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La semaine de Philippe Labro : les pleins pouvoirs, la puissance absolue

«Macron le sait, cette nouvelle situation parlementaire ne reflète pas la réalité politique du pays.»[AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

LUNDI 12 JUIN

«Estomaquant», «renversant», «époustouflant», «écrasant», «un tsunami», «du jamais vu», «historique»… Les épithètes ne manquent pas en ce lundi matin – et on les trouve autant dans les pages politiques que dans les pages sportives. En politique, ce sont, bien évidemment, les résultats du premier tour des législatives qui justifient cette avalanche d’adjectifs et de métaphores.

«On s’y attendait», disent, résignés ou bienheureux, les acteurs de ce renversement du paysage, mais il y a toujours une énorme différence entre les prévisions et la force de la réalité, l’événement. Lorsqu’on est face au «camembert» de la future Assemblée nationale, tel qu’il est apparu, la veille à 20h, sur toutes les chaînes de télévision, le choc du réel efface tout. L’ensemble des médias et du monde politique a, immédiatement, avec une sorte de plaisir à peine dissimulé, énuméré tous les dangers qui guettent Macron avec une majorité absolue – trop absolue.

Soudain, le mot «novice» est arrivé sur toutes les lèvres. «Les nouveaux députés sont des novices, ça va être ingérable, il n’y aura pas d’opposition parlementaire, ça se passera dans la rue» – telle était la litanie des «experts», cette armée sans chef et aux cinquante visages (toujours les mêmes) qui s’évertuent, dès le premier résultat affiché, à démontrer que «trop, c’est trop». Peut-être, et peut-être pas. J’écoute un vieux «pro» du «village médiatico-politique», une sorte de météorologue :

– D’abord, n’oublions pas qu’il y a un deuxième tour et que l’on assistera à un petit effet de correction, dimanche prochain. Ensuite, et Macron le sait, cette nouvelle situation parlementaire ne reflète pas la réalité politique du pays. Enfin, le seul avantage de ce résultat, pour Macron, c’est qu’il ne «dépend» plus de François Bayrou. Il peut se passer de «lui». Mon interlocuteur (c’est ce lundi qu’il me parle) avait-il anticipé ce qui, depuis, va occuper la semaine : Bayrou, précisément – et les problèmes qu’il pose ? Rien ne se passe jamais tout à fait comme prévu.

En revanche, en tennis, à Roland-Garros, ça s’est passé exactement comme prévu. Nadal a «estomaqué» son adversaire, Wawrinka, dont le masque résigné et triste faisait peine à voir. Le «Taureau de Manacor», dix fois vainqueur. Pourquoi ? Parce que, comme on disait dans les cours d’école, «c’est lui le plus fort».

Le Majorquin illustre la signification de ce mot simple, venu du latin «fortis» ou «fortia». La force, c’est la vigueur physique. La résistance d’un matériau. L’énergie morale. Le degré d’intensité d’un sentiment. Le degré de puissance physique. L’emploi de moyens violents pour contraindre une (ou plusieurs) personnes. La capacité d’exercer une autorité. J’ai lu tout cela dans le dictionnaire, car j’aime y avoir recours lorsqu’un cliché se propage. Rappelez-vous Star Wars et cette phrase : «Que la force soit avec vous.» Elle était avec Nadal, 31 ans, tête de gamin lorsqu’il écoute l’hymne espagnol, tête de tueur lorsqu’il frappe son coup droit. Il possède toutes les vertus que je viens de citer.

Le dictionnaire, chers parents et chers élèves, c’est une lecture essentielle. J’ai beaucoup aimé la déclaration du nouveau ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer : «Lire, c’est important. C’est l’une des choses les plus importantes dans la vie.» Très bien, Monsieur le ministre, très bien.

 

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