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Le suspect de l'attentat de la rue Copernic bientôt extradé en France

Un dessin de justice de Hassan Diab, le 14 novembre 2008.[Ronn Sutton / Canwest News Service/AFP/Archives]

Le principal suspect de l'attentat meurtrier de la rue Copernic à Paris en 1980 va être extradé rapidement vers la France après la décision jeudi de la Cour suprême du Canada de ne pas se saisir du dossier.

 

"Honte, Honte!", ont crié devant la Cour suprême des membres du comité de soutien d'Hassan Diab dès l'annonce de la plus haute juridiction, mettant fin à six ans de procédures de cet ancien professeur de sociologie de l'université d'Ottawa.

Le Libano-Canadien âgé de 60 ans et père d'une fillette qui aura deux ans samedi, M. Diab avait été incarcéré mercredi dans l'attente de la décision. Son extradition vers Paris devrait être effectuée rapidement, une fois qu'une équipe française chargée de son transfèrement sera dépêchée au Canada.

"C'est un jour profondément décevant dans cette saga judiciaire", a lâché, dépité, son avocat Donald Bayne en notant que la faiblesse du dossier "n'aurait jamais satisfait aux critères constitutionnels indispensables d'un procès criminel au Canada".

A Paris, le directeur général de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT), Guillaume Denoix de Saint-Marc, s'est dit "soulagé pour les familles de constater que le travail judiciaire peut reprendre son cours".

M. Diab clame son innocence et se dit victime d'une homonymie, soutenant qu'il étudiait à Beyrouth quand un engin explosif avait explosé en début de soirée le 3 octobre 1980 devant la synagogue de la rue Copernic, tuant quatre personnes dont une journaliste israélienne, et faisant une quarantaine de blessés.

"Les faits sont tellement évidents qu'on n'aurait pas compris que le Canada, Etat démocratique, ne transfère pas l'auteur de cet acte terroriste", a déclaré Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

Le gouvernement français a pris "acte de la décision de la Cour Suprême", a indiqué l'ambassade de France au Canada en rappelant que "M. Hassan Diab est présumé innocent" et qu'il "sera entendu en France par un juge d'instruction".

Les enquêteurs français avaient obtenu il y a six ans jour pour jour son arrestation au Canada. Il avait été remis en liberté en mars 2009 et placé sous contrôle judiciaire.

La France accuse M. Diab "d'assassinats, de tentatives d'assassinats et de destruction de biens (...) par l'effet d'une substance explosive ou incendiaire commise en bande organisée", selon le dossier que Paris avait présenté en 2008 aux autorités canadiennes.

En juin 2011, tout en autorisant l'extradition, le tribunal de première instance avait qualifié de "faible" le dossier présenté par la France avec des éléments qui "ne seraient pas suffisants (...) pour justifier un procès".

Tant son appartenance supposée à l'époque des faits à une organisation radicale, le Front Populaire de libération de la Palestine, que des descriptions du suspect par des témoins, "créent un certain degré de suspicion" sur la participation de M. Diab dans cet attentat, avait écrit le tribunal.

Des doutes balayés par le ministre canadien de la Justice qui signait en 2012 l'ordre d'extradition de M. Diab vers la France. Débouté en appel en mai dernier, M. Diab avait tenté de s'y opposer par un dernier recours devant la Cour suprême.

Les enquêteurs français fondent leurs soupçons sur des analyses graphologiques qui incrimineraient M. Diab. Elles portent sur une fiche d'hôtel remplie par un certain Alexander Panadriyu, qui s'est révélée être une fausse identité utilisée par Hassan Diab, selon les policiers français.

Ces derniers affirment que M. Diab a confectionné l'engin explosif à base d'une dizaine de kilos de penthrite, puis l'a placé dans les sacoches d'une motocyclette achetée quelques jours plus tôt par un certain Alexandre Panadriyu, de nationalité chypriote.

La défense dénonce également l'origine de preuves, qui auraient été obtenues sous la torture par les services secrets syriens lors d'interrogatoires annexes.

Une soixantaine d'universitaires ont signé récemment un appel demandant au gouvernement canadien de mettre un terme à une éventuelle extradition, afin de mettre la loi en conformité avec la charte des libertés.

 

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