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Le Quai des Orfèvres, "mine d'or" pour cinéastes et écrivains

Un portrait de Georges Simenon et divers livres sur l'écrivain exposés en 2005 à Bruxelles à l'occasion d'une exposition [Benoit Doppagne / Belga/AFP/Archives] Un portrait de Georges Simenon et divers livres sur l'écrivain exposés en 2005 à Bruxelles à l'occasion d'une exposition [Benoit Doppagne / Belga/AFP/Archives]

Patricia Cornwell, Michel Houellebecq, Gérard Depardieu sans oublier Simenon: ils ont été nombreux à arpenter le célèbre 36 Quai des Orfèvres, siège centenaire de la PJ parisienne et source inépuisable d'inspiration pour les écrivains, cinéastes ou journalistes.

Quand la reine mondiale du polar rencontre la première femme commissaire, première femme "patronne" des brigades criminelle, mondaine puis du "36". C'était il y a quelques années et nombreux sont ceux qui auraient aimé être une petite souris pour assister à l'entretien; il y avait en tout cas foule au balcon.

Ce jour-là, l'Américaine Patricia Cornwell avait demandé à rencontrer Martine Monteil, une "surdouée" de la police célèbre pour son enquête sur la mort de Lady Di ou l'arrestation de Madame Claude. Une figure également du "36" où elle a fait une grande partie de sa carrière après son père qui en fut aussi.

Le "36" est "depuis Georges Simenon, qui l'a immortalisé, une véritable mine d'or", confirment à l'unisson deux auteurs de polars, l'ancienne commissaire Danièle Thiéry et Franck Hériot.

"Mythique, magique, légendaire, emblématique, fantasmagorique", dit la première en évoquant ses "célèbres escaliers foulés par tant de grands flics et de malfrats". "Il y a tout", renchérit le second: un "climat", une "unité de lieu, de temps, des policiers de toutes les brigades capables de se mobiliser en un éclair".

Sans parler du siège historique, lové à l'ombre d'une "tour pointue", comme la surnommait Léo Malet, le long de la Seine.

Le "36" a fait des dizaines de couvertures de magazine, de livres, et été le lieu d'autant de séries télévisées, films, reportages, les autorisations de tournages dans sa cour pavée étant légion chaque année.

La photo de Simenon

C'est Simenon qui a "créé le mythe" en s'inspirant de deux commissaires de la criminelle pour son Maigret, estiment les historiens.

Au XIXe siècle, nuance Mme Thiéry, les "flics" ancêtres du 36 "entretenaient déjà avec la presse un flirt aussi passionné que pouvait l'être l'avidité des lecteurs pour les faits divers".

Hériot cite Vidocq, ce repris de justice devenu policier dans les années 1800 alors que la préfecture de police de Paris, dont dépend encore aujourd'hui le "36", vient d'être créée. "Entre légende et réalités, auxquelles s'ajoutent les lieux, il y a de quoi faire et c'est inépuisable", ajoute-t-il.

Officiellement, sont aussi cités comme visiteurs d'un soir au "36" Thomas Harris (l'auteur du "Silence des agneaux"), Michel Houellebecq pour "La carte et le territoire", Daniel Auteuil ou Jean Dujardin pour leurs rôles de flics. Officieusement, les plus grands du polar y sont passés, selon des sources policières citant notamment Michael Connelly.

Perdurent même chez les passionnés, à commencer par les policiers eux-mêmes, des querelles d'anciens et de modernes.

Pour les premiers, la référence c'est "Quai des Orfèvres", le film de Clouzot (1947), avec Louis Jouvet. Les seconds lui préfèrent celui, au titre quasi éponyme, de l'ancien policier Olivier Marchal (2004), avec Depardieu et Auteuil sur fond de guerre des polices. Dans les bureaux du "36", a constaté l'AFP, il y a des affiches... des deux.

Et toujours la photo de Simenon posant devant l'entrée du "36" classé monument historique.

Signe de cet engouement pour un nom "chargé d'histoires et d'Histoire", comme il est souvent écrit, le siège de la PJ décerne chaque année son prix, remis sur manuscrit anonyme. Un gage de succès: 50.000 exemplaires sont vendus en moyenne.

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