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Les veilleurs debout, un noyau d'irréductibles anti-mariage homo

Des "veilleurs debout",  manifestants opposés au mariage homosexuel, devant le ministère de la Justice le 4 juillet 2013 à Paris [Fred Dufour / AFP] Des "veilleurs debout", manifestants opposés au mariage homosexuel, devant le ministère de la Justice le 4 juillet 2013 à Paris [Fred Dufour / AFP]

Minuit, la place Vendôme dans l'obscurité est déserte mais sur un côté une vingtaine de personnes, telles des statues de cire, se tiennent sans bruit, face au ministère de la Justice: ces veilleurs debout constituent un noyau d'irréductibles qui protestent contre le mariage homo.

Une bouteille d'eau à leurs pieds, quelques victuailles parfois, ils lisent, écoutent de la musique ou sont simplement immobiles, toujours à quelques mètres les uns des autres. Depuis dix jours, nuit et jour, ils se relaient à Paris mais aussi dans plusieurs villes de province pour protester contre la loi Taubira mais également contre l'incarcération de l'un des leurs.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, certains se sont rendus devant l'Elysée en pleine nuit avant d'être repoussés par les forces de l'ordre.

"Les Veilleurs debout sont l'ultime réponse à ce gouvernement qui nous ignore", explique Agnès dite la tornade rose. Cette mère au foyer de 43 ans, qui a six enfants, vient veiller la nuit entre minuit et six heures "une fois que son mari a pris le relais à la maison". Militante anti-mariage homo depuis le début, elle n'a pas hésité ces derniers mois à défiler en fauteuil roulant ou en béquilles avec ses enfants.

Cette bavarde avoue que pour elle "se tenir debout sans parler est une forme d'action très forte" pour un "combat juste" avant de s'engager dans un long discours sur la justice française qui opprimerait les militants et donc sur Nicolas Buss, condamné le 19 juin à quatre mois de prison dont deux ferme, actuellement incarcéré à Fleury-Mérogis.

Des "veilleurs debout",  manifestants opposés au mariage homosexuel, devant le ministère de la Justice le 4 juillet 2013 à Paris [Fred Dufour / AFP]
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Des "veilleurs debout", manifestants opposés au mariage homosexuel, devant le ministère de la Justice le 4 juillet 2013 à Paris

"On se relaie depuis mardi dernier, via Facebook ou Twitter. On restera là tant que Nicolas ne sera pas libéré", renchérit, pendant une pause, un veilleur lyonnais qui souhaite rester anonyme. "L'essentiel c'est Nicolas, parce qu'on ne croit plus trop au retrait immédiat de la loi", ajoute-t-il, indifférent aux premières gouttes d'orage, comme les quinze autres militants répartis sur les marches du palais de justice historique dans le Vieux Lyon.

Même discours de Jeanne, jeune lycéenne versaillaise de 17 ans, qui a profité de la fin des examens pour venir avec des amis veiller face aux grilles de la préfecture. Elle évoque aussi "la liberté de penser" bafouée aujourd'hui en France. Parmi ses camarades, certains distribuent de temps en temps des sucreries aux autres veilleurs.

"Peser sur le long terme"

Jean-Pierre, cravate bleue électrique d'un autre âge, est venu place Vendôme "directement après le boulot" et a plié sa veste de costume sur sa mallette d'ordinateur, posée entre ses jambes. Il accepte de discuter avec une passante qui l'interpelle sur leur mouvement qui se poursuit alors que la loi a été promulguée il y a un mois et demi.

Lui évoque sans détour les autres résistants dans le monde - l'homme debout de la place Taksim à Istanbul mais aussi d'autres en Egypte - avant de concéder que leur combat n'a rien à voir.

Ce mouvement a un "impact sur la population" veut également croire Albert, veilleur parisien. Les touristes sont nombreux à s'arrêter, prendre des photos ou discuter avec les manifestants sans toujours comprendre leurs revendications.

Pour Jean, chirurgien-dentiste de 31 ans qui passe une nuit sur deux sur la place Vendôme et vient dès qu'il a une heure de libre entre deux patients, "la faiblesse des Veilleurs qui sont isolés, et ne crient aucun slogan est aussi leur force". Ce militant de la première heure estime que "la vraie droite française qui s'était endormie depuis 30 ans et ne croyait plus en ses valeurs s'est enfin réveillée avec ce mouvement et n'est pas prête de se rendormir".

Il confie n'avoir jamais milité avant ce combat qui a été sa "naissance à la politique" mais veut croire qu'un nouveau mouvement va naître de cette mobilisation car il ne sent représenté par aucun parti.

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