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Attentat déjoué : le commando de femmes écroué

Une femme, la tête recouverte d'une couverture, est emmenée   par les policiers le 8 septembre 2016 à Boussy-Saint-Antoine  [GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP] Une femme, la tête recouverte d'une couverture, est emmenée par les policiers le 8 septembre 2016 à Boussy-Saint-Antoine [GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP]

Les trois femmes soupçonnées d'avoir voulu commettre un attentat en France, téléguidé depuis la zone irako-syrienne via internet, ont été mises en examen lundi soir à Paris par des magistrats antiterroristes et écrouées.

Elles ont été mises en examen pour association de malfaiteurs terroriste en vue de commettre des crimes d'atteintes aux personnes, a annoncé le parquet de Paris. Inès Madani, 19 ans et Sarah Hervouët, 23 ans, ont en outre été mises en examen du chef de tentative d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste et Amel Sakaou, 39 ans, pour complicité de ce crime.

Mohamed Lamine Aberouz, 22 ans, compagnon de Sarah Hervouët, a lui été mis en examen pour non dénonciation d'un crime terroriste. Les quatre personnes ont toutes été incarcérées, mais Inès Madani a sollicité un délai pour préparer sa défense dans le cadre d'un débat différé sur sa détention provisoire.

La voiture sans immatriculation dans laquelle ont été retrouvées des bonbonnes de gaz sans détonnateur, le 4 septembre 2016 à proximité de Notre Dame à Paris [STR / Citizenside/AFP/Archives]
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La voiture sans immatriculation dans laquelle ont été retrouvées des bonbonnes de gaz sans détonnateur, le 4 septembre 2016 à proximité de Notre Dame à Paris

 

Les trois femmes avaient été interpellées jeudi soir dans l'Essonne par les policiers lancés à leur recherche après la découverte quelques jours plus tôt, en plein cœur de Paris, d'une voiture chargée de bonbonnes de gaz. Dans une enquête distincte, un adolescent radicalisé de quinze ans, arrêté samedi dans le XIIe arrondissement de Paris, a lui aussi été mis en examen lundi pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et écroué.

Selon une source proche de l'enquête, le mineur avait fait état sur la messagerie cryptée Telegram "d'un passage à l'acte avec une arme blanche", mettant en alerte samedi les services de sécurité sur plusieurs sites sensibles à Paris.

Capture d'écran prise à partir d'une vidéo de propagande du groupe EI le 20 juillet 2016, montrant vraisemblablement Rachid Kassim, un jihadiste français  [- / AFP/Archives]
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Capture d'écran prise à partir d'une vidéo de propagande du groupe EI le 20 juillet 2016, montrant vraisemblablement Rachid Kassim, un jihadiste français

 

Les enquêteurs entrevoient un point commun entre ces deux dossiers: les contacts entretenus sur internet par ces femmes et par ce mineur avec Rachid Kassim, 29 ans, un jihadiste français qui téléguide ses émules via Telegram, probablement depuis la zone irako-syrienne. Ce réseau de messagerie crypté est considéré aujourd'hui comme l'un des moyens de communication préférés des jihadistes.

Selon les enquêteurs, Rachid Kassim aurait inspiré, de manière plus ou moins directe, les attaques de Magnanville (Yvelines), où Larossi Abballa a tué un policier et sa compagne le 13 juin, et de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), où Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean ont tué un prêtre dans une église le 26 juillet.

Repasser à l'action

Juste avant son interpellation, Sarah Hervouët, consciente d'être repérée, avait attaqué l'un des policiers dans son véhicule en lui assénant un coup de couteau, le blessant à une épaule. Inès Madani s'était lancée sur un autre fonctionnaire, couteau à la main, avant d'être blessée par le policier.

Interpellations de 3 femmes à Boussy-Saint-Antoine [Vincent LEFAI / AFP]
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Interpellations de 3 femmes à Boussy-Saint-Antoine

 

Pour les enquêteurs, il ne fait aucun doute que les trois femmes, après l'échec de l'attaque à la voiture piégée qui n'a pas explosé, comptaient repasser à l'action: le commando entendait "clairement (...) commettre un attentat", avait déclaré vendredi le procureur de Paris, François Molins.

Ces trois femmes, dont les deux plus jeunes étaient connues des services pour leur radicalisation et des velléités de départ en Syrie, avaient évoqué des gares de l'Essonne et de Paris ainsi que des policiers comme cibles potentielles, selon des sources proches de l'enquête. Elles envisageaient aussi de se procurer des ceintures explosives ou de lancer des voitures contre des bâtiments, précise une de ces sources.

En perquisition, les policiers ont trouvé au domicile d'Amel Sakaou sept bouteilles en verre vides, "avec à proximité ce qui pourrait s'apparenter à des mèches artisanales en papier" et dans son véhicule "deux jerricans de cinq litres avec des résidus de carburant", avait détaillé le procureur. Sa fille, 15 ans, a été relâchée dimanche.

Samedi, une première suspecte, Ornella Gilligmann, 29 ans, une convertie radicalisée, avait été mise en examen et écrouée dans l'enquête sur la voiture remplie de bonbonnes de gaz où son empreinte avait été retrouvée. Selon son récit, elle a échoué à mettre le feu au véhicule dans la nuit du 3 au 4 septembre avec Inès Madani, avant de fuir en croyant voir un policier en civil. Les modalités de l'attaque à la voiture piégée correspondent aux consignes que Rachid Kassim dispense via internet.

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