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Pierre Ménès : «Ma résurrection sera mon retour au CFC»

Avant de faire son retour au Canal Football Club, Pierre Ménès sort le livre «Deuxième mi-temps».[Twitter]

Moins de quatre mois après avoir subi une greffe du rein et du foie, Pierre Ménès va faire son grand retour, dimanche 2 avril, sur le plateau du Canal football club (sur Canal+ à 19h10).

En attendant, le célèbre chroniqueur raconte dans un livre intitulé Deuxième mi-temps (éditions Kero) cette terrible épreuve.

Comment allez-vous trois mois et demi seulement après votre double greffe ?

Je vais du mieux possible. Mais les médecins sont très contents des résultats. Pour le foie, s’il n’y a pas de rejet dans les quinze premiers jours, c’est une affaire qui roule. A condition de prendre les médicaments anti-rejet. Comme m’a dit mon docteur : «Votre nouveau foie vous enterrera.» Pour le rein, il y a en revanche une surveillance plus régulière. Mais tout se passe vraiment bien.

Etes-vous complétement autonome ?

Je n’ai pas encore une autonomie physique exceptionnelle. J’ai toujours un peu de mal à marcher. Mais j’ai pu recommencer à conduire seul il y a bientôt trois semaines et me rendre à plusieurs rendez-vous sans problème. J’ai néanmoins un traitement à vie particulièrement lourd et j’ai encore du mal à marcher. J’ai un nerf qui s’est bloqué pendant l’opération. Du coup, mon pied droit ne remonte pas complétement et je marche un peu comme un flamand rose.

Avez-vous hâte de faire votre retour au Canal Football Club ?

Je suis à la fois impatient, mais j’ai l’impression d’avoir arrêté la semaine dernière. Pourtant, je dois avouer que je ne regardais plus l’émission. C’était insupportable le plateau sans moi. Mais je ne redoute pas mon retour. En revanche, je redoute la décharge émotionnelle. Les gens peuvent s’attendre à me voir chialer.

Le fait de revenir dans l’émission était-il votre principal moteur ?

Ce n’est pas pour montrer ma gueule à la télé, mais pour revenir dans la vie active. Le vrai début de ma résurrection sera mon retour au Canal Football Club. Ça voudra dire que je suis redevenu Pierre Ménès. Ma renaissance aura lieu le 2 avril. Canal+ est vraiment une famille pour moi. Je n’oublierai jamais l’attitude de tous les gens de la chaîne d’un point de vue professionnel et privé. Ça m’a aidé à tenir aussi.

Justement, comment avez-vous fait pour tenir le coup ?

Je ne sais pas. Tout le monde me dit que j’ai eu beaucoup de courage, mais je n’ai pas eu le choix. C’était ça ou mourir. Le choix était vite fait. Je me suis accroché pour moi, pour mes proches qui étaient présents pour me donner de l’amour et de la force. J’ai été très chanceux à ce niveau-là que ce soit avec ma mère, qui était près de moi tous les jours, ou ma compagne Mélissa. Elle a été formidable et je ne la remercierai jamais assez.

Vous attendiez-vous à recevoir autant d’amour ?

Pas du tout. Mais ça fait tellement chaud au cœur. Je suis quelqu’un de clivant, je le reconnais volontiers, mais j’ai reçu tellement d’amour du milieu du foot, de la télé, des anonymes sur les réseaux sociaux. Pour eux aussi je me devais de me battre.

Quand a commencé votre calvaire ?

Au mois d’avril dernier, on m’a diagnostiqué une cirrhose nash. En mai, la décision a été prise de me greffer, puis j’ai été inscrit sur la liste des receveurs en juillet avant d’être greffé le 12 décembre. En août, j’ai également été hospitalisé trois semaines car j’avais fait une encéphalopathie à la Baule. Les dialyses tous les deux jours ont suivi. Et à partir de ce moment, j’ai vécu une longue descente aux enfers jusqu’à la greffe. Et j’ai un peu disparu de la circulation.

Dans quel état étiez-vous ?

J’étais extrêmement fatigué et à bout de force. J’étais enfoncé dans mon canapé et dans l’incapacité de m’en relever seul. Je suis resté quatre mois sans pouvoir pisser. C’était vraiment atroce et terrible à vivre.

Je pense être redevenu le même, avec mon taux de conneriesPierre Ménès

Avez-vous imaginé le pire ?

J’étais obligé d’y penser. Surtout que mon père est décédé à l’âge que j’ai aujourd’hui (53 ans, ndlr) d’un cancer du foie. Et puis, j’avais très peur de me faire greffer. Je craignais de rester sur la table d’opération et ça a failli se passer d’ailleurs. Car c’était très juste au niveau du temps. A quelques jours près, je ne pouvais plus être opéré.

Vous sentez-vous miraculé ?

Je me sens miraculé parce que j’ai été opéré de justesse. Mais avant l’opération, les gens étaient très confiants sur le résultat de la greffe. Le plus compliqué était d’attendre les organes qui doivent venir du même donneur.

Comment s’est passé le jour de votre greffe ?

Mon téléphone a sonné à 4h du matin et, exceptionnellement, je dormais. Mélissa m’a préparé en un rien de temps. Pour elle, c’était une très bonne nouvelle, alors que moi j’avais du mal à prendre conscience. Pendant le transport vers l’hôpital, les ambulanciers m’ont parlé de foot et j’ai répondu un peu vaguement. Quand je suis arrivé à l’hôpital, je ne sais pas si je me suis endormi ou si je suis tombé dans les pommes, je ne me souviens de rien jusqu’au bloc. J’ai été opéré par quatre chirurgiens pendant 12 heures. J’ai dormi quasiment huit jours derrière l’opération, je n’ai pas trop de souvenirs tellement j’étais fatigué.

Combien de temps êtes-vous resté à l’hôpital ?

Je suis sorti au bout seulement de 25 jours. Ils ne voulaient pas me laisser sortir, mais j’ai insisté car si j’avais survécu à la greffe, je n’aurai pas survécu à l’hôpital. C’est tellement l’enfer l’hôpital. Je l’ai très mal vécu.

Votre retour à la maison a donc été une libération…

Quand je suis rentré chez moi, ça n’a pas été un bienfait moral extraordinaire. Il m’a fallu plus d’une semaine pour me réalimenter normalement. Je ne mangeais pas du tout à l’hôpital. Je me nourrissais uniquement de boissons protéinées. J’étais retombé à 88 kilos. Depuis, j’ai repris 10 kilos, surtout du muscle. J’ai des cuisses qui ressemblent enfin à des cuisses. Je suis beaucoup mieux.

Pourquoi avez-vous décidé de vous confier dans un livre ? 

Au début, je ne voulais pas car je n’aime pas raconter ma vie, même si je ne fais que ça en ce moment. Je ne souhaitais pas non plus qu’on s’apitoie sur mon sort. Mais j’en ai parlé avec mon entourage, qui m’a conseillé de le faire pour notamment sensibiliser les gens au don d’organes. J’ai écrit ce livre avec Catherine Siguret, car il fallait qu’il soit terminé mi-février. Et je n’avais pas la force d’écrire en aussi peu de temps. C’est un livre comme je suis : franc et, j’espère, un peu drôle, même si mon histoire ne s’y prête pas forcément.

Souhaitiez-vous passer un message d’espoir ?

Plus qu’un message d’espoir, c’est d’expliquer que la mort de quelqu’un peut redonner la vie à quelqu’un d’autre. Aujourd’hui, tout le monde est donneur potentiel. Pour ne pas être donneur, il faut que la famille du défunt s’y oppose. Il y en a encore 40% qui refuse. Et si on pouvait encore faire baisser ce taux, il y aurait beaucoup moins de problème de greffons en France. Je trouve insupportable que des personnes attendent des années en dialyse pour une greffe du rein.

Vous êtes aussi très impliqué pour la cause du don d’organes…

Je me sens investi d’une mission et j’entends mettre ma notoriété au service de cette cause. Ne serait-ce que pour les deux organes que je porte et la famille du donneur.

Voyez-vous la vie autrement désormais ?

Pas spécialement, même si je me fais plus souvent plaisir. Par exemple, avec tous les kilos perdus, j’ai dû me refaire une garde-robe. Par contre, j’ai eu peur d’avoir été changé. Mais je pense être redevenu le même, avec mon taux de conneries.

Est-ce que la page est définitivement tournée ?

Les médecins disent qu’il faut un an pour être complétement guéri. Avec ma rentrée au Canal Football Club et la promotion du livre, j’ai un emploi du temps très rude jusqu’à mi-avril. Je verrai à ce moment-là comment je me sens.

 

Deuxième mi-temps de Pierre Ménès, aux éditions Kero.

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