En direct
A suivre

Dans le viseur, l'hôpital public propose un plan d'économies

Une infirmière passe devant l'entrée du centre hospitalier d'Alès-Cévennes, le 25 aout 2011 à Alès [Pascal Guyot / AFP/Archives] Une infirmière passe devant l'entrée du centre hospitalier d'Alès-Cévennes, le 25 aout 2011 à Alès [Pascal Guyot / AFP/Archives]

Dans le viseur du gouvernement pour participer aux 10 milliards d'économies demandées à l'Assurance maladie, l'hôpital public a anticipé jeudi en dévoilant un plan de 5 à 7 milliards en cinq ans qui évoque des suppressions de postes mais pas de fermeture d'établissements.

Avec 1,123 million d'emplois et 36% des dépenses de santé (59 milliards), l'hôpital est un des piliers du système de soins, souvent critiqué par le privé pour son laxisme dans la maîtrise des dépenses.

Le Premier ministre l'a pris en exemple lorsqu'il a évoqué mercredi les pistes pour trouver 10 milliards d'économies dans l'Assurance maladie d'ici à 2017. Pour Manuel Valls, "on peut beaucoup travailler" sur deux points: la restructuration de l'offre hospitalière et le développement de la chirurgie ambulatoire (sans hébergement à l'hôpital).

La Fédération hospitalière de France (FHF, hôpitaux publics) a anticipé en lui écrivant dès lundi et en publiant jeudi un plan touchant les hôpitaux mais aussi la médecine de ville.

Il faut s'attaquer à une "réforme de structure", "sans tabou", et cesser "la politique du rabot" qui répartit "aveuglément les coupes budgétaires", déclare Frédéric Valletoux, président de la FHF.

"Si le gouvernement doit rouvrir la question de la fermeture de petits blocs chirurgicaux, on ne refusera pas d'entrer dans le débat" dit-il. "Mais on ne préconise pas (cette mesure, ndlr), ce n'est pas là-dessus qu'on fera des économies".

C'est d'abord dans la lutte contre les actes et prescriptions inutiles, par exemple les césariennes programmées, que l'argent peut être trouvé (2 milliards d'euros en cinq ans), selon la FHF.

Autre mesure d'ampleur avancée par la FHF: la maîtrise de la masse salariale et l'organisation du travail, avec notamment des renégociations d'accords RTT, visant à dégager un milliard d'euros sur cinq ans. Les dépenses de personnels représentent près de 70% du budget des établissements de santé, rappelle la FHF.

"On ne fera pas d'économies sans baisser les emplois", a prévenu Gérard Vincent, délégué général de la FHF, sans toutefois quantifier d'éventuelles suppressions de postes. Seraient ciblés, non pas les personnels soignants et médicaux, mais les effectifs des fonctions supports, pour "dégager des marges qui ne dégradent pas la qualité des soins".

La FHF propose également que seuls les établissements assumant une mission de service public (tarifs sécu, participation à la permanence des soins 24h/24, non-sélection des patients, etc.) soient autorisés à exercer. Sur le modèle de l'enseignement privé, un financement public serait réservé aux établissements privés sous contrat de service public.

"L'hôpital assure les missions que les autres acteurs ne veulent pas ou ne peuvent pas assurer, qu'il s'agisse des soins urgents, de la permanence des soins ou de certains actes non rentables", fait valoir la FHF.

"Sur les 18 millions de passages aux urgences, 80% n'ont rien à y faire, et chaque passage coûte 250 euros", déplore Claude Leicher président de MG-France, premier syndicat de généralistes qui plaide aussi, comme les hôpitaux publics et les médecins libéraux, pour une réorganisation des soins entre hôpital et médecine de ville.

- Des 'marges de manœuvre' sur les médicaments -

Fin avril, des négociations visant à inciter les professionnels de santé à collaborer davantage dans la prise en charge des patients, vont s'ouvrir entre syndicats et Assurance maladie. Une première réunion de travail s'est déroulée jeudi.

Temps passé au téléphone, lettres ou échanges entre le médecin et l'infirmière ou le pharmacien: l'objectif est de reconnaître et "formaliser" des pratiques bénévoles existant et de "structurer" l'offre de soins ambulatoire, souligne le docteur Leicher. "Ce n'est qu'à cette condition que l'on peut aller vers un bon usage de l'hôpital", selon lui.

Cette meilleure coopération devrait engendrer à terme des économies.

D'autres sont attendues d'une maîtrise accrue des dépenses des médicaments. Il reste "des marges de manœuvre", a estimé jeudi l'Assurance maladie en présentant le bilan de 2013. L'année dernière, les remboursements des médicaments de ville ont enregistré une baisse de 0,4% en 2013, soit 22,6 milliards d'euros contre 22,7 milliards en 2012.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités