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En marche ou en désordre

Emmanuel Macron, dont beaucoup redoutaient qu’il ne se retrouve isolé au pouvoir, va-t-il bientôt devoir filtrer les ralliements ?[Patrick KOVARIK / AFP]

La tentation de se rallier au futur chef de l’Etat gagne peu à peu du terrain à droite et à gauche, créant des dissensions fortes au sein des partis.

Ils revendiquent un sens des responsabilités, mais leurs détracteurs parlent d’opportunisme. Quelques jours seulement après le second tour, les ­cadres de droite et de gauche sont nombreux à vouloir rejoindre la majorité ­présidentielle.

Emmanuel Macron, dont beaucoup redoutaient qu’il ne se retrouve isolé au pouvoir, va-t-il bientôt devoir filtrer les ralliements ? Pour celui qui revendique un renouvellement du paysage politique, l’enthousiasme des élus LR et PS pourrait presque devenir embarrassant. La victoire de son mouvement bouscule, en tout cas, les configurations partisanes traditionnelles.

Des renforts de poids

C’est au sein du Parti socialiste que l’effet En Marche ! – qui va devenir «La ­République en marche» pour les législatives – est le plus spectaculaire. L’ancien Premier ministre Manuel Valls lui-même a annoncé hier qu’il se présenterait au scrutin sous cette nouvelle étiquette. Un désaveu cruel pour le PS, condamné par son secrétaire général Jean-Christophe Cambadélis, qui a sommé le député de l’Essonne de quitter le parti s’il se présentait avec un autre mouvement.

Sans aller jusque-là, plusieurs cadres socialistes, comme Jean-Marie Le Guen, ont insisté pour que leur groupe parlementaire s’allie à celui d’Emmanuel Macron, alors qu’une minorité d’entre eux estimait que leur place était dans l’oppo­sition. Ce sont finalement les premiers qui l’ont emporté, à en croire le programme publié hier, très proche de celui du nouveau président. Les positions plus à gauche défendues pendant la campagne par Benoît Hamon ont été ­écartées, à la grande déception de ses partisans, laissant augurer des remous au sein du parti. 

A droite aussi, plusieurs cadres, notamment juppéistes, refusent la posture d’une opposition systématique au président, quand d’autres prônent une ligne dure. Certains, à l’instar de Bruno Le Maire, se sont montrés disponibles pour quitter Les Républicains afin de rejoindre le futur gouvernement. Au point qu’Eric Ciotti a accusé hier ­Emmanuel Macron de vouloir «détruire» le parti. Un phénomène qu’a tenu à ­relativiser François Baroin, évoquant des initiatives «marginales».

Une recomposition compliquée

A un mois du premier tour des légis­latives, le 11 juin, la recomposition du ­paysage politique reste floue. Car si le pouvoir d’attraction d’En Marche ! ­permet d’envisager une majorité forte, rien ne confirme qu’elle fonctionnera en ­pratique, quand les transfuges LR et PS ­devront travailler main dans la main.

En outre, ces deux partis ont enregistré des scores historiquement faibles au premier tour, tandis que le FN et La France insoumise ont engrangé des succès inédits. Or, ces deux mouvements, idéologiquement contraires, sont en opposition frontale avec le projet d’Emmanuel Macron. La majorité est donc loin d’être garantie. 

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