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Maëlys reste introuvable, le suspect nie toujours

Depuis la disparition de la fillette, la région a été passée au peigne fin et les recherches n'ont pas cessé. [JEFF PACHOUD / AFP]

Deux semaines après la disparition mystérieuse de Maëlys lors d'un mariage en Isère, la défense de l'ex-militaire suspecté de l'avoir enlevée ne convainc pas les enquêteurs mais la fillette de 9 ans demeure introuvable.

S'il reconnaît avoir été en contact avec l'enfant après son arrivée tardive à la noce fêtée le 26 août à Pont-de-Beauvoisin, une petite ville de 3.500 habitants, cet homme de 34 ans nie avoir été «acteur ou complice» de sa disparition.

L'étau s'est resserré depuis la découverte dans sa voiture d'une trace d'ADN appartenant à Maëlys, mêlé au sien, qui a conduit à le mettre en examen et à l'incarcérer dimanche dernier. Cet élément est venu s'ajouter à plusieurs éléments qui avaient conduit à l'interpeller. Mais pour chacun d'eux, le suspect a une explication, relayée par son avocat. Une défense qui n'a fait que renforcer les soupçons des gendarmes.

D'après l'ancien maître-chien engagé dans l'armée, la fillette serait montée lors de la soirée sur la banquette arrière de son Audi A3, en compagnie d'un petit garçon blond, tandis qu'il fumait une cigarette. Les deux enfants auraient voulu voir si ses chiens, dont il leur aurait parlé auparavant, étaient dans le coffre, avant de ressortir et de retourner dans la salle des fêtes.

De quoi justifier la trace ADN ? Les investigations, depuis, n'ont pas permis de confirmer cette version parmi les enfants présents au mariage pouvant correspondre au petit garçon, selon une source proche du dossier.

Des analyses déterminantes

«Mon client a déclaré qu'il y avait un enfant avec la petite fille quand ils sont montés dans sa voiture. Je crois avoir vu qu'il y avait au mariage un petit enfant blond. Quand on dit qu'il n'existe pas, moi, je ne suis pas convaincu», a déclaré samedi à l'AFP Me Bernard Méraud, avocat du suspect. «Il a eu l'occasion d'être en contact avec Maëlys mais comme des dizaines de personnes. On peut aussi être dans un cas de transfert d'ADN», a-t-il ajouté.

Les gendarmes s'interrogent aussi sur l'aller-retour d'une heure effectué par le suspect, la nuit de la disparition, jusqu'au domicile de ses parents, où il vit, pour changer son short tâché de vin rouge - tellement qu'il l'aurait jeté à la poubelle, selon ses dires.

Lors d'une journée de perquisition dans cette maison de Domessin en Savoie, voisine de Pont-de-Beauvoisin, les enquêteurs n'ont pas retrouvé le vêtement. Ils ont cependant effectué de nombreux prélèvements en cours d'analyse. Les résultats s'annoncent déterminants pour la suite de l'affaire.

Les expertises portent notamment sur le matériel utilisé par le mis en cause pour nettoyer sa voiture, de près, dans les heures qui ont suivi la disparition, au motif qu'elle devait être vendue à un acquéreur - identifié. Face à cet autre fait troublant, les investigations s'intéressent à l'emploi du temps du suspect durant les jours qui ont précédé son arrestation, le 31 août.

Des affaires «complexes»

D'autres zones d'ombre viennent fragiliser sa position. Comme ses griffures sur un bras et un genou, survenues selon ses dires en taillant des framboisiers quelques jours avant le mariage, alors qu'il n'aurait pas l'habitude de jardiner. Ces griffures ne peuvent en tout cas avoir été «causées par un ongle», soutient l'avocat.

Enfin, pourquoi avoir fait des mystères sur ses deux téléphones portables, dont un aurait «dysfonctionné» cette nuit-là ?

Reste qu'en l'absence de corps et de scène de crime, les affaires de disparition sont «les plus complexes à traiter», comme l'a souligné à l'AFP un haut responsable policier au début de l'affaire. Depuis deux semaines, la région a été passée au peigne fin et les recherches n'ont pas cessé.

L'inspection du Lac d'Aiguebelette, proche du domicile familial et où une seule zone - celle où la famille possède un bateau - a été sondée, doit s'approfondir ce dimanche, et les fouilles des gorges de Chailles se poursuivre lundi.

Les parents sortent du silence

Dans un entretien accordé au Dauphiné Libéré, Fabien Rajon, conseil des parents de la petite fille, a évoqué le «supplice» enduré par sa famille depuis deux semaines et livré leur version des faits. 

Selon l'avocat, la mère de la fillette affirme que «dès qu'elle s'est rendue compte que Maëlys avait disparu, elle a immédiatement cherché sa fille bien-sûr, mais aussi un homme dont le comportement pendant la soirée lui avait semblé étrange», a-t-il confié.

Une intuition motivée semble-t-il par la proximité de l'ex-militaire avec sa fille au cours de la soirée. Un peu plus tôt au cours de la soirée, l'enfant lui avait décrit cet homme comme son «copain» et l'avait présenté à un autre invité du mariage comme son «tonton». 

«Cet homme aurait discuté avec la petite Maëlys, montrant à la fillette et à sa mère des photos de ses chiens sur son téléphone. La maman est ensuite partie, laissant la conversation entre Maëlys et cet invité se poursuivre quelques minutes», détaille Me Rajon. 

Selon la mère de la jeune fille, également passionnée par les chiens, l'ex-militaire n'avait ensuite pas semblé «spécialement concerné» par les recherches entamées cette nuit-là par l'ensembles des convives, «ni vraiment inquiet» de sa disparition, lorsqu'il a été aperçu dehors, à proximité de la salle des fêtes. «À la différence d'autres affaires de disparition d'enfants, les enquêteurs semblent tenir une personne qui a visiblement des choses à dire», poursuit l'avocat. 

«Les parents se disent logiquement que cet homme détient les clés de l'affaire. Et dans la mesure où le temps presse, car il en va du devenir d'un enfant, ils invitent forcément le mis en examen à révéler enfin la vérité et en finir de l'attente insupportable qui leur est imposée», a-t-il conclu.

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