque et incapable même de toucher seulement le ballon. Tout faux avec Willian, qui n'a jamais eu sa chance. Tout faux avec son milieu de terrain inerte sur le plan défensif et inexistant offensivement. En défense, David Luiz et Marcelo ont été contraints de surjouer et prendre beaucoup de risques. Du coup, le Brésil a encaissé quatre buts en à peine six minutes. Quatre buts comme à l'entraînement, quatre buts indignes d'une demi-finale de Coupe du Monde.

Le traumatisme risque d'être terrible. A la hauteur du désastre subi. Le Brésil va mettre un long moment pour se relever de cette invraisemblable fessée, qui va rester gravée dans l'histoire du football. Et donc on en reparlera encore dans un siècle.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités