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Nice : le spectre du terrorisme flotte sur la rentrée scolaire

A Nice, la rentrée scolaire se fait sous le signe de l'inquiétude un mois et demi après l'attentat sur la Promenade des Anglais.[Valery HACHE / AFP]

Six semaines après l'attentat qui a fait 86 morts sur la Promenade des Anglais, la rentrée scolaire se prépare à Nice dans un climat très perturbé par ce drame : des parents s'inquiètent et les élus multiplient les annonces sécuritaires.

Symbole de cette rentrée bouleversée dans les Alpes-Maritimes, où le dispositif Vigipirate est toujours au niveau «alerte attentat», un petit boîtier noir, guère plus gros qu'une clé de voiture, appelé «bouton d'alerte», s'est invité parmi les nouveaux accessoires scolaires. Désormais, tous les directeurs du primaire en ont un, qu'ils doivent garder au cou pour appeler la police. Banal dans les pays où les habitants ont peur d'attaques à main armée, il est fourni par la mairie et équipait déjà les commerçants.

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«Maintenant, on a des grilles»

«Même si l'acte isolé sera toujours possible, on aura la conscience d'avoir tout mis en place pour empêcher un fou d'agir», a justifié une directrice d'école, Chantal Hazan, lors d'une démonstration pour la presse. «L'école avant, c'était quelque chose de sympa, un petit gruyère. Voilà, maintenant, on a des grilles», dit-elle.

Conseillé par un cabinet israélien, le président de Nice Métropole Christian Estrosi (LR) - également premier adjoint de la ville et président de la région Paca - a aussi annoncé plus de vigiles, de caméras de vidéosurveillance et des patrouilles aux entrées et sorties de toutes les écoles de la ville, à l'image des militaires de l'opération Sentinelle déjà en faction devant les écoles juives.

«Les patrouilles, je suis carrément demandeur et j'espère que ce sera dans la durée» commente auprès de l'AFP un jeune papa, Matthieu Bon. Lui se dit pourtant «plutôt serein» à la veille d'accompagner son petit Arthur, 3 ans, pour sa première rentrée en maternelle. Il est en revanche plutôt ennuyé qu'il n'aille pas en classe vendredi. Là encore, la faute à la sécurité : l'école a étalé la rentrée pour éviter un embouteillage de parents au portail et Arthur devra être gardé ailleurs. 

Les associations de parents d'élève critiquent certaines mesures

De fait, par mesure académique exceptionnelle, les parents ont dorénavant stricte interdiction d'accompagner leurs enfants à l'intérieur des établissements, sauf pour les plus petits et uniquement le premier jour, ce qui fait bondir les associations de parents d'élève qui craignent des pleurs contagieux difficiles à gérer.

«C'est bien, les caméras, mais les parents font pleinement partie de la communauté éducative et on ne fait pas grandir des enfants en leur apprenant à se méfier de n'importe qui ou des parents des autres», critique Céline Vaillant, secrétaire départementale de la FCPE.

«Tout ça, ce sont des solutions visibles mais ça ne va pas régler les problèmes de fond. L'école n'est pas un bunker mais un lieu d'éducation à la citoyenneté. Nous, on n'a pas reçu de signe d'inquiétude tangible des parents. Politiquement, ils font monter la sauce», estime-t-elle.

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«L'école peut être une cible»

«On a reçu une centaine de courriers depuis le 14 juillet (date de l'attentat commis sur la Promenade des Anglais), pas vindicatifs, mais pour témoigner d'une inquiétude», assure au contraire Lauriano Azinheirinha (UDI), adjoint au maire délégué à l'Education. En juin, la mairie avait déjà fait polémique en interdisant dans les écoles tout adulte extérieur, ce qui revenait, pour ses détracteurs, à annuler les traditionnelles kermesses, temps fort de convivialité scolaire. «On sait que l'école peut être une cible pour Daech et l'idée s'installe que la prochaine fois cela pourrait être une école», ajoute-t-il. 

L'école - au sens large - a payé un lourd tribut à l'attentat au camion bélier de Nice le 14 juillet, avec 11 enfants tués, 14 orphelins d'au moins un parent et 2 enseignants décédés.

Encore sous le choc, un policier municipal de Nice, Fernand Iberti, ne décolère pas : ce père de famille a exigé, en vain, des blocs de ciment devant les deux collèges de la commune voisine où il vit, Saint-Laurent-du-Var, et assure avoir décidé de ne pas emmener son fils inscrit en 4e. «Moi, si j'ai pas la sécurité, j'ai peur», dit-il.

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