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La semaine de Philippe Labro : la révolution Macron, la tradition «Roland»

La passation des pouvoirs entre le président sortant et son successeur a illustré le début d'une nouvelle ère dans la sphère politique. [YOAN VALAT / POOL / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

LUNDI 15 MAI

La passation des pouvoirs, dimanche, s’est déroulée sans une faute – ni de goût, ni de comportement. Pas de «pipolisation», pas d’excès de langage ou d’attitude, les mots qu’il faut, les gestes qui conviennent. Macron a passé ce test, comme les autres, avec sérieux et charisme.

On peut regretter que les poursuites à moto, les agglutinations de micros et de caméras à la sortie d’un restaurant où le président sortant déjeunait entre amis, ce «suivi» permanent de chaque geste (les chaînes d’info qui attendent devant l’Elysée pour une annonce qui va durer sept secondes, ça devient pathétique) ne finissent par lasser. Il est vrai que nous vivons une période extraordinaire de l’histoire de la Ve République : extraordinaire, qui sort de l’ordinaire, sans précédent. Et il est vrai que nous n’en sommes pas au bout : les premières semaines, les premiers mois, de ce renouvellement générationnel et politique vont encore durablement nous occuper.

Quelques réflexions à propos de cette page blanche qui se remplit si vite :

1. Au fond, la Ve République, au niveau des institutions, aura connu trois moments clés, trois temps forts. Il y aura eu 1958, avec, grâce au général de Gaulle, la création de la Constitution, la fondation des colonnes du pouvoir, l’acte de naissance. Ensuite, 1981, avec, grâce à François Mitterrand, l’événement de l’alternance, tout à fait intégrée dans l’acte de naissance, et qui se passe sans heurts. Enfin, 2017, avec, grâce à Emmanuel Macron, la recomposition du système politique, mais à l’intérieur des institutions, dans le respect de la Constitution. Il n’y a pas de VIe République en vue. Les institutions sont un «couteau suisse» (dixit Alain Minc). Elles peuvent s’adapter.

2. Les gens, l’opinion publique, encore plus que les médias, acceptent ce rebondissement inédit, ce «chamboule tout» (c’est le nouveau cliché ; après «l’alignement des planètes», voici le grand chamboulement !), et ils le suivent avec calme.

3. L’homme qui a eu l’intuition, qui a perçu un phénomène invisible à d’autres – celui du «monde nouveau» qui bouscule un «monde ancien», l’hom­me qui a vu plus loin, plus tôt que tous les autres (personne n’y croyait), c’est Emmanuel Macron, à qui on doit accorder un don pour la prévision, une faculté à comprendre qu’un système s’écroule, que les «professionnels de la profession», comme disait Godard à propos du cinéma, vont disparaître. Sans doute l’a-t-il vécu de l’intérieur, à l’Elysée, au côté de François Hollande, dont l’immobilisme et l’indécision l’ont exaspéré. Aussi bien, que l’on ne vienne pas nous dire que Macron est le «fils spirituel» de Hollande. Il en est l’absolu contraire.

4. Les Français vont beaucoup aimer Brigitte Macron

JEUDI 18 MAI

Les éternels rendez-vous de mai vont-ils nous distraire un peu de cet envahissement politique ? On s’attend à un 70e Festival de Cannes éblouissant. Quant à Roland-Garros, nous allons regretter l’absence de Federer, qui ouvre un boulevard à Nadal – mais il n’y a pas plus sage que Federer. Le meilleur tennisman du monde n’a qu’un désir : gagner à nouveau Wimbledon – sur herbe. Ce serait la huitième fois ! Dans ce cas, il vaut mieux anticiper, choisir – qualités inhérentes aux grands champions. Il n’empêche : «Roland», comme on dit («Tu vas à Roland ?»), demeure le rendez-vous que l’on aime. Il pleuvra peut-être un peu, comme d’habitude. Il y aura peut-être une ou deux surprises, comme d’habitude. Mais, à la fin, c’est Nadal qui gagnera. Comme d’habitude ?

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