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La semaine de Philippe Labro : Pleins feux sur Melville, lumières sur la ville

L'exposition au Grand Palais (Paris) regroupant des œuvres du photographe américain Irving Penn se tient jusqu’au 29 janvier prochain.

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

LUNDI 16 OCTOBRE

Deux expos m’ont particulièrement passionné cette semaine. David Hockney, le peintre anglais de 80 ans, que le public croit connaître pour ses tableaux de piscines californiennes, alors qu’il est, évidemment, plus que cela : un fabuleux inventeur, un créateur, qui a passé sa vie à peindre, dessiner, photographier les gens et les paysages avec un talent inouï.

L’exposition la plus complète consacrée à son œuvre, au Centre Pompidou, à Paris, attire un nombre record de visiteurs. La rétrospective, démarrée en juin, s’achèvera lundi prochain. Dépêchez-vous ! La faculté de cet homme à utiliser les objets et accessoires de la modernité est confondante. Il aura tout essayé : tablette graphique, Polaroid, iPhone…

Ainsi d’une étonnante installation vidéo, intitulée Four Seasons, où grâce à dix-huit caméras fixées sur une voiture qui ont filmé les saisons durant plus d’un an, vous avancez dans les images blanches de l’hiver ou rouges de l’automne. Rien d’abstrait. Tout est universellement accessible.

Une autre expo, toujours à Paris, au Grand Palais, celle des œuvres du photographe américain Irving Penn, jusqu’au 29 janvier prochain. Plus de 235 tirages, des photographies qui vont des plus célèbres (ses portraits de Picasso, d’Hitchcock, de modèles haute couture des années 1950) à des thèmes plus surprenants (une série sur les mégots de cigarettes, une autre sur les petits métiers). Comme tous les artistes de l’image, Penn écrivait très bien. J’ai noté cette phrase : «La lumière de Paris, la lumière des peintres. Elle semble tomber comme une caresse.»

VENDREDI 20 OCTOBRE 

Eh bien ! précisément, c’est de lumière qu’il va s’agir en ce jour où l’on célèbre le centenaire de la naissance du grand cinéaste français Jean-Pierre Melville. Celui qui influença toute la nouvelle vague avec quatorze films, dont plusieurs chefs-d’œuvre. Un cinéma, un style, un ton, un sens de la lumière (bleu sombre, comme dans le cinéma américain qu’il adorait, mais qu’il a surpassé), une façon de prolonger le temps et les silences, un univers de solitude et de confrontations entre les forces du bien (les flics ou la Résistance) et du mal (les gangsters ou les nazis).

Sans oublier l’adaptation fidèle et inventive de quelques grands livres (Le silence de la mer, Les enfants terribles, Léon Morin, prêtre, L’armée des ombres). Tout cela a fait que, bien longtemps après sa disparition prématurée (il n’avait que 56 ans), Melville n’a pas pris une ride. Il fait l’objet, en France et dans le monde entier, d’un culte dont peu de cinéastes jouissent. C’est tout à l’honneur de Studio Canal de sortir, à l’occasion de ce centenaire, un formidable coffret de onze films, plus un court-métrage.

Disponible en DVD et en Blu-ray, avec, dans ce bel objet jaune et noir (les couleurs de la Série noire), un livret de 76 pages (con­densé d’un brillant texte d’Antoine de Baecque) et sept heures de bonus. Melville a donné au polar ses lettres de noblesse, en mariant sobriété, efficacité, science du casting, justesse des choix musicaux, sens de la tragédie et de l’implacable mécanisme du destin qui vous tient jusqu’à la dernière bobine. J’ai du mal à choisir, parmi mes favoris, entre Le cercle rouge et L’armée des ombres. En vérité, j’aime toute cette œuvre, comme j’ai eu la chance de connaître et d’aimer son créateur, un véritable génie.

 

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