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APB ou le casse-tête de l'orientation

Des élèves découvrent les résultats du baccalauréat à Paris [Thomas Samson / AFP/Archives] Des élèves découvrent les résultats du baccalauréat à Paris [Thomas Samson / AFP/Archives]

Elèves de terminale et parents doivent classer sur APB jusqu'à 36 voeux par ordre de préférence, dénichés parmi plus de 10.000 formations, un casse-tête d'autant plus angoissant que tous les jeunes ne savent pas à quel métier ils se destinent.

Le portail APB, lancé il y a quatre ans, a permis de mettre un terme aux longues files d'attente des étudiants pour s'inscrire en fac, qui étaient "indignes", a souligné la ministre de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso au salon APB, qui se tient vendredi et samedi à Paris.

APB "est un premier pas vers une bonne orientation des étudiants", mais "on ne s'oriente pas en deux clics", a-t-elle déclaré, arguant qu'il faut préparer les élèves à leur orientation dès la seconde, et leur permettre de se réorienter une fois dans le supérieur sans redoubler.

"APB, c'est très angoissant, pour les parents aussi. On peut faire 36 choix", indique Guillaume, élève à Saint-Sulpice à Paris, qui hésite entre des études d'informatique ou de comptabilité.

"C'est surtout les priorités, il faut bien viser, choisir dans le bon ordre", relève un autre élève, neuf jours avant l'ouverture des inscriptions sur le site.

Le portail "évolue, s'améliore au fur et à mesure de la pratique. Ce qui doit être amélioré, ce n'est pas un système de voeux ou d'affectation, mais la manière dont on s'informe", estime Jean-Jacques Hazan, président de la Fédération de parents d'élèves FCPE.

Il plaide pour une réflexion sur l'orientation dès le collège, avec des conseillers, des présentations d'anciens élèves, des rencontres avec des professionnels pour connaître des métiers...

Luce Lucchini, conseillère d'orientation-psychologue, voit arriver au salon des élèves de terminale "qui ont déjà une bien idée précise, beaucoup d'information et qui viennent juste pour se rassurer", mais aussi d'autres "qui sont dans le flou, qui viennent poussés par un professeur ou par les parents et qui sont dans une espèce de paralysie, qui ont l'impression d'une jungle".

7.700 formations

"Je vois qu'ils sont très angoissés, j'ai l'impression qu'ils commencent leur recherche, je vois beaucoup de jeunes qui n'ont pas confiance en eux, en auto-censure", qui disent d'emblée avoir peur de ne pas être retenus, notamment s'ils se présentent à une formation sélective.

"On les aide à se poser les bonnes questions, à savoir ce qu'ils trouvent intéressant, à faire le lien entre les formations et eux-mêmes", et à continuer à s'informer ensuite tous seuls depuis chez eux, explique-t-elle.

Pour améliorer l'orientation, la ministre veut diviser progressivement par quinze le nombre d'intitulés de licences et masters. "Il y a en a 7.700 en tout", c'est "illisible pour les familles, pour les jeunes", a-t-elle fait valoir.

Autant d'intitulés, "c'est très complexe pour un adolescent", renchérit Pascal Charvet, directeur de l'Onisep.

Sans oublier qu'avec les nouvelles technologies, de nouveaux métiers émergent. "Sur le web, on parlait il y a cinq ans d'à peu près 10 métiers. Aujourd'hui, on en est à 80".

Certains élèves ont une idée très précise de ce qu'ils veulent faire, comme ces trois copains: "On veut tous se lancer dans le cinéma", résume Pierre. Les parents suivent-ils ? "Pour toi, oui, un peu moins pour moi", rétorque son ami, qui s'appelle aussi Pierre.

Tous les trois aimeraient intégrer la Fémis. Ils savent que "c'est très fermé, mais qui ne tente rien n'a rien". En attendant, comme cette école recrute à bac+2, ils devront choisir d'autres formations sur APB.

Selon un sondage OpinionWay pour le ministère, 81% des étudiants en première année post-bac et 77% de parents estiment que APB est "utile".

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