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Le tueur en série Patrick Salameh condamné à la perpétuité

Le président de la Cour d'assises qui a condamné le tueur en série Patrick Salameh à la réclusion criminelle à perpétuité, au début du procès le 17 mars 2014 [Boris Horvat / AFP/Archives] Le président de la Cour d'assises qui a condamné le tueur en série Patrick Salameh à la réclusion criminelle à perpétuité, au début du procès le 17 mars 2014 [Boris Horvat / AFP/Archives]

Au terme de trois semaines de procès aux assises, le tueur en série Patrick Salameh a été condamné jeudi la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans pour la disparition, suivie de la mort, de trois prostituées et du viol d'une quatrième.

Cette peine, prononcée par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, est quasi conforme aux réquisitions de l'avocat général, Gilles Rognoni, qui avait mis en avant "l'énormité des crimes commis".

M. Rognoni avait également demandé la rétention de sûreté, c'est à dire le placement dans un centre médico-judiciaire, après la prison. Après 5 heures de délibération, a décidé un examen préalable de Salameh avant d'en décider.

Debout dans le box, Patrick Salameh, 56 ans, n' a pas bronché à l'écoute du verdict. Il a été condamné, en état de récidive, pour la disparition de trois prostituées, fin 2008 à Marseille, dont les corps n'ont jamais été retrouvés. Il a également été reconnu coupable d'en avoir violé une quatrième qu'il avait ensuite relâchée.

"Je n'ai rien de particulier à dire", avait fait valoir Salameh à l'ultime minute du procès, demandant à nouveau son renvoi et incitant "ceux qui sont intéressés" à consulter son site internet où "il explique les détails".

"Je suis innocent des disparitions, je n'ai pas violé Soumia", avait-t-il répété. Soumia est la seule survivante, venue témoigner et affronter une dernière fois le regard de son tortionnaire.

Pour Salameh, "tout repose sur ses accusations verbales. Vous allez décider sur des hypothèses, des présomptions", avait-il lancé à l'adresse des jurés.

- Regard très dur -

Vêtu, comme tous les jours, d'un même pantalon de survêtement bleu, haut kaki et t-shirt blanc, Patrick Salameh, arbore un air ordinaire, ne serait son regard très dur.

Les avocats Olivier Rosato (g) et Emmanuel Molina (d) avant l'ouverture du procès du tueur en série Patrick Salameh, le 17 mars 2014 à Aix-en-Provence [Boris Horvat / AFP/Archives]
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Les avocats Olivier Rosato (g) et Emmanuel Molina (d) avant l'ouverture du procès du tueur en série Patrick Salameh, le 17 mars 2014 à Aix-en-Provence

Mais sous l'"hyper-normalité" apparente, l'avocat général avait lui décelé un des plus grands tueurs en série français. "Avec son arrestation", c'est un coup d'arrêt à l'"un des grands souffles criminels du début du 21e siècle", avait-il souligné.

Durant tout le réquisitoire, il avait fait le portrait d'un "parasite social", n'ayant jamais travaillé, et par ailleurs violent, condamné 20 ans auparavant pour vol à main armée et actes de torture.

Comme les avocats des familles de victimes la veille, il avait dressé le portrait d'un tueur en série manipulateur, un M. Hyde caché derrière le docteur Jekyll.

Salameh? "un délinquant de haut vol, un pervers sexuel, tout cela ne pouvait que donner lieu à ce qui s'est passé" avec des prostituées "fragilisées" et sans "aucune protection", selon l'avocat général.

Auparavant, il avait stigmatisé le refus de Salameh de "s'expliquer sur les points fondamentaux", son insistance à orienter l'enquête puis le procès "vers d'autres pistes qui s'avèrent ridicules" et son recours à une "théorie du complot", dont il se dit victime.

Relevant des "éléments accablants" contre l'accusé, il a vu comme preuve encore plus flagrante de culpabilité "qu'à partir de son arrestation, il n'y a jamais plus eu de disparition de prostituées".

Pour l'avocat général, catégorique, "Salameh a violé Soumia, il a violé et tué" Iryna, Christina et Zined.

- Soumia, le maillon faible -

Soumia El Kandadi vient témoigner au procès du tueur en série Patrick Salameh, le 17 mars 2014 à Aix-en-Provence [Boris Horvat / AFP/Archives]
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Soumia El Kandadi vient témoigner au procès du tueur en série Patrick Salameh, le 17 mars 2014 à Aix-en-Provence

Face à Salameh qui affichait un léger sourire, l'avocat général avait décrit les quatre heures de supplice de Soumia.

"Elle croit que sa dernière heure est arrivée mais parvient", en allant au-devant des désirs de son tortionnaire, à "sauver sa peau".

Mais Soumia est le "maillon faible" de Salameh, puisqu'il l'a relâchée avant de tenter de la revoir en lui proposant "un rendez-vous à 900 euros". Et c'est grâce à son témoignage, alors que Salameh avait été interpellé par hasard, qu'il sera confondu.

Gilles Rognoni, dont c'était le dernier procès avant la retraite, a regretté que celui-ci ait été "tronqué" par l'absence des avocats de la défense, qui ont quitté l'audience au début de procès invoquant un vice de procédure.

"C'est une technique d'esquive de Salameh", avait déclaré M. Rognoni dénonçant "un système de défense multipliant les demandes inutiles" pour éviter le procès.

A l'issue de la dernière audience, Salameh, qui doit de nouveau être jugé pour le disparition d'une baby-sitter, en 2008 à Marseille, a annoncé qu'il ferait appel du verdict.

"Verdict logique" a réagi Me Michel Pezet pour les parties civiles, "chacun de ses crimes était perpétuité".

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