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La mère d'Imad Ibn Ziaten à la rencontre des jeunes

La mère d'Imad Ibn Ziaten, la première victime de Mohamed Merah rencontre des jeunes de Toulouse, le 6 décembre 2012 [Pascal Pavani / AFP] La mère d'Imad Ibn Ziaten, la première victime de Mohamed Merah rencontre des jeunes de Toulouse, le 6 décembre 2012 [Pascal Pavani / AFP]

La mère d'Imad Ibn Ziaten, la première victime de Mohamed Merah, est allée jeudi à la rencontre des jeunes de Toulouse pour opposer un "message de paix" à la haine qui habite certains d'entre eux et qui, selon elle, a tué son fils.

Latifa Ibn Ziaten, petite dame très digne venue de sa Seine-Maritime, s'est rendue dans la ville où son fils, soldat au 1er Régiment du train parachutiste, a été froidement assassiné le 11 mars, pour "parler avec ces jeunes, pour parler de la paix, et faire comprendre la souffrance que j'endure (et) que je ne souhaiterais pas à une autre mère".

Venue au nom de l'association qu'elle a créée pour aider les jeunes des quartiers, elle voulait "d'abord (les) écouter, parce qu'ils (ne) sont jamais écoutés (...) ils sont mal entourés, mal conseillés, ou mal aidés, et c'est comme ça qu'on devient un délinquant et qu'on a de la haine".

Une rencontre prévue dans la matinée avec les jeunes des Izards, le quartier sensible où a grandi Merah et qui vient d'être retenu parmi les nouvelles Zones de sécurité prioritaires, a fait long feu. Un seul, d'environ 14 ans, est venu, ainsi que quelques mères, à la maison de quartier de La Vache, à quelque distance des Izards.

La réunion, qui a attiré plus de journalistes que de participants, avait souffert d'une organisation malheureuse, compliquée par l'inquiétude d'un dérapage qu'aurait pu causer la présence des caméras dans un quartier comme les Izards.

Latifa Ibn Ziaten, la tête couverte par un foulard depuis qu'elle porte le deuil de son fils, a quand même pu échanger avec les mères. Quand la presse était présente, l'une de ces mères a dit le symbole "fort" que représentait cette visite, et s'est alarmée de la montée du "communautarisme".

Trop de gens ont peur de parler dans les quartiers, a répondu Mme Ibn Ziaten, "il faut pas avoir peur. Si vous dites la vérité, vous sauvez des vies".

Mme Ibn Ziaten avait un message pour ces mères et ces parents: assumez vos responsabilités, mais sachez aussi "appeler au secours" quand vous êtes dépassés, sans attendre un drame comme celui causé par "ce malade", Mohamed Merah.

Latifa Ibn Ziaten parle avec un jeune de Toulouse, le 6 décembre 2012 [Pascal Pavani / AFP]
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Latifa Ibn Ziaten parle avec un jeune de Toulouse, le 6 décembre 2012
 

Le public s'annonçait bien plus nombreux dans l'après-midi, lors d'une rencontre hors caméras encadrée par l'Education nationale avec les élèves d'un lycée proche des Izards.

A tous ces jeunes qu'elle venait voir "comme (ses) enfants", Mme Ibn Ziaten, arrivée du Maroc à 18 ans, souhaitait dire que, "quand on est dans un pays laïc comme la France, on doit (le) respecter, on peut s'en sortir même quand on est en échec scolaire, on peut faire plein de choses en France, on a de la chance d'être là".

Au cours de son séjour à Toulouse jeudi et vendredi, Mme Ibn Ziaten devait aller se recueillir sur les lieux où l'un de ses cinq enfants, ce fils dont elle se dit si fière qu'il ait servi son pays, est tombé dans le guet-apens tendu par Merah.

Elle sera reçue par le 1er Régiment du train parachutiste auquel il appartenait. Elle rencontrera les membres d'un collectif contre la violence dans un autre quartier sensible de Toulouse.

Devenue l'un des visages et des voix de la tragédie Merah, opposant sa dignité et son nouveau combat associatif à la douleur du drame, Latifa Ibn Ziaten n'a pas abdiqué l'idée de retourner aux Izards, cette fois ou une autre, et seule à nouveau, sans les journalistes qui l'entouraient jeudi.

Car elle cherche toujours à comprendre. Elle a rappelé qu'elle a fait le trajet des Izards déjà, quelques jours après la mort de son fils, que les jeunes l'avaient accueillie avec des propos "blessants", mais que quand elle avait dit qui elle était, "c'était un changement total, ils étaient tout autres et j'ai dit: +on peut les aider+".

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