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La Belle Poule prise d'assaut par les visiteurs de l'Armada

Le commandant de "La Belle Poule" Olivier Linke pose le 8 juin 2013 à Rouen [Charly Triballeau / AFP] Le commandant de "La Belle Poule" Olivier Linke pose le 8 juin 2013 à Rouen [Charly Triballeau / AFP]

Seul navire de l'Armada à arborer fièrement une croix de Lorraine à sa proue, la goélette La Belle Poule - félin de plus de 80 ans capable de filer par grand vent à plus de 11 noeuds - a attisé la curiosité des visiteurs qui se sont bousculés tout ce week-end sur cet élégant navire, amarré sur les quais de Rouen.

À l'échelle de coupée, on prend volontiers son mal en patience sous un soleil radieux. "On attend notre tour depuis une demi-heure mais cela vaut le coup", commente Paul, 25 ans, venu de Rennes, avec sa petite amie.

"La croix de Lorraine, c'est historique. C'est une richesse. C'est l'héritage de mes prédécesseurs", explique à bord le commandant, Olivier Linke, un barbu discret de 47 ans.

Le voilier - 21 mètres de coque en bois de chêne doublée de cuivre et arborant de confortables boiseries dans son carré des officiers - a été construit par les Chantiers de Normandie de Fécamp en 1932. Parti de son port d'attache de Brest, il a servi en Angleterre de navire d'instruction durant la Seconde Guerre mondiale dans les Forces Navales Françaises Libres (FNFL), ce qui lui vaut l'honneur d'arborer le pavillon de beaupré frappé de la croix de Lorraine.

Si un autre cotre de la Marine Nationale, le Mutin, également présent sur l'Armada, a participé durant le dernier conflit mondial à des missions d'infiltrations en mer de Norvège, il le fit sous commandement anglais, "ce qui l'exclut encore aujourd'hui de l'emblématique bannière", explique le commandant.

"Je n'avais pas remarqué la croix mais c'est très beau", commentent Isabelle et son mari. "Visiter ce bateau, c'est déjà voyager", s'émerveille Pierre, 65 ans, un autre visiteur. "On a l'impression qu'il doit pouvoir glisser sur l'eau", entend-on aussi dans la file d'attente.

Bateau corsaire

Des bateaux participant à l'Armada amarrés à Rouen le 6 juin 2013 [Charly Triballeau / AFP]
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Des bateaux participant à l'Armada amarrés à Rouen le 6 juin 2013
 

Après la guerre, La Belle Poule est devenue un navire d'instruction, de découverte, pour les jeunes marins.

Tout s'y passe sur le pont. "Naviguer sous les voiles vous place en direct avec les éléments, en direct avec les gréements", raconte le commandant Linke, en poste sur la goélette depuis deux ans. "Ici, tout se fait à la main : cela développe l'esprit de cohésion", souligne-t-il, en se réjouissant de la "consécration" qu'a constituée son affectation qu'il n'échangerait contre rien au monde.

"Je garde un souvenir extraordinaire de notre transatlantique l'année dernière", ajoute-t-il, ému. "C'était la seconde pour La Belle Poule depuis la Résistance et "la première pour moi à la voile".

Selon la légende, qui perdure sur les quais de Rouen, La Belle Poule tire son patronyme du bateau corsaire la Belle Paule, célèbre sous François Ier.

Ce navire racé à la mature en pin d'Oregon est l'héritier d'une tradition de frégates de la Marine Royale puis Nationale. "Honneur", "Patrie", "Valeur" et "Discipline" en lettres de bronze encerclent le château de la capitainerie.

Fidèle à l'Armada, La Belle Poule était déjà présente à Rouen lors des éditions de 1989, 1994, 1999 et 2003. Passée la grande parade en Seine dimanche prochain, La Belle Poule rejoindra la ville de Den Helder en Hollande pour un autre rassemblement de vieux gréements : "Là-bas aussi le public nous attend", lance le commandant.

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