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L’incroyable désastre parisien, par Pierre Ménès

Cette invraisemblable élimination va laisser des traces dans le camp parisien. Cette invraisemblable élimination va laisser des traces dans le camp parisien.[Dave Winter/Icon Sport]

Depuis mercredi soir, je pense à Emil Kostadinov. A ce soir terrible de novembre 1993, où la France a laissé filer, face à la Bulgarie, une qualification toute cuite pour la Coupe du monde aux Etats-Unis.

Un nul lui suffisait déjà lors du match précédent, perdu au Parc des Princes contre Israël (2-3). Pour répondre à la question qu’on ne cesse de me poser depuis deux jours, il s’agit bien là de la plus grosse catastrophe de l’histoire du football français. La monstrueuse claque reçue par le PSG au Camp Nou n’arrive que deuxième. Mais elle va laisser des traces.

Les mots me manquent pour analyser la prestation parisienne en Catalogne. De peur d’être trop méchant, probablement. Comment peut-on se présenter sur le terrain avec le short sur les chevilles, alors qu’on a remporté le match aller 4-0, avantage qu’aucune équipe n’avait réussi à renverser jusque-là ?

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Et pourtant, depuis trois semaines, on entendait parler que de la «remontada» du Barça. Souhaitée par tous les anti-PSG, redoutée par les autres. Un drôle de climat pour une équipe qui avait tellement d’avance, mais qui a peut-être pesé sur le plan psychologique. Paris a, en effet, sorti une première période affreuse à Barcelone. Les hommes d’Unai Emery ont entamé la partie tellement bas, tellement à contre-nature, tellement désolants. On peut être défensifs et dominés, on n’est pas pour autant obligés de faire des cadeaux comme sur les deux premiers buts.

Emery, qui n’a rien changé en première période, a demandé à ses joueurs de presser, enfin, à la reprise. Mais Paris s’est remis dans les ennuis sur une nouvelle erreur individuelle. Thomas Meunier a glissé sur un dribble de Neymar et l’a heurté avec sa tête. Lionel Messi a transformé le penalty. C’est le moment où Paris a enfin sorti la tête de l’eau et marqué le but tant attendu. Un long coup franc de Verratti, une bonne remise de Kurzawa pour Edinson Cavani, encore une fois décisif. Le Barça devait alors inscrire trois buts pour passer : impossible.

Que vont faire les Qataris ?

Paris a loupé deux balles de crime parfait. Marc-André ter Stegen a gagné un duel au pied sur un tête-à-tête avec Cavani, et Angel Di Maria a loupé un ballon piqué avec beaucoup d’égoïsme, parce que l’Uruguayen était seul face au but vide.

Mais bon, on s’est dit que ce n’était pas trop grave. On jouait la 88e minute lorsque Neymar a enroulé un coup franc dans la lunette de Trapp. On pensait que ce n’était qu’une péripétie. Mais deux minutes plus tard, Marquinhos, encore, a commis une faute, légère, sur Suarez, qui s’est jeté au sol dans un grand bruit de vaisselle pour la énième fois de la soirée.

On jouait les arrêts de jeu et le Barça avait encore besoin d’un but pour réussir l’impensable. Ter Stegen est monté sur les coups de pied arrêtés mais c’est Sergi Roberto qui a devancé Trapp sur un ballon de l’exceptionnel Neymar. Paris pouvait pleurer. Mais pas sur son sort.

Autant j’avais loué le travail d’Emery à l’aller, autant là, l’entraîneur basque a eu tout faux toute la soirée. En faisant jouer son équipe contre-nature dès le coup d’envoi, puis en effectuant un coaching discutable. Di Maria a été en dessous de tout. Serge Aurier avec Thomas Meunier ? Pas de Javier Pastore pour tenir la balle au milieu ?

Cette invraisemblable élimination va laisser des traces. C’est une évidence. Paris va devoir se concentrer sur la Ligue 1. Mais même si le club venait à être champion, voire à remporter un troisième triplé consécutif, rien n’effacera cet échec en huitième de finale de Ligue des champions, ce qui constitue une nette régression dans le projet parisien. Nasser Al-Khelaïfi va-t-il survivre à ce désastre ? La question est valable également pour Emery, qui a cramé son magnifique joker du match aller. Mais la question est valable aussi pour certains joueurs, qui sont là depuis un moment et qui peinent carrément à franchir le cap. Je pense tout particulièrement à Thiago Silva, qui n’a pas guidé son équipe, ni transmis la moindre once de confiance à ses coéquipiers. Mais aussi à Trapp, Matuidi, Lucas, Di Maria.

Reste à savoir ce que les Qataris vont vouloir faire de leur club. Relancer le projet ou mettre la pédale douce ? Je ne pense pas qu’ils aient la réponse dès aujourd’hui. Ils sont sûrement encore trop déçus. Ils ne sont pas les seuls. 

 

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