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La semaine de Philippe Labro : un film sans fausse note, le jazz sans frontières

Le réalisateur Clint Eastwood démontre sa maîtrise dans Sully, qui retrace la sauvetage réussi par Chesley Sullenberger (Tom Hanks). [© Keith Bernstein - 2015 Warner Bros Entertainment Inc. ]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 30 NOVEMBRE

C’est quelque chose de rare, l’unanimité. Et quand elle survient, quand tout le monde est d’accord pour dire : «C’est bien», cela mérite qu’on y ajoute son bouquet de fleurs. Ainsi, ce mercredi, jour de sortie des nouveaux films, la dernière réalisation de Clint Eastwood, Sully, recueille cinq étoiles dans tous les médias. A 86 ans, l’homme, quatre fois oscarisé, vient de réaliser l’un des films les plus maîtrisés de sa spectaculaire carrière.

Je n’ai pas encore lu une ligne négative au sujet de cette reconstitution du «miracle de l’Hudson», quand, le 15 janvier 2009, à New York, le pilote Chesley Sullenberger réussit à faire amerrir son avion en perdition sur l’eau glacée du grand fleuve, quasiment au milieu de la ville. Cent cinquante-cinq passagers sauvés, une polémique engendrée par des autorités tatillonnes qui vont remettre l’exploit en question, une histoire dont on croyait tout connaître et qu’Eastwood nous révèle.

Puisqu’unanimité il y a, je vous épargne le commentaire détaillé du film pour souligner les éléments d’une telle réussite. 1. Eastwood possède au plus haut point le sens et le goût du récit : en 1h35, alors que, désormais, la plupart des films américains dépassent les deux heures, il construit un suspense et accroche constamment l’attention. 2. Eastwood a atteint une grande expertise dans l’art du montage : il sait faire des flashs en avant, en arrière, des croisements, et utiliser tous les ressorts de cette technique. 3. Eastwood ne se trompe pas dans ses choix de comédiens : Tom Hanks et son copilote Aaron Eckhart sont plus que crédibles, ils sont vrais, comme le reste des protagonistes, les bons ou les méchants. 4. Eastwood, enfin, aime célébrer l’héroïsme – ici celui du pilote – qui correspond mot pour mot à la définition du réalisateur lorsqu’il dit : «Quiconque sait garder son calme et affronter l’adversité sans paniquer fait preuve d’un tempérament supérieur à la moyenne.» La clarté et la simplicité de cette phrase sont applicables dans bien des domaines aujourd’hui, ici comme ailleurs.

VENDREDI 2 DÉCEMBRE

A trois semaines de Noël, je vous propose une première liste de publications – celles dont on ne parle pas forcément ou pas assez. D’abord, puisque nous venons d’évoquer l’héroïsme face à l’adversité, il faut lire ou relire Jack London, dont les romans, récits et nouvelles, viennent d’être publiés dans la collection de La Pléiade. Quel beau cadeau pour Noël que ce coffret de deux volumes dans lesquels on retrouve nos lectures d’enfant et d’adulte : la forêt, la solitude, les animaux, la recherche de l’or, la conquête de la gloire, la sauvagerie, l’amour de la vie et de la nature, et ce chef-d’œuvre, Martin Eden, lu, connu et aimé dans le monde entier. Félicitations à Philippe Jaworski et son collectif de traducteurs.

L’association Reporters sans frontières publie son numéro 53, un album de photos pour la liberté de la presse. Cette fois, Christophe Deloire et ses équipes ont obtenu, de la célèbre agence Magnum, le droit de publier cent photos toutes consacrées au jazz, ses musiciens, les instantanés d’un univers passionnant et unique. Vous y retrouverez Louis Armstrong, Chet Baker, Miles Davis, Ray Charles, le Français Michel Petrucciani, Frank Sinatra, et celui dont parla si bien le grand cinéaste Orson Welles, qui osa dire : «Les vrais génies du XXe siècle ne sont pas des cinéastes, ni des peintres, ni des savants ou des écrivains. Ce sont des musiciens de jazz, comme Duke Ellington.»

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