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Le nouveau visage de l'Assemblée à la loupe

L'Assemblée nationale rajeunit, se féminise, comprend plus de députés issus de la société civile et novices en politique. L'Assemblée nationale rajeunit, se féminise, comprend plus de députés issus de la société civile et novices en politique. [MARTIN BUREAU / AFP]

Un coup de balai dans l’hémicycle. Sous l’impulsion d’un président de la République qui a conquis le pouvoir en à peine un an, l’Assemblée nationale a profondément changé de visage à l’issue du second tour des législatives.

Un bouleversement causé d’abord par l’arrivée en masse d’élus de La République en marche qui, selon les résultats définitifs, a obtenu avec son allié du MoDem un total de 350 sièges, très largement au-delà de la majorité absolue de 289 élus. Faisant par la même occasion voler en éclats les partis d’opposition qui, de leur côté, ont vu leurs cadres désavoués et réduits à peau de chagrin.

Autre facteur de ce ravalement de façade : l’application de la loi sur le non-cumul, qui a conduit plus de deux cents députés sortants à ne pas briguer un autre mandat. Résultat, le pari d’Emmanuel Macron est réussi, avec des bancs de l’Assemblée recomposés aux trois-quarts.

La place à la jeunesse

Robin Reda chez LR, Typhanie Degois cher LREM… Fait marquant de cette quinzième législature, l’Assemblée nationale rajeunit avec l’arrivée de députés dans la fleur de l’âge et le départ, forcé ou non, d’élus de l’ancienne génération. Le Palais-Bourbon perd ainsi plus de cinq ans de moyenne d’âge, passant de 54 ans en 2012 à 48 ans et 8 mois cette année. Preuve en est : le nombre de retraités a fondu de plus de moitié, de 106 à 41 élus.

Les députés les plus jeunes sont ceux de La France insoumise (43 ans et 4 mois), de La République en marche (45,5 ans), du Front national (48 ans et 8 mois), ainsi que les élus Les Républicains (52 ans). Restent néanmoins à la traîne les socialistes (54 ans), les communistes (54,5 ans) ou encore l’UDI (56,5 ans).

Vainqueur dans le nord de la France d’un duel contre une candidate pro-Macron, le député FN Ludovic Pajot devient, à 23 ans, le benjamin de l’Assemblée. La palme était auparavant détenue par Marion Maréchal-Le Pen, également élue frontiste, qui avait fait son entrée dans l’hémicycle à l’âge de 22 ans – un record dans la Ve République.

Promesse d’Emmanuel Macron durant sa campagne, cette seconde jeunesse du pouvoir législatif pourrait faire gagner en représentativité, avec des parlementaires à l’image des citoyens, plus dynamiques, plus connectés et ainsi plus à même de répondre à leurs attentes.

Cela dit, le jeune âge de certains députés implique, de fait, un manque d’expérience, non seulement vis-à-vis de la vie active dans sa globalité, mais également concernant le fonctionnement des institutions législatives. Un facteur de vulnérabilité qui pourrait les desservir face à des élus de longue date, plus chevronnés, davantage rôdés au jeu politique et à ses stratégies.

Tout un pan de la société civile

Élus, mais pas seulement. C’était l’une des attentes des électeurs après l'investiture d'Emmanuel Macron : donner plus de place à la société civile par rapport aux effectifs de l’Assemblée de 2012. C’est chose faite, avec le bond du nombre de cadres (de 134 à 180), de professions libérales (de 74 à 103) et d’enseignants (de 47 à 61).

De même, les chefs d’entreprise (comme l’expert en robotique Bruno Bonnell), employés et agriculteurs occupent plus de sièges qu’avant (75 contre 36). Un ouvrier et une étudiante, catégories non représentées en 2012, entrent également au Palais-Bourbon.

Or, nombre de nouveaux députés ont une bonne situation professionnelle. Un gage d’autonomie vis-à-vis de la carrière politique qui risque d’altérer la discipline de parti et de susciter plus de débats internes.

Une Assemblée plus paritaire

Une chambre au féminin. Le record du nombre de femmes à l’Assemblée – 155 en 2012 – est largement battue avec 223 élues, soit près de 40 % de la nouvelle législature. Sans surprise, LREM compte la part la plus importante de députées dans ses rangs (47 %), devant le MoDem (46 %), la France insoumise (41 %) et le Parti socialiste (38 %). Moins bons élèves, les autres partis comptent, tout au plus, entre 17 % (UDI) et 25 % d’élues (FN).

La féministe «insoumise» Clémentine Autain, soutien de Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne présidentielle, fait ainsi sa première entrée dans l’hémicycle.

Une féminisation qui devrait redorer le blason de la France, jusqu’ici classée au 64e rang mondial de la parité parlementaire, loin derrière la Belgique (19e) ou l’Allemagne (22e), selon le dernier palmarès publié par l’Union interparlementaire (UIP).

Des élus novices

Un saut dans l’inconnu. Au total, 424 des 577 députés siègent pour la première fois à l’Assemblée. C’est le cas de tous les élus de La France Insoumise, de la quasi-totalité des «marcheurs» (91 %) et de nombreux LR (40 %).

Mieux : 237 députés, dont 190 étiquetés LREM, n’ont jamais exercé de mandat jusqu’ici, même local. A l’instar de Béatrice Piron, ingénieure de 52 ans, élue dans la 3e circonscription des Yvelines. Une vague d’amateurs en politique qui promet de la fraîcheur mais pourrait aussi aboutir à quelques couacs.

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