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L’évasion de la polémique

Un gardien de prison [Miguel Medina / AFP/Archives]

Prise en otage de surveillants, ouverture des portes à l’explosif, fuite à l’extérieur grâce à des complices en voiture… La belle de Redoine Faïd, samedi matin à la centrale de Sequedin (Nord), est digne d’un blockbuster américain.

Sa spectaculaire évasion – réussie puisque que ce dernier restait introuvable hier soir relance le débat autour de la sécurité des prisons.

Arme, explosifs, téléphone, comment Faïd, à l’instar d’autres détenus, a-t-il bien pu se procurer cet arsenal, alors qu’il était censé être placé sous haute surveillance ?

 

Parloir et «projections»

Cet événement témoigne une nouvelle fois ô combien la prison n’est pas infaillible et qu’il existe des moyens de contourner le système pour «faire passer» des objets.

Des téléphones, de la drogue, mais aussi des armes. Le parloir, où les détenus reçoivent les visites, est un point névralgique. Proches et détenus s’y rencontrent dans des boxes et peuvent avoir des contacts physiques, confie une source syndicale. Il est alors aisé de passer, en plusieurs fois, un objet en pièces détachées.

D’autant que les visiteurs, qui passent un portique de sécurité, peuvent trouver la parade. C’est ce qui s’était passé, lors de l’évasion de deux détenus à la prison de Moulins (Allier) en 2009, lorsqu’une compagne avait été dispensée de passer le portique car elle s’était fait apposer des broches suite à une opération. Une «excuse» dont elle avait profité pour introduire du matériel.

Reste le retour en cellule : les détenus, «palpés» à l’entrée du parloir, ne peuvent pas, selon la loi pénitentiaire, être systématiquement fouillés à corps (mis à nu) en sortant. Par ailleurs, certains détenus utilisent leur propre corps pour dissimuler l’objet à faire passer.

L’autre combine souvent pratiquée a lieu dans la cour, avec un complice qui lance l’objet par-dessus le mur d’enceinte. Des «projections» ou des «parachutages», comme les appellent les gardiens, notamment d’armes à feu.

Reste enfin la complicité interne. «99 % des gardiens sont des professionnels qui mettent leur vie en jeu. Mais on ne peut pas exclure cette possibilité», concède David Daems, de FO Pénitentiaire.

 

Les syndicats en veulent plus

La garde des Sceaux, Christiane Taubira, a affirmé samedi, à Sequedin, qu’il n’y avait «pas de faille» dans un système où les détenus font tout pour «contourner les règlements et enfreindre les règles».

De son côté, l’UMP parle de «désorganisation et d’insécurité croissante des prisons». Le FN, lui, qualifie la ministre de «dangereuse pour la sécurité des Français».

Et les syndicats réclament plus de moyens. Humains, d’abord. La «surpopulation carcérale continue d’être une triste réalité», note la CGT, alors que 20 000 gardiens surveillent plus de 60 000 détenus en France, pour 57 000 places disponibles.

Techniques, aussi, avec la généralisation de détecteurs d’explosifs et d’équipes cynophiles lors des visites. Quant à la fouille, les gardiens veulent la voir appliquée plus sévèrement.

«Fouiller, ça n’est ni une obsession, ni un plaisir, [...] conclue David Deams. Mais c’est grâce à elle que nous assurons la sécurité». 

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